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L'appréciation du franc menacerait la stabilité des prix, avec de graves répercussions pour l'économie nationale, a affirmé jeudi la banque centrale dans son communiqué.
La Banque nationale suisse réitère sa détermination à défendre le taux plancher de 1,20 franc pour un euro. Elle achètera si nécessaire des devises en quantité illimitée .
La BNS a acheté l'an dernier pour 18,8 milliards de francs de devises étrangères pour défendre ce taux, avait indiqué voici une semaine le président du directoire Thomas Jordan, lors de la présentation du bilan. En 2011, ce montant était de 17,8 milliards.
A plusieurs reprises, l'institut d'émission s'est en outre défendu d'être un acteur de la «guerre des monnaies». En février, Thomas Jordan soulignait dans un discours à Zurich que le recours au taux plancher était largement admis tant en Suisse qu'à l'étranger.
L'institut d'émission a certes salué l'affaiblissement depuis le début de l'année du franc face à l'euro et juge la devise helvétique surévaluée. Jeudi vers la mi-journée, la monnaie unique européenne notait 1,2341 franc sur le marché des changes.
Tensions dans la zone euro
Jeudi, la banque centrale a aussi annoncé qu'elle garde inchangé son principal taux directeur, le Libor, dans une marge de fluctuation comprise entre 0,0% et 0,25%. Selon la formule consacrée, elle se dit «disposée à prendre en tout temps des mesures supplémentaires».
Car l'économie suisse n'est pas à l'abri d'une détérioration et les tensions pourraient s'aggraver dans la zone euro, a souligné Thomas Jordan à la radio alémanique. Les incertitudes liées aux politiques budgétaires de nombreux états pèsent sur le climat de consommation et d'investissement, mettant la croissance à mal.
Dans ce contexte, la prévision de progression du produit intérieur brut (PIB) est conservée entre 1% et 1,5% pour 2013, comme publié en décembre. En dépit d'une détente sur les marchés financiers globaux, la conjoncture restait morose au dernier trimestre 2012 et l'économie a ralenti en Suisse également.
Inflation abaissée
Au regard de décembre, la BNS abaisse ses pronostics concernant le renchérissement et exclut le risque d'inflation dans un avenir proche. Elle table désormais sur une inflation de -0,2% cette année, contre -0,1% voici trois mois, et de 0,2% pour 2014, après 0,4%. Pour 2015, le taux devrait se situer à 0,7%.
Les prix à l'importation ont continué de fléchir et l'inflation a été plus faible que prévu au dernier trimestre 2012, analyse la banque centrale. Dans l'hypothèse où le Libor à trois mois est maintenu à 0% pendant les trois prochaines années, le franc faiblira au cours de la période de prévision.
Pour rappel, la Suisse a connu en 2012 une inflation négative de -0,7%, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS). Cette évolution s'explique par le recul des prix des biens importés, consécutif à la vigueur du franc. En 2009, un taux négatif était observé pour la première fois depuis 50 ans.
Volant anticyclique
Le 13 février dernier, le Conseil fédéral a activé partiellement le volant anticyclique de fonds propres sur proposition de la BNS, inquiète des tensions sur le marché immobilier. Dès septembre, les banques devront ainsi renforcer leur couverture des prêts hypothécaires servant à financer l'immobilier résidentiel.
La mesure renforce la capacité de résistance des banques et contre les dangereux déséquilibres sur les marchés hypothécaire et immobilier, soutient la BNS. Elle dit continuer à observer attentivement l'évolution de ces marchés en Suisse.
Banquiers, propriétaires et locataires se montrent peu enthousiastes pour le volant. Pour sa part, l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), chargée de son application, a estimé la mesure trop précoce.
(ats/Newsnet)
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