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La marque de moyen de gamme de Swatch Group a réalisé plus de 1 milliard de francs de ventes l’an dernier. Cap sur les 4 millions de pièces cette année
Tissot a franchi un jalon d’importance l’an dernier. La société locloise appartenant à Swatch Group a dépassé pour la première fois la barre du milliard de francs de chiffre d’affaires, rejoignant Longines et Omega parmi les marques milliardaires en mains du numéro un mondial de l’horlogerie.
«Ce n’est qu’une étape. Nous en avons encore bien d’autres à franchir ces prochaines années. Nous démontrons, ce qui me réjouit particulièrement, que notre modèle de positionnement d’entrée et de milieu de gamme est tout à fait vital pour la Suisse et est un succès», se réjouit François Thiébaud, président de la marque depuis 17 ans. Sur cette période, et à la seule exception de 2009, la marque a toujours affiché une croissance annuelle à deux chiffres. En 1996, lorsque François Thiébaud accède à la présidence, les volumes atteignaient 840 000 pièces. L’an dernier, ils se sont élevés à 3,7 millions. Ils ont même largement dépassé les 4 millions en prenant en compte la production des marques Mido et Certina, également supervisées par François Thiébaud.
«En volume, Tissot a représenté plus de 10% de l’ensemble des exportations horlogères en 2012, établies à 29,1 millions de montres», calcule le patron. Et ce n’est pas tout. «L’horlogerie helvétique représente pour l’heure seulement 3% de la production mondiale annuelle en volume. Nous pouvons espérer atteindre les 10% dans dix à quinze ans. La branche en a les moyens», anticipe François Thiébaud. Ce qui signifierait un triplement des pièces produites, à quelque 100 millions de montres annuellement. Tissot, qui célèbre cette année ses 160 ans, entend bien s’arroger une part importante de ce gâteau.
A plus court terme, la marque, ne cessant de multiplier le sponsoring dans les événements sportifs (Championnat du monde de MotoGP, Superbike, Championnats du monde de hockey sur glace, partenariat avec l’Union cycliste internationale, avec la Fédération internationale d’escrime ou encore avec la Fédération internationale de basket, etc.), a déjà mis le cap sur les 2 milliards de francs de ventes. «On devrait y parvenir d’ici cinq ans environ au vu des taux de croissance que nous affichons», projette le président.
Reste à résoudre la logistique. Au Locle, le gigantesque stock de pièces, entièrement informatisé et inauguré il y a deux ans à peine, devra probablement être agrandi sous peu, pour faire face à la demande. La saturation n’est plus uniquement théorique. A tel point que certains composants sont déjà stockés extra-muros, soit dans la halle de l’ancien Energizer à La Chaux-de-Fonds, des locaux repris par Swatch Group en 2011.
«Chez Tissot, nous recherchons la croissance par les volumes et non par les prix. Or, plus il y a de volume, plus on peut abaisser nos tarifs. Et comme le pouvoir d’achat dans le monde a tendance à augmenter, le nombre de nos clients potentiels ne peut que croître. En fait, il n’y a presque pas de limite à la croissance. C’est cela la grande force de notre marque.»
Alors que le nombre de points de vente au niveau mondial est passé de 16 000 à 14 000 en trois ans (répartis dans 160 pays), Tissot présentera la semaine prochaine plus de 150 nouveautés à Baselworld (25 avril au 2 mai), le plus grand salon mondial du secteur. L’une des principales illustre la force de frappe de Swatch Group. Il s’agit du mouvement automatique Powermatic 80, doté d’une réserve de marche de 80 heures comme son nom l’indique, une évolution du calibre 2824 produit par ETA. Il vient équiper des modèles à moins de 1000 francs, alors que ce type de motorisation est d’habitude réservé à des montres bien plus chères.
«Cela démontre que l’on peut vraiment innover, tout en restant accessibles au niveau des prix», d’après le Franc-Comtois. La démarche est également inter-groupe. Ce modèle pourrait à terme trouver place dans certaines pièces de Mido et Certina.
Le président s’attend pour cette année à un nouvel exercice record. «L’année a très bien débuté, avec une croissance à deux chiffres. L’objectif est de franchir le cap des 4 millions de pièces.»
Bastien Buss
LE TEMPS
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