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A quelques jours de l'ouverture du salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie BaselWorld, l'horlogerie suisse est sous le feu des projecteurs. Entre potentiel économique, négociations salariales et affirmation du Swiss made, les enjeux sont cruciaux.
Jeudi prochain va s'ouvrir à Bâle l'édition 2013 de BaselWorld. Ce millésime du salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie marque l'entrée dans la nouvelle Messe de Bâle. Mais au-delà de ce déménagement immobile, l'horlogerie suisse focalise l'attention.
En début de semaine, l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise a publié une étude intitulée «De l’or dans la montagne !», qui met en lumière la réussite de l'industrie horlogère en Suisse, et particulièrement en Romandie.
L'ouest de la Suisse tire particulièrement son épingle du jeu: la branche se concentre sur quatre cantons romands (Genève, Jura, Neuchâtel et Vaud), et deux alémaniques (Berne et Soleure). Et entre 1997 et 2012, la croissance annuelle de 4,5 % (contre 2 % pour le PIB suisse) a davantage profité à cet arc jurassien élargi. Avec des pointes à 5,7% dans les quatre cantons romands.
Le poids des cantons romands
Alors que la branche traversait une grave crise dans les années 1970, elle a su remonter la pente depuis. A tel point que les cantons concernés contribuent pour 70% à la valeur ajoutée de cette branche en Suisse et réunissent à eux seuls près de 40% de la valeur de toutes les exportations horlogères dans le monde.
«En quatre décennies, les exportations de montres suisses ont été multipliées par huit, pour s’inscrire en 2012 à 21,4 milliards, un niveau record», analyse Jean-Pascal Baechler, auteur de l'étude. Une croissance concentrée sur les segments haut-de-gamme: en 2011, la valeur à l’exportation d’une montre suisse se montait à 688 dollars, contre 15 dollars pour une montre exportée de Hong-Kong et 2 dollars pour un produit venant de Chine.
Revendications salariales
Cette croissance, concentrée sur une main d'oeuvre restreinte (1,3% de la population active) s'est traduite par une reprise des embauches. Depuis la fin des années 1980, le nombre de salariés couverts par la convention collective de travail de la branche est passé de 29 800 à 52 800, soit une hausse de 77 % (2,4 % annuellement).
En fin de semaine, ce sont justement les employés du secteur qui ont réclamé leur part du gâteau. Dans le cadre des négociations salariales, le syndicat Unia demande une hausse de 100 francs des salaires minimaux d'embauche, ceci afin de combattre la sous-enchère salariale.
La crainte du dumping social
Alors que Swatch investit dans de nouveaux sites de production à Boncourt (JU) et devrait recruter dans les années à venir, la crainte syndicale est d'assister à un dumping social basé sur la main-d'oeuvre frontalière.
Responsable de la branche horlogerie d'Unia, Pierluigi Fedele dénonce un paradoxe entre les résultats des principaux groupes horlogers et les salaires minimaux d'embauche. Ces tensions dans les négociations n'ont toutefois pas débouché sur une interruption des échanges.
Un label à renforcer
Unia pointe du doigt la volonté de renforcer la labellisation Swiss made, alors que la part de main-d'oeuvre étrangère ne cesse de se renforcer.
Or, ce label Swiss made constitue l'un des enjeux majeurs pour la branche. Les conditions d'obtention du label, que certains considèrent trop laxistes figurent au coeur du projet «Swissness» de la Confédération. Avec le large soutien des manufactures horlogères, concurrencées par des sociétés étrangères qui viennent effectuer en Suisse le minimum d'opérations pour estampiller leurs produits Swiss made.
La force de ce label à l'exportation reste l'un des atouts principaux des fabricants suisses. D'où un lobbying important de ces derniers auprès des élus fédéraux, qui ne devrait pas baisser d'intensité pendant BaselWorld, où tous les acteurs du secteur seront réunis.
(Newsnet)
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