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La filiale horlogère du groupe français a engagé 25 personnes l’an dernier. 140 collaborateurs supplémentaires ont aussi été intégrés via deux acquisitions
D’abord les chiffres et la conjoncture. La Montre Hermès a affiché un recul de ses ventes de 5% au premier trimestre. Toutefois, «il n’y a pas lieu de s’inquiéter. On s’attendait à un ralentissement. Il est en ligne avec nos projections», explique Luc Perramond, patron de la filiale horlogère du groupe de luxe français. «Ces chiffres s’expliquent par une base de comparaison élevée, de 27% au premier trimestre de l’an dernier, et par le ralentissement en Chine. Environ 85% de ce fléchissement est à mettre sur le compte de la situation politique chinoise et du déstockage opéré par les détaillants multimarques», ajoute-t-il, dans le cadre de Baselworld.
Ce serait donc une petite parenthèse. «Je suis serein. Le deuxième semestre de l’année devrait être meilleur, notamment grâce à une base de comparaison plus aisée. Les autres régions du monde se portent bien, avec une belle performance par exemple du Japon», d’après Luc Perramond, patron de cette filiale fondée en 1976 par Jean-Louis Dumas – un descendant du fondateur d’Hermès.
La Montre Hermès, qui a pris la semaine dernière le contrôle du fabricant de boîtiers de montres haut de gamme Joseph Erard, en augmentant sa part au capital, rappelle qu’elle a connu trois ans consécutifs de très forte croissance, à deux chiffres. La société, basée à Brügg (BE) et établie en Suisse depuis 1978, avait affiché une progression de 17,5% à taux constants l’an dernier. Luc Perramond exemplifie cette évolution, rapportée à celle de l’ensemble du secteur: «Si nous prenons 2008 comme exercice de référence, donc comme base 100, soit avant la fameuse crise de 2009, l’horlogerie suisse se trouve à fin 2012 à 126. L’horlogerie Hermès à 154.» Selon lui, il n’y aura pas au niveau mondial un effondrement de la demande comme en 2009.
Dans ce contexte, quelles prévisions pour l’ensemble de 2013? «Pour l’année en cours, nous visons une croissance positive. Nous nous y attelons. Il faudra toutefois voir comment et quand la situation se stabilise en Chine.»
A côté de Joseph Erard, La Montre Hermès a aussi acquis il y a une année l’entier du capital du fabricant de cadrans chaux-de-fonnier Natéber. En 2006, elle s’était déjà emparée de 25% de Vaucher Manufacture, producteur de mouvements mécaniques à Fleurier (NE). Ces rachats destinés à mieux maîtriser les savoir-faire horlogers et sécuriser l’approvisionnement des composants vont-ils se poursuivre? «La Montre Hermès est allée très vite dans son intégration verticale. Nous disposons désormais en propre des composants les plus stratégiques. Nous avons maintenant besoin de digérer et de consolider notre outil. Il nous permet d’avoir un gros pourcentage de valeur ajoutée et de prix de revient internalisé», se réjouit Luc Perramond, un ancien de TAG Heuer ou du joaillier brésilien H.Stern.
Dans la foulée, la société a accru ses effectifs d’environ 25 collaborateurs l’an dernier à Brügg, où elle occupe désormais 125 personnes. Auxquelles il faut ajouter 50 employés dans ses filiales de distribution, ainsi que 140 personnes au total chez Joseph Erard et Natéber. A Brügg, la société dispose aussi d’un atelier cuir dans ses murs. Une entité qui lui permet d’être la seule marque horlogère à créer et à produire des bracelets de ce type.
L’expansion de l’entreprise ne fait que commencer, selon le directeur général. «Nous disposons encore de beaucoup de leviers de croissance géographique, notamment en Russie, en Asie centrale, en Amérique du Sud et en Inde. Mais nous souhaitons construire et développer notre réseau de manière qualitative et ne sommes pas pris par le temps.» Au niveau de la distribution, la marque va poursuivre sa stratégie duale. Avec d’un côté une présence dans les quelque 330 boutiques Hermès. De l’autre, une collaboration qui se poursuivra avec les détaillants, avec pour l’heure 600 points de vente.
Bastien Buss
LE TEMPS |