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La Suisse et la Chine ont signé samedi à Pékin un accord de libre-échange entre les deux pays. Les premières réactions sont plutôt positives.
L’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine signé, reste à se plonger dans le document de plus mille pages pour en dégager les opportunités et les menaces qu’il représente. Pour l’heure, les premières réactions sont plutôt positives.
Johann Schneider-Ammann a qualifié l’événement d’«historique» samedi à Pékin aux côtés du ministre chinois du commerce Gao Hucheng. «C’est un pari sur l’avenir» des relations Suisse-Chine, mais «il faudra vraisemblablement une année pour ratifier le texte». Le Parlement doit préalablement se prononcer.
Le ministre de l’économie était accompagné de 29 responsables et chefs d’entreprise. Cette délégation signifiait ainsi l’importance du traité, aux yeux des milieux économiques en Suisse.
Si la Suisse n’est pas un poids lourd démographique à côté de la Chine, elle est un grand pays sur le plan économique«, a souligné Gao Hucheng. »Renforcer les échanges avec la Suisse, c’est aussi intensifier notre collaboration avec l’Europe.« Un accord de libre-échange entre l’empire du Milieu et l’Union européenne est en discussion depuis longue date. Aucune négociation officielle n’a cependant commencé.
Essai pour la Chine
Dans ce cadre, l’accord avec la Suisse constitue un essai pour la Chine, note Reto Föllmi, professeur de relations économiques internationales à l’Université de Saint-Gall. De manière générale, l’économiste juge positif le traité sino-suisse.
Economiesuisse salue, pour sa part, »un pas décisif vers une amélioration de l’accès au marché chinois, troisième marché d’exportation de la Suisse«. L’organisation faîtière des entreprises se réjouit »des réductions substantielles des droits de douane perçus sur les exportations suisses destinées à la Chine«, mais souhaite des améliorations en la matière.
Les exportateurs industriels helvétiques devront, en effet, faire preuve de patience. Les douanes chinoises réduiront les taxes à l’importation par étapes, échelonnées sur cinq à huit ans, voire quinze ans.
Les secteurs concernés sont l’horlogerie, les machines et la pharma. Les droits de douane sur les principaux produits chinois encore taxés en Suisse, soit principalement les vêtements et les chaussures, seront, eux, supprimés.
Economiesuisse se félicite, en outre, du volet portant sur la protection intellectuelle que contient le traité, car il »va plus loin que les règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce)«. Un point d’»une grande importance pour les entreprises exportatrices suisses fondées sur l’innovation«.
Nouvelles collaborations
Les PME, en particulier, s’enthousiasment de »nouvelles collaborations«. »Les entreprises chinoises vont venir en Suisse et inversement«, note Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers (usam). Celle-ci dit vouloir cultiver ces relations en fondant un centre Suisse-Chine à la nouvelle Bourse de Zurich.
Jacques de Watteville, ambassadeur de Suisse à Pékin, abonde. Le traité institue une nouvelle dynamique de coopération, selon lui.
De son côté, l’Union suisse des paysans se montre prudemment positive. Elle va »passer l’accord au crible« avec ses organisations membres, avant d’émettre une recommandation de vote. Dans le secteur agricole, Berne concède des baisses douanières restreintes, sur les produits exotiques ou qui ne sont pas de saison en Suisse notamment.
Déçue, la Plateforme Chine a promptement réagi. »L’expression ’droits humains’ ne figure pas une seule fois dans le texte«, critique le regroupement politique de plusieurs organisations de développement et de droits humains. Contactées par l’ATS, les banques n’ont pas souhaité prendre encore position.
Règles d’hygiène suisses maintenues
L’accord couvre du reste, sur 1152 pages, un large spectre: en sus des aspects déjà énoncés, il comprend des mesures de lutte contre la contrefaçon, ainsi que des chapitres relatifs aux règles d’origine, à la promotion des investissements, à la concurrence et à la coopération économique et technique notamment.
Le texte prévoit une commission mixte chargée d’observer et faire évoluer l’accord, ainsi que de régler les éventuels litiges. Pour les mesures anti-dumping, il renvoie aux dispositions de l’OMC. En cas d’inondation massive d’un produit donné ayant des conséquences graves pour le secteur économique en question, la partie lésée pourra néanmoins lever temporairement les avantages douaniers concédés.
Dernière précision: les normes helvétiques d’hygiène, d’étiquetage et de santé sont maintenues dans leur intégralité.
(ats/Newsnet)
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