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Smartwatch : la révolution numérique pour tous à portée de poignet
 
Le 25-10-2013

Le CEO de l'Atelier BNP Paribas, Louis Treussard, donne ses prédictions sur les bouleversements que vont apporter les montres connectées à l'industrie horlogère et à nos vies. Notamment à celle des personnes âgées...

L'analyse de l'environnement global des montres aujourd'hui soulève des questions à l'aune des montres connectées. Celles-ci, donnant optionnellement, l'heure, sont surtout des concentrés de technologie capable de fournir de nombreuses autres informations. N'ayant pas l'ambition de remplacer l'horlogerie traditionnelle, elles sont plutôt susceptibles de créer une révolution des usages.

De nombreuses questions se posent. Cette montre est-elle réellement une révolution technologique ? Quelles pourraient être ses utilisations et comment les usages seront-ils modifiés ? Ou encore, quelles sont les quelques règles que devront respecter les différents acteurs pour qu'elle soit un succès ?

La montre connectée n'est pas une révolution technologique

La montre connectée n'est pas une révolution technologique dans le sens où elle n'est qu'une miniaturisation d'éléments électroniques. En son temps, le PDG de Google, Eric Schmidt , avait déclaré en montrant le premier smartphone Android, que c'était un micro-ordinateur qui, parmi de nombreuse autres choses, permettait de passer un coup de fil. Dans le même sens, la montre connectée est un concentré de technologies qui permet, parmi ses nombreuses options, de fournir l'heure.

La révolution n'est pas dans l'offre technologique mais dans le fait qu'un élément connecté prend la place d'un objet lié à la dimension intime et à l'émotionnel, la montre. Même si les fabricants de smartphones ont compris depuis longtemps que les gens ne se passeront plus de leur téléphone. Ce dernier n'était pourtant pas encore « greffé » aux utilisateurs alors que la montre est en permanence, depuis la fin des montres gousset, attachée au poignet.

La montre connectée poussera le secteur de l'horlogerie à évoluer

Le marché des montres connectées est prometteur avec un nombre de vente estimée à 485 millions d'ici 2018 (cabinet ABI Research) mais on peut se demander si celle va cannibaliser le marché des montres traditionnelles, qui évoluent dans un monde bien segmenté.

La montre connectée est pour l'instant positionnée sur la gamme des montres de mode ou sportives, telles celles intégrant GPS, podomètre ou altimètre, à moins de 500 euros. Celles-ci sont bien distinctes des montres de luxe, pour qui l'impact sera certainement moindre. Pour ce dernier secteur, on peut imaginer une adaptation différente, avec un nombre réduit de fonctions ajouté à ces objets de luxe (statutaires) pour ne pas dénaturer leurs productions et designs traditionnels.

Une Jaeger connectée ?

Fabriquées avec les critères classiques d'horlogerie, elles pourraient intégrer des fonctionnalités digitales. Un joueur de golf du dimanche pourrait ainsi avoir un podomètre et une carte de score connectée sur sa Jaeger, Chopard, Rolex, Tag Heuer, Bell & Ross… Ces marques de luxes pourraient également développer des concepts bifaces comportant un cadran traditionnel et un digital ou de façon plus discrète intégrer un simple signal lumineux comme véhicule d'information

La question n'est donc pas tant de savoir si les montres intelligentes vont éclipser les classiques que de savoir si les nouvelles fonctionnalités seront effectives dans un environnement ouvert ou fermé. C'est-à-dire de comprendre si les montres de demain vont simplement agir comme génératrices de data uniquement vers son propriétaire, ou bien si elles vont s'inscrire dans un écosystème plus large, en relayant des data via une communication avec divers appareils par exemple.

Deux types de montres connectées sont entrain d'apparaitre, ce qui n'empêche pas la fusion des deux concepts à l'avenir.

Objet d'automesure connecté

Le premier type de montre aura pour principal objectif de générer des données sur l'individu et de les transmettre, quelle que soit la technologie utilisée. Ses applications sont particulièrement à prendre en compte dans le cadre de l'automesure où « quantified self ». Une des valeurs ajoutées de ces e-montres est son utilisation à des fins pédagogiques personnalisées : après un certain temps de marche, elle indique qu'il est temps de s'hydrater ; au cours d'une course à pied, elle nous conseille de ralentir pour réguler notre rythme cardiaque ; à l'inverse en cas de station prolongée dans la même position, elle stimule un nombre de pas à effectuer. En regard d'une température extérieure excessive elle informe une personne âgée de se rafraichir.

Le second type de montre s'inscrit dans son écosystème d'objets et capteurs connectés. Selon les paramètres choisis, elle nous informe que notre voiture est en train d'être fracturée, que notre chaudière a bien été lancée ou qu'un SMS a été reçu. Elle peut également mémoriser le taux de charge de la batterie de votre voiture électrique en se connectant à son système d'exploitation et rappeler l'obligation de recharger le véhicule en fonction du trajet à venir.

Une visibilité que les téléphones n'ont pas

Tout cela doit bien sûr s'effectuer avec la plus grande lisibilité, d'autant plus dans un contexte de vieillissement de la population.

Ma montre idéale est celle qui, au même titre que les appareils photos actuels, propose aussi bien des paramètres généraux que des paramètres personnalisables. Ainsi une personne suivant un traitement souhaitera que sa montre lui envoie un signal pour lui rappeler l'heure de la prise d'un médicament. La position de la montre sur le poignet lui donne une visibilité et une accessibilité que les téléphones ne permettent pas.

Pour répondre à tous ces besoins, la montre doit donc être capable de gérer des paramètres divers, que ce soit en matière d'auto-mesure, de santé, de domotique, d'automobile, de mobilité dans la ville, de sécurité…

Un succès dépendant de la facilité d'usage

On peut ainsi imaginer recevoir un simple signal d'un membre de sa famille en difficultés, telle une personne âgée qui a chuté. De même on pourra recevoir un signal lorsque l'on passe à côté d'un commerce conseillé par ses amis sur son réseau social. L'écosystème de la mobilité (automobile, deux-roues…) est particulièrement intéressant tant le champ des possibles semble large le concernant, notamment en termes d'e-santé en visualisant et mémorisant sur soi des données exploitables ultérieurement.

Pour que tous ces nouveaux usages et possibilités soient exploitées et apportent de la valeur, il faut impérativement que les architectures et systèmes d'exploitation soient ouverts et communicants. Des marques telles que Samsung et Apple continuent à être dans des systèmes relativement fermés. L'enjeu des montres connectées va reposer sur la capacité d'exploiter des datas générées par les usagers par le plus grand nombre d'acteurs et notamment à travers des « partenariats marques et acteurs du secteur public ».

Les entreprises françaises ne doivent pas rater le coche

A l'avenir, le paysage concurrentiel se redessinera avec une cohabitation entre les marques du secteur des TIC qui se développent sur les montres connectées, le secteur des montres traditionnelles qui pourront intégrer des fonctions digitales et, comme d'habitude, de nouveaux acteurs entrants disruptifs qui vont intégrer les critères fondamentaux de réussite que sont aujourd'hui le système d'exploitation ouvert interopérable, le design épuré et l'ergonomie simplifiée, pour répondre aux besoins du plus grand nombre, via un paramétrage personnalisable voire une customisation de l'objet montre.

Il reste à espérer qu'une grande partie de ce développement se fera grâce à des entreprises et des start-up françaises qui sont en mesure par leurs connaissances et créativité de participer à cette aventure.

LA TRIBUNE

 



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