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Le jeune fondateur genevois de Digital Luxury Group a imposé sa société à l’international. Son expertise en e-marketing séduit les enseignes haut de gamme. Rencontre avec un prodige.
Quand il faut évoquer les enjeux du luxe sur le web, Bloomberg, CNBC et le Financial Times s’arrachent l’agence genevoise Digital Luxury Group. De quoi donner une aura incontestable à son fondateur David Sadigh, entrepreneur pure souche de 32 ans.
L’expertise de sa société: les stratégies digitales – analyses de marché, référencement, réseaux sociaux – pour les enseignes haut de gamme. Grâce à ses algorithmes développés à l’interne, Digital Luxury Group explore des millions de données sur les moteurs de recherche pour cibler les préférences des internautes adeptes du luxe.
«Lorsque, par un exemple, un hedge fund ou une banque est intéressé à investir dans le luxe en Asie, nous lui fournissons les données qui déterminent, entre autres, la popularité d’une sélection de marques sur les trois derniers mois et les marchés à privilégier», illustre David Sadigh.
Retour en arrière. Le Genevois n’a qu’une quinzaine d’années lorsqu’il crée ses premiers sites internet: «Mon professeur nous avait confié, à moi et quelques-uns de ses élèves, la tâche de gérer le site geneve.ch dont il avait le mandat. Nous nous sommes rendu compte peu à peu que nous étions à la pointe de ce qui se faisait à l’époque.»
Son sens de l’entrepreneuriat se révèle rapidement. En 2000, à 19 ans, il cocrée IC-Agency, une structure active dans le conseil en marketing digital. Parmi ses premiers clients, l’Union Bancaire Privée, Patek Philippe, Rolex ou encore Nespresso. Mais aussi des géants comme Microsoft et HP.
IC-Agency emploie jusqu’à plus de 40 personnes. «En 2010, j’ai racheté les activités suisses de l’entreprise. Je me suis séparé de l’activité canadienne que nous avions développée en parallèle.» Dès lors, David Sadigh oriente l’agence vers le luxe exclusivement. Digital Luxury Group naît cette même année.
«Le haut de gamme présente un véritable enjeu digital, clairement sous-estimé. De nombreuses marques pensent encore que le site internet reste la vitrine clé et négligent l’évolution du mobile et d’e-commerce, par exemple.»
Le groupe décide vite de miser sur une expansion internationale. Son produit phare, développé au temps d’IC-Agency, lui sert de tremplin: le WorldWatchReport, aujourd’hui une référence dans l’horlogerie, passe au peigne fin les tendances annuelles du secteur. Le rapport, conçu par une trentaine de personnes, est vendu pour quelque 20 000 francs pièce.
Un bureau à Shanghai
L’horlogerie domine le portefeuille clients de Digital Luxury Group. «Nous souhaitons également nous positionner comme une société reconnue sur d’autres segments, comme la joaillerie, l’automobile ou le prêt-à-porter», précise David Sadigh, qui mentionne des mandats pour Caran d’Ache, Marc Jacobs, Sotheby’s ou La Prairie.
Parti vivre à New York il y a un peu plus d’un an, le père de famille y a ouvert un bureau. En parallèle, le groupe s’est implanté à Shanghai où une dizaine de collaborateurs gère la communication digitale, sur les réseaux sociaux chinois notamment, de la chaîne hôtelière Four Seasons ou encore de l’enseigne de mode Trussardi.
Digital Luxury Group compte une trentaine de collaborateurs. «Cette année, nous devrions atteindre une croissance à deux chiffres. Nos attentes reposent beaucoup sur l’Asie, souligne celui qui reste l’actionnaire majoritaire de la société. Nos activités internationales représentent environ entre 15 à 20% du chiffre d’affaires. A un horizon de trois ans, elles devraient générer 50% des revenus.»
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