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L'activité a progressé plus que prévu au troisième trimestre. Sur l'année, le PIB devrait augmenter de 2 %.
Il fait bon vivre en Suisse. Pas seulement pour l'air pur de ses montagnes et son savoureux chocolat mais pour son économie qui se porte bien, même très bien quand on la compare à la fragile zone euro.
Le chiffre du PIB au troisième trimestre - + 0,5 % - confirme le dynamisme helvétique. C'est mieux que prévu et, en glissement annuel, la hausse ressort à 1,9 %. La Banque centrale a revu à la hausse ses prévisions pour l'année: entre 1,5 % et 2 %, contre 1 à 1,5 %. L'activité devrait accélérer en 2014 à 2,3 %, profitant d'une reprise plus ferme en Europe, en particulier du regain de la demande interne en Allemagne, son premier client européen.
Car l'un des atouts de la Suisse, qui a su se diversifier vers l'Asie, vient de l'export. Entre juillet et septembre, c'est bien le commerce extérieur qui a soutenu la croissance. Les ventes de marchandises - hors métaux précieux - ont progressé de 3,7 %. Les secteurs de la chimie et de la pharmacie, fleurons de l'industrie nationale, à l'image des laboratoires Roche et Novartis ou du chimiste Syngenta, ont enregistré de très bonnes performances. «Point très positif, ce sont les exportations nettes qui ont tiré la croissance, souligne Samy Chaar, économiste chez Lombard Odier. Cela montre la force de l'économie suisse, de sa capacité à exporter malgré un désavantage compétitif lié au franc fort et aux salaires élevés.»
En effet, victime de son succès, au plus fort de la tempête financière en zone euro, le franc fort était devenu une valeur refuge. Grâce à une politique monétaire très offensive et à l'instauration d'un taux plancher à 1,20 en septembre 2011, la banque nationale a réussi à stabiliser la devise à 1,23.
Investissement en R&D
La terre helvète surmonte ce «handicap» en se positionnant sur des secteurs à haute valeur ajoutée. Celui toujours florissant de l'horlogerie de luxe reste emblématique. Swatch, Nestlé, ou Schindler - les ascenseurs - sont autant d'exemples de réussite. Faut-il aussi rappeler que la Suisse caracole pour la cinquième année consécutive en tête du classement mondial de la compétitivité publié par le World Economic Forum. Son dynamisme vient des investissements importants en recherche et développement (R&D) et d'un tissu dense de start-up. «La Suisse est très bien placée en terme de valeur ajoutée des biens produits», illustre Samy Chaar. À 25 % du PIB, selon les données OCDE, elle est loin devant la France, qui se classe à l'avant-dernière place!
Un autre chiffre résume à lui seul l'exception suisse: un taux de chômage à 3,2 %. Adossé à des niveaux de salaire élevés, il soutient la demande interne. C'est l'autre moteur de l'économie, qui attire beaucoup de cadres européens. «Si la consommation s'est un peu tassée au troisième trimestre, à + 0,2 %, elle va continuer de porter la croissance dans les prochains mois grâce à un bon pouvoir d'achat et un chômage faible», pronostique Catherine Stephan, de BNP Paribas. La prospérité suisse a encore de beaux jours...
Le Figaro |