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L'édition 2014 du SIHH, le Salon international de la haute horlogerie, vient de se tenir à Genève. Revue de détail des principales nouveautés à l'heure où l'horizon semble à nouveau se dégager.
Dans la tempête, un navire bien barré avec un équipage de qualité et des voiles parfaitement réglées n'a pas grand-chose à craindre. Et quand les conditions météo s'améliorent, forcément, il repart plus vite que les autres. » On peut dire que Bernard Fornas est un expert en matière d'allégorie lorsqu'il s'agit de parler des performances ou des perspectives du groupe Richemont dont il est le coprésident avec Richard Lepeu. L'homme est un habitué des interviews, on ne le piège pas pour obtenir des chiffres. A fortiori quand la croissance mondiale semble repartir. Il est en revanche beaucoup plus loquace pour exprimer - en connaisseur - les qualités respectives de chacune des maisons du célèbre groupe suisse. « Cette édition du Salon international de la haute horlogerie de Genève est un excellent millésime en matière de créativité et d'innovation. Il suffit d'arpenter les allées et de regarder les vitrines de nos manufactures pour s'en convaincre. Chaque maison a su, et cette année plus que jamais, présenter de vraies nouveautés tout en conservant son identité et son ADN. Alors, comment ne pas être confiant et fier à la fois ? Le travail effectué, à tous les niveaux, par ceux qui ont contribué à améliorer l'excellence des collections est exemplaire ! Et je peux vous dire que cet enthousiasme est partagé par nos clients. N'oublions jamais que, finalement, ce sont eux qui ont le dernier mot. »
Il est vrai que cette édition 2014 a de quoi ravir les amateurs de montres. Il y en a pour tous les goûts et, une fois n'est pas coutume, aussi pour toutes les bourses. Car si les prix de la haute horlogerie et de la haute joaillerie atteignent toujours des sommets justifiés par la complexité des mécanismes et la rareté des pierres précieuses, force est de constater que l'on peut aujourd'hui, plus facilement qu'hier, acquérir des garde-temps de qualité à des prix plus raisonnables. La crise est passée par là.
Un salon règlé comme une horloge
Baume & Mercier, par exemple, a fait sensation avec une collection au prix incroyablement bien placé. Dans un autre style, mais tout aussi maîtrisé en matière de coût, la nouvelle ligne Héritage de Montblanc a suscité l'admiration. On y retrouve avec plaisir les canons techniques et esthétiques de la belle horlogerie. L'arrivée de Jérôme Lambert, l'ancien CEO de Jaeger-LeCoultre, à la tête de la maison germanique, n'est forcément pas étrangère à ce début de métamorphose. Ralph Lauren, la marque la moins horlogère du Salon, n'en est pas pour autant la moins intéressante. Et s'il n'y a pas de nouveautés époustouflantes dans ses vitrines cette année, la taille de ses modèles, revue à la baisse, donne une seconde jeunesse à une collection qui ne démérite pas. Bien au contraire. Tout comme chez Audemars Piguet qui, en réduisant le nombre de ses références, retrouve un nouveau souffle.
Si les montres changent, les SIHH eux, se suivent et se ressemblent. Piaget reste le maître incontesté de l'extra-plat, Vacheron Constantin celui des métiers d'art, Van Cleef & Arpels impose ses complications poétiques. Richard Mille continue de nous faire rêver éveillés, Roger Dubuis nous interpelle et IWC revisite une ligne de sa production. Cette année, ce sont les Aquatimer qui sont à l'honneur. Un lifting de gamme plutôt réussi qui devrait séduire les inconditionnels de montres de plongée. Dans cette catégorie, un autre instrument a bluffé les visiteurs : la Calibre Diver. Et pour cause, c'est la première montre de ce type chez Cartier. Ce coup de maître ne doit pas pour autant faire oublier les autres nouveautés d'une maison qui éblouit les foules en ce moment avec son exposition joaillière au Grand Palais à Paris. Des grandes complications aux montres-bijoux richement pavées, sa collection 2014 est littéralement à couper le souffle. Mais quand on est le vaisseau amiral de la flotte Richemont, on se doit de donner l'exemple dans la tempête. Quelle tempête ? L'horizon du marché du luxe n'a jamais paru aussi dégagé…
Frank Declerck
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