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Le Salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie ouvre ses portes du 27 mars au 3 avril. Lancé en 1917, il a su se renouveler au prix de crises et d’investissements colossaux.
Les origines de Baselworld remontent à près d’un siècle, quand les autorités bâloises ont soutenu la création d’une foire d’échantillons. Depuis, le rendez-vous des joailliers et horlogers a pris son indépendance et a acquis un prestige international de premier plan. Son gérant, MCH Group, a beaucoup investi récemment afin que ce grand salon du luxe dispose d’infrastructures de pointe.
1917
Depuis la construction de la Mittlere Rheinbrücke en 1225, Bâle devient une cité incontournable pour le commerce entre l’Europe du Nord (Flandres, Champagne, vallée du Rhin) et l’Italie. Pendant six cents ans, il s’agira du seul passage pérenne du fleuve entre le lac de Constance et le delta.
En 1471, l’empereur Frédéric III accorde à la ville le droit de tenir deux foires annuelles. La tradition est installée et va se perpétuer. Pendant la Première Guerre mondiale, les responsables politiques bâlois souhaitent encourager le commerce et l’économie en lançant une foire aux échantillons.
Naît donc en 1917 la première Foire suisse d’échantillons Bâle (Muba, Mustermesse Basel) avec un secteur dévolu à l’horlogerie et à la bijouterie.
1932
Le secteur du luxe connaît un succès grandissant dès les premières éditions: venus du proche Jura, les horlogers prennent connaissance de leur public mais aussi se rencontrent entre eux - ce que ces artisans et petits ouvriers qualifiés disséminés dans l’arc jurassien n’ont pas souvent l’occasion de vivre. Emerge alors le besoin de se regrouper et d’avoir leur événement à part. A l’instar d’autres secteurs qui prendront leur autonomie au fil des ans, l’horlogerie crée donc sa première Foire suisse de l’horlogerie en 1931, toujours lors de la Muba, mais dans un pavillon indépendant.
1973
Au fil des ans, la Foire suisse de l’horlogerie rencontre un succès croissant, qui entre en «conflit» avec le reste de la Muba: besoin d’espaces supplémentaires, afflux de visiteurs à gérer et canaliser. De plus, si la Muba reste une foire grand public qui attire les habitants des régions environnantes, la Foire suisse de l’horlogerie s’est focalisée sur les professionnels.
Pour remédier à cela, les deux entités se distinguent au niveau des dates. Mais toutes deux restent gérées par la même entité, MCH Group. La première Foire européenne de l’horlogerie et de la bijouterie (FEHB) voit ainsi le jour en 1973. Pour satisfaire les demandes des créateurs étrangers, la foire accueille les premiers exposants allemands, français, italiens.
1986
En 1986, les premiers exposants extra-européens sont admis à la foire alors que le secteur est en crise. L’horlogerie suisse est passée de 70 000 employés en 1960 à 30 000 en 1980, et ses parts de marché mondiales de 83,1% en 1970 à 15,3% en 1983.
La montre à quartz a incité des sociétés américaines puis japonaises et hongkongaises à se lancer sur le marché. La
Suisse réagit avec une réorganisation: la Société suisse pour l’industrie horlogère (SSIH, qui regroupe notamment Omega et Tissot) et l’Allgemeine Gesellschaft der Schweizerischen Uhrenindustrie (SUAG, qui compte Certina, Hamilton, Longines, Rado) sont réunies dès 1983 au sein de la Société de microélectronique et d’horlogerie (SMH), qui deviendra le Swatch Group en 1998.
1999
En 1999, MCH Group investit dans son site de foire et de congrès bâlois. Cela répond aux demandes des exposants dont les stands deviennent de véritables pavillons sur plusieurs étages. Une nouvelle halle de métal et de verre est édifiée, qui prolonge les bâtiments du début du XXème siècle. Sous celle-ci, les stands peuvent s'élever jusqu'à trois étages. Le salon se structure peu à peu avec le système des "Halls of..." qui regroupent les créateurs et les marques par spécialités.
2003
En 2003, La Foire de l’horlogerie et de la bijouterie (Uhren und Schmuckmesse) change de nom et devient Baselworld, The Watch and Jewellery Show. Avec cette nouvelle appellation, MCH Group entend revendiquer la portée mondiale de l’événement. Depuis quelques années, la plupart des marques attendent le rendez-vous bâlois pour présenter au monde ses nouvelles collections.
2004
En 2004, la mondialisation de l’univers du luxe trouve une nouvelle traduction avec l’inauguration d’un espace dévolu aux délégations et représentations nationales: la halle 6 est réaménagée en quelques mois pour devenir le «Hall of Universe».
Grâce à cette nouvelle aire, Baselworld atteint les 160 000 m2 de surface au sol.
(Photo: Amelia Vega, Miss Univers 2003, pose pour Maurice Lacroix lors de l’édition 2004 de Baselworld.)
2007
L’édition 2007 est celle de tous les records: la barre des 100 000 visiteurs est franchie, plus de 100 pays sont présents, des ventes sans précédent sont annoncées par les représentants de nombreux pays, et plus de 3500 journalistes arpentent les lieux. Mais les dirigeants de MCH Group ne veulent pas se contenter de ce succès.
Ils présentent des plans pour un chantier pharaonique qui verra le site de foire être totalement repensé, sous la houlette des architectes locaux Jacques Herzog et Pierre de Meuron, lauréats du Prix Pritzker. Quelques mois plus tard, au terme d’une campagne électorale passionnée, les Bâlois approuvent le chantier qui permet d’envisager l’avenir à long terme de leur ville.
2013
Pour 430 millions de francs, le chantier est mené à bien. Si la surface d’exposition est réduite à 141 000 m2, il est désormais possible d’y déployer stands et pavillons très hauts alors que la structure préexistante des halles ne le permettait pas. «L’ancienne halle était suffisante pour des événements suisses.
Mais il nous fallait offrir de nouvelles infrastructures pour les exposants lors des rendez-vous internationaux que sont Art Basel et Baselworld. Pas tant avec de la surface supplémentaire qu’avec des équipements modernisés et des volumes augmentés», affirmait René Kamm, président du conseil d’administration de MCH Group, au lancement du chantier.
2014
Après le temps du chantier (22 mois) et des éditions décalées pour les besoins de la construction, l’édition 2014 marque le retour «à la normale», avec une foire qui reprend ses habitudes en termes de dates. Pour disposer du maximum de temps et perturber un minimum d’éditions de cette foire phare du calendrier bâlois, Baselworld 2011 avait été avancée à février et Baselworld 2013 repoussée à avril. Retour donc au mois de mars en 2014 avec 120 000 à 130 000 visiteurs attendus, près de 1500 exposants originaires de 40 pays inscrits et près de 3600 journalistes accrédités. De quoi faire scintiller plus encore l’éclat de cette foire mondiale.
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