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Afin de fêter les quarante ans d’existence de son actuel bâtiment, le Musée international d’horlogerie (MIH) présente une exposition révélant, en quarante étapes, le chemin parcouru durant ces quatre décennies.
En 1968, la décision de construire un nouveau musée dédié à l’industrie principale de La Chaux-de-Fonds - l’horlogerie - se concrétise par le lancement d’un concours d’architecture. Le projet Gnomon, des architectes Georges-J. Haefeli et Pierre Zoelly, remporte le concours en proposant une œuvre architecturale inestimable. Prix béton 1977, Prix européen du musée de l’année en 1978 (distinction décernée par le Conseil de l’Europe à Strasbourg), le mariage architecture-musée est une réussite!
Pour célébrer les quarante ans de ce bâtiment, les conservateurs ont souhaité démontrer le résultat du travail scientifique qui a permis, durant ce laps de temps, l’accroissement des collections de quelque 5’000 objets. Quarante étapes révèlent quelques-uns de ces 5’000 objets: dons ou achats, chacun, au-delà de sa qualité technique, scientifique ou artistique, dévoile un pan plus personnel de son histoire.
L’exposition thématique présente quelques aspects indissociables de l’histoire du bâtiment et des collections. La construction d’abord, les organes de soutien du musée ensuite, comme la Fondation Maurice Favre qui a permis sa réalisation, ou les amisMIH qui, par leurs dons, permettent l’achat des pièces de collection.
L’exemple d’un mécène qui répond toujours aux demandes de soutien lors d’un achat spécifique, celui d’un collectionneur - ces personnalités auprès desquelles les achats se font souvent dans le but de compléter la collection - et la présentation d’un chapitre réservé à la collection de demain - dons des entreprises de garde-temps - poursuivent le propos. Enfin, c’est aussi le regard des différents conservateurs de ces quarante années qui est évoqué ici.
1974: une muséographie au service de la collection
L’installation muséographique due à MM. Bataillard, Tcherdyne et Gallopini est en parfaite symbiose avec la conception architecturale. Musée souterrain, les vitrines sphériques sortant du sol ou descendant des voûtes peuvent faire penser à des stalagmites et stalactites, accentuant ce qui, depuis quatre décennies, est décrit par les visiteurs comme une «grotte aux trésors».
Le projet de «Musée en mutation», entrepris en 2006 pour modifier la muséographie a souhaité respecter le mobilier d’époque pour ne pas rompre avec cette magie et ce concept architecture-musée de 1974. Cette année 2014 verra d’ailleurs l’achèvement de ce renouvellement muséographique.
Une exposition dans le musée
Pour la mise en valeur du bâtiment et des collections, le choix a été pris de mettre en scène quarante objets ou groupes d’objets de la collection qui soulignent les points clés de son accroissement. Chacun d’eux reste à son emplacement initial et entraîne ainsi le visiteur à la découverte de l’entier du musée.
Exposition thématique: 1’019 réveils
Objet banal, simple et connu de tous, les réveils prennent ici une dimension exceptionnelle en raison de leur nombre. Horloge populaire par excellence, présent dans toutes les habitations, le réveil devient dès le milieu du 19ème siècle un objet indispensable de la vie quotidienne de millions d’ouvriers et d’employés.
Cette collection unique, comprenant des réveils fabriqués principalement en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, a été acquise auprès d’un collectionneur passionné. Elle a permis de compléter un type d’horloges jusqu’alors peu présent dans les collections du musée.
Fondation Maurice Favre
Créée en l’honneur de l’ancien conservateur des musées d’horlogerie et d’histoire, Maurice Favre (1888-1961), c’est cependant à l’initiative de trois grands chaux-de-fonniers que l’acte de fondation a pu être signé le 30 juin 1967.
Maurice Ditisheim, président du Bureau de contrôle des ouvrages en métaux précieux, Pierre lmhof, président de la Commission du Musée d’horlogerie et Jacques Cornu, secrétaire général du Syndicat patronal des producteurs de la montre et premier président de la Fondation, annoncent dès cette date son but: construire un bâtiment digne des collections et de la Ville.
Dès lors, la Fondation Maurice Favre gère le projet, depuis la proposition du lieu où élever le nouveau musée, dans le Parc du Musée pour une mise en valeur de trois pôles culturels importants. Elle rédige le règlement du concours d’architecture, choisit un jury et s’engage à participer activement à la recherche de financement.
Depuis 1967, la Fondation n’a cessé de soutenir les grands projets du musée, comme le carillon attendu dès l’inauguration de 1974 et réalisé en 1980. Actuellement la fondation gère les fonds apportés par les amisMIH pour permettre l’achat des pièces de collection.
LES amisMIH
Avec l’inauguration du carillon, le 31 mai 1980, le projet de la construction du MIH était totalement achevé. C’est ainsi qu’à cette date on annonça la création d’une association des amis du musée qui allait prendre le relais de la Fondation Maurice Favre dans l’action. Le but premier de l’association sera de participer à l’accroissement des collections.
Dès 1981, les amisMIH président la traditionnelle soirée de présentation des Dons et achats de l’année écoulée. Depuis cette date, le nombre des amis a sans cesse augmenté grâce à l’important travail des présidents successifs et du comité pour la recherche de membres sponsors, collectifs et individuels.
La majorité des achats importants a pu être réalisée grâce à leur apport financier, ces acquisitions sont spécialement mises en évidence dans l’exposition.
Depuis quelques années, les amisMIH ont décidé d’étendre leurs activités et de soutenir le musée dans d’autres projets que l’achat d’objets de collection, comme la création d’un DVD, le soutien à des expositions ou la mise sur pied de conférences.
David Newsom: un mécène ami du musée
David Newsom, collectionneur et amateur d’horlogerie résidant aux Etats-Unis, est un fervent admirateur du MIH. Depuis plus d’une dizaine d’années, son soutien financier régulier a permis l’acquisition de montres et d’horloges exceptionnelles, en particulier lors de ventes aux enchères. Horloges de précision, montres diverses à caractère technique ou décoratif, outils et machines, dessins… plus de quarante objets ont ainsi intégré les collections du musée, comblant certaines lacunes.
Son apport et son soutien furent déterminants lors de l’organisation de l’exposition Philadelphia 1876, le défi américain en horlogerie, présentée au MIH en 2012.
Gerd Ahrens (1920-2005): collectionneur d’exception
Né le 18 septembre 1920 à Hamburg, Gerd Ahrens est très tôt initié à l’horlogerie par son père Otto Ahrens, auprès de qui il va effectuer son apprentissage dans le magasin d’horlogerie familial ouvert en 1929 à Lucerne.
En 1948, il achète sa première montre de collection à la Galerie Fischer à Lucerne, une montre de poche signée Breguet, vendue en 1848 et munie d’un échappement à ancre. Jusqu’en 2004, date à laquelle il achète sa dernière montre, Gerd Ahrens va constituer une collection de plus de 750 pièces, surtout à caractère technique; il s’intéresse plus particulièrement aux montres dotées d’échappements spéciaux, aux chronomètres, ainsi qu’aux tourbillons.
A son décès, en 2005, lors d’une vente aux enchères de sa collection, le MIH a l’opportunité d’acquérir, grâce à un mécène, une dizaine de montres particulièrement intéressantes, ainsi que son établi personnel sur lequel il étudiait et restaurait ses propres montres.
L’an dernier, la famille de Gerd Ahrens a offert au musée les archives personnelles réunies autour de sa collection, ainsi qu’une trentaine de montres, venant ainsi compléter les collections du musée.
1974 - 1987: André Curtit
André Curtit, maître au Technicum neuchâtelois, a été le premier conservateur professionnel à temps complet du MIH, alors installé dans les murs de l’Ecole technique, et ceci dès 1966. Auparavant, le président de la commission du musée assumait aussi la fonction de conservateur. Ainsi, les forces doubles d’un conservateur et d’un président de commission, Pierre lmhof, ont permis de donner l’impulsion nécessaire pour partir dans l’aventure de la construction d’un grand musée dédié à l’horlogerie.
Dès 1968, le Musée international d’horlogerie l’homme et le temps prenait forme. Mais, c’est à partir de novembre 1974 que le travail d’André Curtit et de ses collègues put être admiré. Les nouveaux locaux, la muséographie, tout mettait en avant la technique et l’art des horlogers si chers au conservateur.
1988 - 2000: Catherine Cardinal
Après des études à Paris où elle obtient un Doctorat de 3ème cycle en histoire de l’art et un passage au Conservatoire national des arts et métiers, Catherine Cardinal est nommée au poste de conservateur du Musée international d’horlogerie en 1988. Elle s’intéresse plus particulièrement aux inventeurs de l’horlogerie, qui seront mis en valeur par diverses expositions consacrées notamment à Ferdinand Berthoud (1984), comme commissaire d’exposition, à Charles-Edouard Guillaume (1988), ou encore à Abraham-Louis Breguet (1997) , chacune accompagnée d’une publication.
2000 - 2014: regards croisés
Ludwig Oechslin: nos collections s’inscrivent à la fois dans le monde des connaissances humaines, l’esprit de dialogue, le plaisir de la découverte. Elles rendent hommage aux réalisations, recherches et aspirations de générations d’horlogers et d’industriels. Elles s’ouvrent à un large public tout en offrant aux spécialistes un contenu de haute valeur historique et scientifique.
Nicole Bosshart: la collection du MIH est née au 19ème siècle par la volonté de personnes éclairées issues des milieux de l’enseignement et du domaine industriel horloger, notre devoir est de la compléter dans le respect et la cohérence.
Jean-Michel Piguet: un des rôles du MIH est de constituer et de présenter au public une collection d’objets qui allient l’art et la technique, mettant ainsi en valeur l’ingéniosité et le travail des horlogers au cours des siècles.
La collection de demain
Le Musée international d’horlogerie a sollicité les marques horlogères pour le don de pièces contemporaines dans l’esprit de conserver ce qui, au-delà de l’objet technique, de mode ou de prestige, appartient au patrimoine et pourra témoigner pour les générations futures de l’ingéniosité et de l’art des hommes d’aujourd’hui. Plus de trente entreprises ont répondu favorablement à cette demande et, au 20 mars 2014, 44 garde-temps ont rejoint la collectio. Présentés par ordre alphabétique des raisons sociales des entreprises donatrices, trente garde-temps ont pris place dans les vitrines des deux panneaux prévus dans l’exposition
«Time sweet time: 40 ans… 40 témoins» est ouverte jusqu’au 11 janvier 2015.
Fédération de l'industrie horlogère suisse |