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Le groupe italien a inauguré une boutique à la rue du Rhône. Deux autres, à Crans-Montana et Lugano, devraient suivre ces prochains mois
La Suisse, le pouvoir d’achat de ses habitants et surtout le flux de touristes, notamment chinois, enclins à la dépense lors de leurs pérégrinations européennes. Voilà le cocktail sur lequel mise Prada. Ainsi, le groupe de luxe italien va fortement étendre sa présence en terres helvétiques ces prochains mois. Avec, comme première étape, l’inauguration d’une nouvelle boutique mercredi à Genève, à la très prisée rue du Rhône, haut lieu du luxe dans la Cité de Calvin, comptant déjà les principales griffes mondiales. Le nouvel espace genevois se déploie sur deux étages, pour une surface de 1000 m2, et intègre le prêt-à-porter aussi bien féminin que masculin, et les accessoires et chaussures. La société italienne n’a pas dévoilé le montant de l’investissement ni le nombre de créations d’emplois générées par ce point de vente, œuvre de l’architecte italien Roberto Baciocchi.
Ce nouvel emplacement Prada, un groupe fondé en 1913 par Mario Prada, vient compléter un réseau de 540 boutiques exploitées en direct, réparties dans 70 pays (chiffres au 31 janvier 2014). La maison de luxe, qui possède aussi les marques Miu Miu, Church’s et Car Shoe, n’entend pas s’arrêter là dans son expansion suisse. Elle projette de s’implanter ces prochains mois à Crans-Montana et à Lugano. Le calendrier n’est pas encore arrêté précisément. Des lieux clés sur le marché suisse, selon les déclarations de la marque. Une fois ces boutiques inaugurées, la marque, dont 20% du capital-actions est coté à la bourse de Hongkong, en possédera sept dans le pays (dont Zurich, Gstaad et Saint-Moritz). Prada Group a réalisé l’an dernier (exercice clos le 31 janvier) un chiffre d’affaires consolidé de 3,587 milliards d’euros, en hausse de 9%. Soit l’une des croissances les plus dynamiques dans le secteur du luxe. Son bénéfice opérationnel a progressé de 9%, à 939 millions, tandis que le résultat net est resté stable, à 628 millions. Il déploie ses activités dans la mode, la lunetterie (sous licence avec Luxottica) et la parfumerie. Pour financer son expansion, notamment en Asie et après plusieurs tentatives infructueuses de cotation à Milan, la marque a mis en bourse 20% de ses actions à la bourse hongkongaise en 2011, valorisant ainsi la société à près de 10 milliards. L’objectif était aussi d’accroître sa notoriété en Chine.
Car, selon PricewaterhouseCoopers, ce pays deviendra sous peu le premier marché mondial, malgré le ralentissement, tout relatif, de son économie. L’enseigne de Milan prévoit d’ailleurs un plan d’expansion d’envergure sur l’ensemble du territoire chinois. Si la situation s’est tendue dans ce pays, il continue de susciter bien des convoitises. Sur CNBC mardi soir, le patron de LVMH, Bernard Arnault, s’est montré optimiste sur l’appétit des Chinois pour les produits de luxe. Interrogé sur le ralentissement économique du pays, il a rappelé que, avec une croissance autour de 7%, l’Empire du Milieu demeurait «un pays en expansion rapide». Certes, «la Chine a des hauts et des bas …], mais elle continue de croître rapidement. Le pouvoir d’achat de la population a augmenté, et je pense que cela va continuer pendant plusieurs années», a-t-il assuré. Tout en ajoutant que la clientèle chinoise était de plus en plus sensible à la qualité des produits européens. Donc aussi à ceux de Prada, qui compte onze sites de production, dont dix en Italie.
Bastien Buss
[LE TEMPS |