|
La marque indépendante étend ses capacités de production. Les ventes sont attendues en hausse de 20% cette année
L’autorisation officielle est tombée il y a dix jours à peine. Le projet date quant à lui de plusieurs années déjà, mais n’avait pas pu voir le jour faute du blanc-seing administratif. «On va enfin pouvoir lancer l’appel d’offres auprès des architectes», se réjouit Aletta Stas, co-patronne de la société Frédérique Constant. La marque horlogère pourra donc étendre son site de production de Plan-les-Ouates (GE). Une extension devisée à quelque 15 millions de francs. Cet agrandissement permettra d’accroître massivement les capacités de production de la société indépendante et active dans le milieu de gamme. L’idée serait de commencer les travaux en 2015, mais Aletta Stas est forcément devenue prudente au niveau des projections.
Ce qui marque d’emblée en entrant dans le site actuel – inauguré en 2006 –, c’est un écran de télévision trônant dans le hall d’accueil. Il n’affiche pas la photographie des meilleurs employés du mois, mais indique la production de montres du jour et celle depuis le début de l’année. Une sorte de transparence très rare dans ce secteur, connu pour sa discrétion et plutôt avare en chiffres par tradition. C’est loin d’être le cas ici. Seule exception, le chiffre d’affaires n’est pas dévoilé. Il est estimé à près de 200 millions de francs par la banque Vontobel.
Pour le reste, il suffit de demander. La marche des affaires? Excellente, selon la patronne, fondatrice et propriétaire, avec son mari Peter Stas. «A ce jour, notre chiffre d’affaires est en progression de 30% par rapport à la même période de l’an dernier», dit-elle. Et la société, qui emploie 120 personnes à Plan-les-Ouates (170 dans le monde), envisage une hausse globale de 20% de ses ventes sur l’ensemble de l’exercice. Pour comparaison et valeur, les exportations horlogères suisses ont progressé de 4,5% sur le premier trimestre de l’exercice en cours.
Capacité annuelle
de 250 000 montres
L’an dernier, la croissance de Frédérique Constant, qui compte trois filiales (Etats-Unis, Allemagne et Hongkong) avait quelque peu été ralentie, victime d’une capacité de production insuffisante par rapport à la demande. Le taux de progression s’était alors élevé à 8%, contre des valeurs à deux chiffres les années précédentes. Si le mini-groupe horloger – il compte aussi la marque Alpina et celle haut de gamme Ateliers de Monaco – a écoulé 128 000 montres en 2013, il escompte grimper à 140 000 cette année. Avec l’extension du site, il pourrait parvenir à plus de 250 000 unités.
En attendant, Frédérique Constant célèbre les dix ans de son premier mouvement de manufacture. Pour l’occasion, une nouvelle mouture de ce calibre va être lancée. Nouveauté principale, les trois pièces de l’assortiment sont en silicium, réputé plus fiable et résistant que d’autres matériaux. La fabrication de la roue d’échappement a, par exemple, fait appel à une technologie de pointe: la gravure ionique réactive profonde (GIRP). Dans un premier temps, il y aura un tirage limité à 188 exemplaires en or 18 carats et à 1888 exemplaires pour la mouture en acier. De nombreux autres horlogers misent aussi sur les bienfaits du silicium, comme, parmi d’autres, Patek Philippe, Breguet ou encore Ulysse Nardin.
Pas d’impact russe
La marque, comptant 2800 points de vente, génère 30% des ventes, l’Asie un autre 30%, les Etats-Unis 14% et 9% pour l’Europe de l’Est et la Russie, ainsi que 7% au Moyen-Orient. La Chine ne compte que pour 5%. «On ne souffre donc pas des effets de la politique anticorruption dans l’Empire du Milieu. D’ailleurs, elle ne concerne pas les montres de notre positionnement de prix», constate Aletta Stas. Lequel se situe entre 800 et 3000 francs, prix public, alors que les pièces dotées du mouvement maison débutent aux alentours de 2500 francs. Le calibre in house équipe désormais 20% de l’ensemble des pièces élaborées. Pour le solde, la société s’approvisionne chez Sellita en ce qui concerne le mécanique, et chez Ronda pour le quartz. Toujours sur le plan géopolitique, la situation explosive en Ukraine n’a pas davantage d’impact sur les ventes de la société horlogère, affirme-t-elle. Elle ne constate, du moins, aucun ralentissement dans la marche de ses affaires dans la région, Russie comprise.
Ces dernières années, la part des collections féminines dans les ventes a fortement progressé dans le portefeuille de Frédérique Constant, marque fondée en 1988. Elle se situe désormais à 35%, alors qu’elle évoluait encore aux alentours de 10% il y a peu.
Bastien Buss
LE TEMPS |