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Le groupe genevois a réalisé une hausse de 3% de son bénéfice net à 2,067 milliards d’euros. Les ventes ont progressé de 5%, confirmant le ralentissement généralisé dans la branche. Johann Rupert sera à nouveau candidat à la présidence cet automne
Comme un paquebot naviguant paisiblement sur les flots, Richemont se joue des intempéries, notamment sur le front des devises. Le groupe de luxe genevois a réalisé sur son exercice décalé 2013-2014, clos à fin mars, un millésime record.
Toutes les valeurs, à l’exception de la marge opérationnelle, s’affichent en progression par rapport à l’année précédente, pourtant déjà une référence pour le groupe basé à Bellevue (GE). Facteur principal qui a marqué l’ensemble de l’année: les turpitudes monétaires, malgré des couvertures (hedging) sur les taux de changes qui ont porté leurs fruits. Ainsi, l’entreprise a notamment réalisé un gain de 214 millions d’euros dégagé par les opérations de sécurisation sur les devises.
Sur l’année, le numéro deux mondial du luxe a généré un bénéfice net en hausse de 3% à 2,067 milliards d’euros. Son chiffre d’affaires a augmenté de 5% à taux de changes réels, à 10,6 milliards d’euros, a indiqué jeudi le groupe dans un communiqué. Epurées des variations de taux de changes, les ventes ont grimpé de 10%.
Le résultat d’exploitation, à 2,42 milliards, s’avère comparable à celui de l’exercice précédent, alors que la marge opérationnelle a reculé à 22,7% (contre 23,9%), entièrement imputable à l’impact monétaire, selon le groupe qui compte parmi ses marques des maisons comme Cartier, IWC, Panerai, Jaeger-LeCoultre ou encore Vacheron Constantin.
De l’ordre de 25 millions, des provisions constituées dans le cadre de la restructuration de la marque Montblanc ont aussi pesé. De même que les pertes réalisées pas certianes griffes, comme Dunhill, Lancel et Chloé, de l’avis de la banque Vontobel. Reste que la solide santé financière de Richemont se reflète au niveau de ses liquidités. Les flux de trésorerie des activités opérationnelles se sont élevés à 2,875 milliards. De quoi voir venir avec sérénité d’éventuelles futures tempêtes. Richemont, plus pragmatique, explique cette manne par «la politique de gestion stricte des besoins en fonds de roulement».
Rachat d’actions
Par secteur d’activité, «l’essor des activités joaillières et horlogères a compensé la faiblesse de Montblanc et de certaines maisons de mode et d’accessoires», détaille le groupe. Richemont a par ailleurs poursuivi son travail de fonds au niveau de son réseau de ventes en propre. Ses boutiques représentent désormais 55% des ventes, alors que les détaillants pèsent pour 45%. Il y a deux ans, ce rapport était encore de 52% contre 48%.. Si les ventes se sont avérées satisfaisantes à Hongkong et à Macao, elle ont en revanche reculé en Chine, un marché où la haute horlogerie souffre des mesures de lutte contre la corruption, interdisant les cadeaux extravagants.
Grâce à son assise financière, le groupe n’en va pas moins lancer un nouveau programme de rachat d’actions. Il prévoit d’acquérir jusqu’à 10 millions de titres durant les trois prochaines années. Ce qui représente 1,7% du capital-actions et 1% des droits de vote. Parallèlement, le conseil d’administration a proposé d’augmenter le dividende à 1,40 franc par action. Soit une progression de 40%.
Richemont a aussi délivré des indications sur la marche de ses affaires en avril. Les ventes pour le mois sous revue ont affiché une croissance de 1% à taux de change réels et de 6% à taux constants. Autrement dit, le ralentissement se poursuit. A taux réels, toutes les zones géographiques s’inscrivent en hausse, selon le groupe, à l’exception du Japon où la taxe sur la valeur ajoutée est entrée en vigueur le 1er avril. D’où une retenue de la part des consommateurs.
Par ailleurs, l’entreprise fait savoir que Johann Rupert, actionnaire de référence, va reprendre du service, puisque l’année sabbatique qu’il a prise s’achèvera en septembre. L’homme fort de Richemont sera alors candidat à la présidence du conseil d’administration lors de l’assemblée des actionnaires prévue le 17 septembre. Des fonctions qu’il avait quittées dans l’optique de ce congé.
Bastien Buss
LE TEMPS |