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La milliardaire bâloise n’a pas sollicité de nouveau mandat après près de trente ans de présence pour des raisons personnelles. L’assemblée générale du groupe a validé tous les points à l’ordre du jour
C’est l’une des figures de proue de Swatch Group, une proche de feu Nicolas Hayek et alliée fidèle qui se retire du conseil d’administration du leader mondial de l’horlogerie. Esther Grether a informé le groupe, peu avant l’assemblée générale de l’entreprise qui s’est tenue mercredi, qu’elle ne sollicitait pas un renouvellement de son mandat. Nayla Hayek, présidente de Swatch Group, a invoqué des raisons de santé, tout en regrettant ce départ et en remerciant Esther Grether pour son engagement tout au long de ces décennies.
Le conseil d’administration se réduit donc désormais à cinq personnes, puisque aucune nouvelle candidature n’a été proposée par le groupe. Dans la foulée, les actionnaires ont reconduit les mandats des autres administrateurs, à savoir Nayla Hayek à la présidence, Nick Hayek, Jean-Pierre Roth, Ernst Tanner et l’astronaute Claude Nicollier. Mise en œuvre de l’initiative Minder oblige, ils ont été élus individuellement et pour une durée d’une année. Ce n’en est pas moins une page qui se tourne. La femme d’affaires et collectionneuse d’art Esther Grether, née en 1936, nourrit des liens très étroits avec le groupe depuis sa création, issue de la fusion Asuag-SSIH. C’est l’une des toutes premières à avoir cru au projet de Nicolas Hayek de relancer ce secteur en déliquescence au début des années 80. La Bâloise, dont la fortune est estimée à plus de 2 milliards de francs, et présidente depuis trente ans du groupe Doetsch Grether – actif dans les produits de beauté et les soins médicaux –, a massivement investi dans le groupe, rebaptisé en 1998 Swatch Group. Elle siégeait au conseil d’administration de l’horloger depuis 1986, soit près de trente ans de loyauté et de soutien infaillible.
Actares hué
Selon le rapport de gestion 2013, Esther Grether et ses proches possèdent 7,1% des voix. Son investissement à l’époque, estimé à 5 millions – alors que l’entreprise n’était pas loin de la faillite –, vaut aujourd’hui plusieurs centaines de millions.
Le retrait d’Esther Grether a constitué l’unique surprise de l’assemblée générale des actionnaires. Dont le nombre ne cesse d’ailleurs de croître. Ce qui a même contraint Swatch Group à organiser l’événement dans le tout nouveau vélodrome de Granges (SO), alors que, traditionnellement, elle se tenait à Bienne. Mais le Palais des Congrès est devenu trop petit. Tout comme pourrait le devenir bientôt le nouveau lieu, tant il a été assailli par une foule d’actionnaires, 2977 exactement, tous acquis à la cause du groupe. Pour le reste, tout s’est (presque) déroulé sans accroc, comme une précise mécanique horlogère. Les points à l’ordre du jour ont tous été acceptés avec une très confortable majorité. Actares a bien essayé de demander plus de transparence au groupe au niveau du développement durable. L’association, parfois huée par les actionnaires durant son intervention, voulait entre autres que Swatch Group publie un rapport chiffré sur son empreinte carbone. Des requêtes qui ont été balayées du revers de la main ferme de Nayla Hayek.
Nick Hayek, patron du groupe, a lui confirmé que les turpitudes des taux de change continuaient de peser sur les ventes. Face à la force du franc, il a laissé entendre que la Banque nationale suisse n’avait pas utilisé tous les moyens dont l’institut dispose pour enrayer cette spirale. Nick Hayek a entre autres évoqué l’idée de taux d’intérêt négatifs.
Bastien Buss
LE TEMPS |