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La marque en mains de Swatch Group étend son partenariat avec l’Association des golfeurs américains. Le patron, Stephen Urquhart, justifie un investissement de «quelques millions de dollars par an»
Omega s’installe durablement sur les terrains de golf aux Etats-Unis. La marque horlogère en mains de Swatch Group vient de signer l’extension de son partenariat avec la PGA of America, l’Association des golfeurs professionnels américains. Créée en 2011, l’alliance devait d’abord durer jusqu’en 2016. Elle a été renforcée en 2012 et est aujourd’hui prolongée jusqu’en 2022.
Depuis le Valhalla Golf Club, à Louisville, où a eu lieu mardi la signature officielle du partenariat et où débute jeudi le 96e Championnat PGA, dernier tournoi majeur de l’année, Stephen Urquhart, le patron d’Omega, explique pourquoi la marque investit encore dans un sport où elle est déjà omniprésente.
Le Temps: Sponsor de l’USPGA et de la Ryder Cup, du Masters de Crans-Montana, des tournois de Dubaï et de plusieurs des meilleurs golfeurs du monde, Omega tient-il à verrouiller l’accès marketing à ce sport?
Stephen Urquhart: Certains utilisent peut-être ce terme, mais ce n’est pas le plus adéquat. Tout ce dispositif s’est mis en place assez naturellement. Voilà plusieurs décennies que nous sommes présents dans le golf. D’abord en Asie, puis aux Etats-Unis. Ce sport a toujours été un véhicule de communication important pour Omega. Aujourd’hui, nous consolidons notre participation dans une discipline qui redeviendra olympique en 2016.
– Et vous renforcez votre visibilité sur le marché américain.
– Exactement! Lorsque l’on songe à ce marché pour l’horlogerie, on pense toujours à New York ou à Los Angeles. Mais il est étonnant de voir que dans des villes comme Nashville, Philadelphie ou Phoenix, il existe une vraie culture et une vraie tradition du luxe. Sans opulence, cela dit.
– Quelles sont vos perspectives de développement dans ce pays?
– Ce marché a toujours été très intéressant pour l’entrée de gamme ou le très haut de gamme. Aujourd’hui, il l’est davantage pour notre segment, des montres dont les prix varient entre 5000 et 10 000 dollars. De plus, nous avons repris en main la distribution, en ouvrant 35 boutiques en propre, depuis cinq ans. Et nous avons aussi prolongé des accords avec certains de nos partenaires, seulement. Dans ce marché, la distribution a parfois posé problème, avec de grandes chaînes qui n’étaient, disons, pas très fidèles.
– Quelle y est votre stratégie, désormais?
– Nous avons longtemps communiqué autour de la conquête de l’espace, puisqu’associés à la NASA. Peu à peu, il était devenu nécessaire de diversifier notre image, avec le golf, par exemple, mais aussi avec notre collection féminine. Ce marché constitue pour nous, comme pour d’autres marques d’ailleurs, un bon équilibre avec la Chine. Et n’oublions pas que notre première association avec le Comité international olympique (CIO) date de 1932, pour les Jeux de Los Angeles…
– Omega est toujours partenaire du CIO. Ne craignez-vous pas que vos associations avec le golf et les JO ne prêtent à confusion ou ne fassent double emploi, en 2016?
– Pas du tout. Les diverses associations de golf sont déjà en train de travailler avec le CIO, ce retour sera une réussite. Et je suis convaincu que nos deux partenariats seront, au contraire, très complémentaires.
– Combien coûte la prolongation de contrat avec PGA of America?
– Quelques millions de dollars par an. C’est donc un investissement assez conséquent, auquel il faut ajouter le coût des diverses opérations de communication. Mais il en vaut la peine. On ne parle ici pas seulement d’un tournoi par an! L’association compte par exemple 26 000 enseignants certifiés. Eux sont en quelque sorte nos ambassadeurs de terrain, tout au long de l’année.
– Le golf a-t-il vraiment besoin d’un chronométreur officiel?
– Bonne question! Notez que l’USPGA compte aussi une voiture officielle… dont un golfeur n’a a priori pas besoin non plus pour pratiquer. Plus sérieusement, c’est un statut que nous utilisons à vrai dire assez peu dans ce sport, contrairement
à certaines disciplines olympiques qui s’y prêtent davantage. Quoi qu’il en soit, la présence d’Omega est tout à fait légitime dans le golf. C’est un environnement dans lequel nous y retrouvons nos clients. Là est l’essentiel.
Servan Peca
LE TEMPS |