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La jeune marque neuchâteloise, dont les montres mêlent mécanique et fluides, collabore avec Dominique Renaud
HYT confirme. Quatre ans après les premiers projets de ses instigateurs, et pile un an après sa naissance commerciale, la start-up horlogère accélère le mouvement. Mercredi, depuis les nouveaux locaux de Neuchâtel, son directeur général, Vincent Perriard, a officialisé une collaboration avec Dominique Renaud.
Ce grand nom de la mécanique horlogère, fondateur en 1986 de la société Renaud et Papi, dont Audemars Piguet est devenu propriétaire dans les années 1990, est revenu aux affaires l’an dernier pour créer sa propre entreprise horlogère, Dominique Renaud SA. Il va, en parallèle, diriger et orienter le nouveau département de HYT, dédié au développement de pièces à hautes complications.
Si cette «légende», dixit Vincent Perriard, a choisi le mandat proposé par la toute jeune société – il y travaillera entre 25 et 40% de son temps – plutôt que les offres de grandes maisons du secteur, c’est parce qu’il a tout de suite été séduit par l’innovation de rupture que se risque à apporter HYT dans la montre mécanique. «Je sais à qui j’ai affaire, l’enjeu est maîtrisé, relativise Dominique Renaud. On travaille ensemble depuis six mois et il y a une vraie synergie des cerveaux, une réelle entente entre personnes qui ont envie d’innover.»
«Révolutionner l’horlogerie»
La marque HYT se distingue par ses montres mécaniques à l’affichage hybride, composé d’aiguilles et de fluides, ces derniers étant mus par deux soufflets et un piston. Après deux collections incluant 19 références, l’entreprise veut maîtriser ses innovations, mais aussi améliorer cette technologie. La réflexion se concentre surtout sur l’interaction entre la mécanique et les fluides, indique Vincent Perriard. «Nous ne sommes pas des professeurs Tournesol! Nos concepts ont le potentiel pour révolutionner l’horlogerie telle que nous la concevons depuis presque 500 ans.»
L’une des pistes explorées consiste à rendre les fluides fonctionnels. Qu’ils ne servent plus seulement à indiquer l’heure, mais qu’ils deviennent partie prenante du mécanisme, et non plus seulement actionnés par lui. Les brevets? Une vingtaine a été déposée, par le biais de Preciflex, sa société partenaire, qui appartient aux mêmes actionnaires et qui développe les modules fluidiques. L’univers de la mécanique fluidique «est verrouillé pour deux décennies», assure Vincent Perriard. A l’avenir, les innovations qu’aura apportées Dominique Renaud seront également la propriété de HYT.
Dans l’immédiat, la jeune société prévoit de présenter la 3e déclinaison de son invention, la H3, à l’occasion du salon Baselworld, en mars 2015. D’ici là, HYT aura ouvert deux boutiques en propre, à Kuala Lumpur et à Genève. Elle aura étoffé son réseau, composé d’une cinquantaine de points de vente. Elle aura aussi vendu, d’ici à fin 2014, 550 montres. Des modèles dont les prix varient entre 50 000 et 175 000 francs. Mais l’objectif est d’abaisser à 30 000 francs.
Personnaliser l’innovation
Les acheteurs? Des collectionneurs, ou des amateurs intrigués par la particularité de la marque. «Les clients ont toujours une quantité de questions. Et nous avons des histoires techniques incroyables à leur raconter! Notre recherche et développement est notre marketing», résume l’ancien chef de la communication d’Audemars Piguet. D’ailleurs, Dominique Renaud sera parfois du voyage, lorsque HYT ira présenter ses modèles à certains connaisseurs. Histoire de personnaliser l’effort d’innovation.
L’horloger, auteur de réalisations mécaniques majeures pour IWC, Audemars Piguet ou Jaeger-LeCoultre, ne cache pas que, puisqu’il ambitionne aujourd’hui d’apposer son propre nom sur un garde-temps, l’expertise commerciale de son partenaire lui sera très utile, lorsqu’il aura matérialisé les idées qu’il se réserve pour lui-même.
Servan Peca
LE TEMPS |