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PAR AWP L'horlogerie suisse se dit peu intimidée par les montres intelligentes et donc la "smartwatch" d'Apple. Elle considère cette innovation davantage comme un stimulant que comme un danger.
L'horlogerie suisse se dit peu intimidée par les montres intelligentes et donc la "smartwatch" d'Apple. Elle considère cette innovation davantage comme un stimulant que comme un danger, confirme la société de conseil Deloitte dans une étude.
"Evidemment, les montres connectées constituent un facteur. Mais elles ne sont pas perçues comme un risque", souligne Karine Szegedi, partenaire chez Deloitte Suisse et co-auteure de l'"Etude Deloitte 2014 sur l'industrie horlogère suisse", publiée jeudi pour la troisième fois. La "smartwatch" ne figure qu'au neuvième rang du classement des périls redoutés.
A ce titre, le directeur général de Swatch Group Nick Hayek avait clamé la semaine dernière: "Nous ne sommes pas nerveux. Nous ne vivons pas à l'heure de Cupertino".
Certes, 44% des quelque 50 cadres supérieurs interrogés par Deloitte estiment que cette création représente "le prochain gros produit" ("the next big thing"). Mais la montre intelligente ne concurrence que le segment de prix inférieur à 500 francs, précise Mme Szegedi.
Et cette catégorie ne croît que faiblement, comme l'indiquent les statistiques d'exportation 2013. Le volume des ventes des montres mécaniques à prix élevé progresse, tandis que celui des montres à quartz, meilleur marché, recule.
UNE CHANCE
L'innovation peut, en outre, représenter une chance. Les adolescents, qui n'utilisent que leur "smartphone" pour lire l'heure et n'ont jamais arboré de "tocante", pourraient rafraîchir le marché. "Ces jeunes ne vont pas porter de montre connectée toute leur vie. Ils pourraient acquérir une montre traditionnelle, les années aidant", avance Karine Szegedi.
La branche mise aussi sur des valeurs sûres et éprouvées. "La montre de demain? Le type classique est, encore et toujours, de la musique d'avenir", souligne la chercheuse, renvoyant aux nouveaux modèles de chronographes et autres articles haut de gamme.
Même si l'étude a été menée avant la présentation de l'Apple Watch, "on sait que l'horlogerie suisse prend son temps avant de réagir". Autrement dit: la branche ne se laisse pas stresser par l'arrivée sur le marché des sociétés technologiques.
LES PROBLÈMES VIENNENT DE CHINE
Les fabricants suisses ont d'autres préoccupations. Cinquante-sept pour cent des cadres sondés s'inquiètent principalement de la diminution de la demande des clients étrangers, selon eux le plus gros péril pour leurs affaires au cours des douze mois à venir. Cette proportion n'atteignait que 44% l'an dernier, mais 66% en 2012 déjà.
Les horlogers se soucient particulièrement de l'évolution sur le marché chinois. "Ce dernier est sujet à un double effet. D'une part, la croissance s'y est fortement repliée. D'autre part, la loi anticorruption, en vigueur depuis 2013, influe négativement sur les ventes", explique l'experte.
Auparavant, faire cadeau d'une montre coûteuse à un fonctionnaire corrompu était monnaie courante. De même qu'une petite visite en Suisse, avec un passage chez un bijoutier local.
PROGRESSION EN EUROPE
Cependant, ce changement de paradigme dans l'empire du Milieu est, aux yeux de la branche, jugé positif, et la République populaire est toujours considérée comme un marché de croissance. Les exportations du mois d'août vers le géant asiatique semblent confirmer cet avis.
Elles ont bondi de 16% à 132,1 millions de francs et prolongent la tendance ascendante amorcée en juillet. Ce qui n'empêche pas 13% des dirigeants interrogés d'y pronostiquer un repli, contre 6% l'an précédent.
La Chine n'est pas l'unique source d'inquiétude. Au final, la seule région qui évolue positivement est l'Europe, grâce aux achats de touristes mais aussi en raison de la conjoncture, poursuit Karine Szegedi.
Dans le "top 3" des plus grands dangers identifiés par la branche figurent, sans surprise, le franc fort et le personnel qualifié. Deux tiers des sondés estiment que l'initiative contre l'immigration de masse influera négativement sur leurs activités.
Pour y remédier, 78% prévoient d'encourager et de mettre en oeuvre des formations continues au sein de leur entreprise, tandis que 29% tentent de recruter davantage de main-d'oeuvre hors de Suisse. De plus, nettement plus de fabricants veulent débaucher des employés chez leurs concurrents. Côté apprentissage, la branche met le holà: 42% envisagent d'augmenter le nombre de places, contre 54% l'an passé.
BILAN
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