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La marque de Swatch Group et le détaillant né à Genève sont des alliés historiques. L’enseigne multimarque souffre assez peu de l’appétit moindre des touristes
Huit ans après avoir quitté les présentoirs des boutiques Les Ambassadeurs, Omega fait son retour. Depuis le 15 septembre, quelques centaines de modèles de la marque phare de Swatch Group sont à nouveau disponibles dans les quatre points de vente du détaillant, à Genève, Zurich, Lugano et Saint-Moritz.
Et ce n’est pas seulement parce que l’enseigne propre à Omega, sise à la rue du Rhône à Genève, est en rénovation, précise le directeur Joachim Ziegler, alors qu’une partie du premier étage de la boutique Les Ambassadeurs, distante d’une centaine de mètres, sert d’étalage temporaire pour les modèles de la marque. Ce n’est qu’une coïncidence, Omega serait de toute façon revenue, insiste le patron du réseau.
En revanche, le calendrier de ce retour n’a rien d’anodin. Les Ambassadeurs fête cette année 50 ans d’existence. C’est «le plus beau des cadeaux», se félicite Joachim Ziegler. Et un clin d’œil historique.
En 1964, lorsque le café Les Ambassadeurs change de mains pour devenir une boutique de luxe, l’établissement devient le premier point de vente monomarque de Suisse. Omega est alors le premier horloger à ne plus vendre ses montres uniquement par le biais de ses représentants. C’est la société Gameo, en charge de la distribution d’Omega, qui prend cette initiative. Puisqu’elle distribue aussi Tissot et Audemars Piguet, ces dernières vont rapidement venir étoffer les présentoirs de la boutique.
Mais la collaboration entre Omega et Les Ambassadeurs restera longtemps emblématique. Son point d’orgue, c’est l’ouverture, en 1971 à Zurich, de l’immeuble Omega. Avec sa façade de tôles d’acier, il brise les codes architecturaux de la Bahnhofstrasse. Son allure de grand magasin, de sept étages, marque aussi une rupture avec le concept traditionnel de bijouterie fermée et discrète.
Bien plus tard, en 2006, Omega prend ses distances. Pourquoi? Aucun des deux partenaires ne nous en a livré les raisons. Quoi qu’il en soit, la marque revient aujourd’hui. Et double ainsi sa présence dans un secteur restreint. «Notre réseau de distribution a toujours compris des détaillants, explique Omega. Les boutiques en propre ne les remplacent pas, au contraire, elles sont complémentaires. En plus, cela génère des affaires pour tout le monde.»
Les Ambassadeurs travaille avec environ vingt-cinq autres griffes horlogères et joaillières. «Elles sont toutes traitées sur un pied d’égalité. Notre conseil est neutre, nos vendeurs livrent leur propre avis en fonction de la volonté du client», reprend Joachim Ziegler, lorsqu’on l’interroge sur l’agencement des modèles dans ses boutiques.
A l’inverse d’autres détaillants, la société «n’a jamais souhaité trop se concentrer sur la clientèle de passage», poursuit le patron d’un réseau qui écoule chaque année «plusieurs milliers de montres» dont les prix varient entre 1000 et 1 million de francs.
Les Suisses – «les locaux», corrige-t-il – représentent 40% des ventes. Les touristes, 60%. Ce sont essentiellement des Chinois, des Russes et des Européens, de l’Est et de l’Ouest. Leur appétit? «La croissance est moins forte que ces dernières années. Mais nous sommes assez peu touchés», répète Joachim Ziegler.
Pas assez touchés, en tout cas, pour renoncer à ouvrir, un jour, de nouvelles enseignes. «Nous étudions de nouvelles opportunités», lâche le directeur, refusant d’en dévoiler davantage.
Servan Peca
LE TEMPS
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