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Louis Vuitton inaugure ce mardi sa nouvelle manufacture, basée à Meyrin (GE). Objectif: rassembler trois métiers sous un même toit pour encourager la création et l’innovation
Une «construction en U sur trois étages, avec jardin suspendu». La nouvelle manufacture horlogère La Fabrique du temps Louis Vuitton ouvre ses portes ce mardi. Basée à Meyrin, dans la banlieue genevoise, elle rassemblera sous un même toit La Fabrique du temps et Léman Cadrans. Devisé à une vingtaine de millions de francs – un chiffre que Louis Vuitton ne commente pas –, le bâtiment s’étend sur 4800 mètres carrés et rassemble une centaine de collaborateurs. Hamdi Chatti, vice-président de la division Horlogerie-joaillerie de Louis Vuitton, explique l’importance de ce nouveau site pour la marque parisienne.
Le Temps: Tout d’abord, comment se porte la division Horlogerie de Louis Vuitton? Depuis plusieurs trimestres, les ventes horlogères d’Hermès sont en recul et «préoccupent» son président, Axel Dumas. Pareil chez vous?
Hamdi Chatti: Je ne raconterai pas d’histoires: plus personne ne fait de croissance à deux chiffres aujourd’hui en horlogerie. Nous avons un avantage compétitif qui est de pouvoir vendre nos montres dans notre propre réseau de magasins déjà bien établi. Certaines régions sont moins dynamiques qu’il y a encore trois ans (notamment en Asie). Mais, dans notre cas, nous compensons par d’autres régions du monde. C’est l’avantage d’avoir un réseau de magasins en propre.
– Concernant votre nouvelle manufacture, pourquoi avoir décidé de quitter la grande métropole horlogère qu’est La Chaux-de-Fonds pour Genève?
– Précisons tout d’abord que nous allons continuer à travailler avec nos partenaires de La Chaux-de-Fonds. Pour Louis Vuitton, Genève était un must pour trois raisons. D’abord, la ville possède une aura internationale importante pour notre maison. Ensuite, la ville est très accessible depuis Paris (trois heures de TGV): un argument très important pour nos équipes qui feront de nombreux allers-retours. Enfin, il faut prendre en compte le rachat de La Fabrique du temps: la majorité de nos horlogers étaient déjà à Satigny (commune voisine de Meyrin). La cerise sur le gâteau, c’est la possibilité de disposer du poinçon de Genève.
– Quel a été le principal défi de cette concentration?
– De rassembler trois corps de métiers sous un même toit. Les fabricants de cadrans, les équipes de développement et de fabrication de mouvements et les maîtres d’œuvre (assemblage et contrôle qualité des montres). Mais c’est justement le fait de réunir tout ce monde qui va faire naître la créativité que nous cherchons. Autre défi: s’assurer que tout le monde se sente bien dans ce nouveau bâtiment. Cette transition, nous la préparons depuis déjà 2 ans et demi, quand je suis allé personnellement rencontrer les collaborateurs de La Chaux-de-Fonds.
– Comment s’est passé le regroupement avec le personnel? Sur les cent personnes que vous employez désormais à Meyrin, combien viennent des autres sites?
– Les trois quarts des employés ont accepté de nous suivre. Mais nous avons engagé aussi de nouvelles compétences. Essentiellement tournées vers la recherche et le développement d’une part, et sur les activités logistiques d’autre part.
– Vous répétez volontiers que cette nouvelle manufacture ne vise pas à «unir uniquement des personnes dans un lieu, mais à travers un état d’esprit». Qu’entendez-vous par là?
– Nous voulons encourager la création et l’innovation. Les idées viennent de ceux qui font les choses (cadraniers, horlogers, designers, etc.). Rassembler ces métiers est une opportunité de créer des choses nouvelles. Nous avons installé quelques activités temporairement à Meyrin ces douze derniers mois et cela a déjà donné naissance à de nouveaux projets. La montre Escale World Time est par exemple née de la discussion et de l’émulation de nos équipes.
– Vous entendez également former vos vendeurs dans cette manufacture…
– Exactement. Une division de la manufacture sera dédiée à la formation de nos vendeurs du monde entier, car nous ne voulons pas sous-traiter cette activité. Ils passeront une semaine au sein de nos différents métiers pour mieux connaître le monde de l’horlogerie.
Valère Gogniat
LE TEMPS
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