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L’horlogerie en révision négative
 
Le 30-10-2014

Richemont. Le titre (et Swatch Group) reste sous pression alors que le négoce anticipe un semestre difficile. Publication le 7 novembre.

Cela fait une bonne année que les titres luxe du marché domestique sont sous pression. Mais la tendance pourrait bien s’accélérer sur la fin de l’exercice, sous l’effet cumulé des révisions négatives, qui s’accumulent ces derniers temps, en particulier depuis le début de la semaine. Lundi, Barclays abaissait Richemont de 103 à 100 francs. Hier, Goldman Sachs révisait à la baisse la nominative Swatch Group, de 631 à 592 francs - laissant en revanche Richemont inchangé à 109 francs. Hier toujours, Citi annonçait la coupe de son objectif de cours, de 105 à 97 francs, sur Richemont, par anticipation d’un résultat difficile au premier semestre (exercice décalé), dont la publication est prévue vendredi 7 novembre.

Ce n’est a priori pas dramatique et il serait faux d’y voir un changement de perception radical sur les deux titres phare de l’indice à Zurich. Pour deux raisons. La première est qu’aucune révision n’est en réalité accompagnée d’un changement de recommandation, tous les brokers cités maintiennent les deux titres à l’achat. La seconde raison tient dans l’argumentaire, surtout concentré sur l’absence de support macro sur l’ensemble du secteur luxe. Une manière de confirmer malgré tout la confiance dans les modèles d’affaires respectifs de Swatch Group et Richemont. Une manière encore de souligner que les deux titres en question restent attractifs dans une perspective sectorielle. Et Richemont, et Swatch Group ont sous-performé l’activité luxe, dans une large mesure même, depuis le début de l’année. Richemont a perdu 11%, Swatch Group plus de 24%. Sur la même période, le secteur luxe affiche un retrait de seulement 8%. La correction est importante, mais elle intervient alors que les deux groupes ont profité d’une progression très rapide sur plusieurs années. Entre janvier 2011 et décembre 2013, Richemont a enregistré une hausse de plus de 60%, Swatch Group a réalisé 54% sur la période. La correction en cours depuis le début de l’année, apparait d’ailleurs plutôt saine alors que les deux titres progressent à leur plus haut historique depuis 2011. De fait, les valorisations sont à nouveau dans des multiples comparables aux autres groupes de luxe (hors Hermès, qui fait toujours exception).

La perception du négoce apparait assez consensuelle, avec plusieurs arguments communs. Le point central demeure Hong Kong, dont les événements ont clairement assombri la perspective sur la seconde partie d’année. Un point très sensible pour l’ensemble du luxe, pour les spécialités horlogères suisses en particulier, Hong Kong concentrant 19,3% des exportations (statistiques de septembre 2014). Citi rappelle encore, dans sa dernière note, que le débouché représente 16% des ventes de Richemont. Majeur donc. D’autant plus que les événements spécifiques de Hong Kong ne font que raffermir l’atonie de la demande en Chine continentale, qui n’affiche aucun signe de reprise sérieuse. Avec un effet indirect difficile à mesurer au niveau statistique sur les achats touristiques en Europe, toujours très volatiles et toujours au centre des préoccupations du marché. Si l’on ne considère que l’horlogerie, ces trois périls potentiels (Hong Kong, Chine et tourisme en Europe), touchent très directement 4 des 6 premiers débouchés de la montre swiss made. De manière indirecte, on peut même penser que les Etats-Unis, deuxième débouché pays, soit aussi touché, ainsi que le Japon.

Ce contexte global, plus revêche que prévu en début d’année, devrait avoir un impact visible sur les prochains chiffres intermédiaires de Richemont. Citi table ainsi sur un nouveau tassement des ventes, qui conservent une progression, mais sous le niveau enregistré sur les cinq premiers mois de l’exercice sous revue, passant de +4% jusqu’en août à +3%. Ce qui implique, précise le broker, une décélération marquée en septembre. La vue sur octobre est encore plus sombre, avec un recul de -5%, en comparaison annuelle (+12% en octobre 2013), un effet anticipé de l’absence cette année du relais de la Golden Week en Chine. Par extension, cette détérioration, toujours selon Citi, pourrait être perçu comme un signal négatif sur l’ensemble de l’exercice, voire jusqu’à l’année suivante. Barclays anticipe, sur une base similaire, un recul de la rentabilité de l’ordre de 150 points de base en comparaison annuelle.

La bonne note revient toutefois à la capacité d’un groupe comme Richemont à résister au contexte adverse. Thomas Chauvet, Citi, souligne en particulier la rentabilité supérieure et l’orientation long terme du portefeuille de marque. En plus d’un «risque limité en matière de fusion et acquisition, un management stable, un bilan et un free cash flow solides».

Stéphane Gachet
AGEFI

 



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