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Le joaillier suisse souffre notamment de la lutte contre la corruption en Chine.
La bulle chinoise continue de se dégonfler. Le groupe suisse Richemont a enregistré entre mars et septembre 2014 une chute brutale de 23% de son résultat net semestriel, à 907 millions d’euros. Cette chute est liée à une moindre valorisation de ses couvertures de change, qui l’a contraint à passer des charges de 239 millions d’euros sur le premier semestre de son exercice 2014/2015 décalé. Mais elle montre aussi que le géant de la joaillerie et de l’horlogerie (Cartier, Van Cleef & Arpels, Jaeger-Le-Coultre, Mont blanc, Piaget, IWC, Baume & Mercier, Officine Panerai, Lancel, Chloé, etc) ne parvient plus à croître aussi rapidement. Sur le semestre, son chiffre d’affaires a progressé d’à peine 2 % à 5,43 milliards d’euros. Ce léger gain est très éloigné des performances enregistrées aux premiers semestres des trois années précédentes (+35 % en septembre 2011, +29 % en 2012, +21 % en 2013).
La cause principale de cet essoufflement est la stagnation des ventes en Asie, qui perd son rang de premier marché du groupe au profit de l’Europe et du Moyen Orient. Si Richemont a évité le pire grâce à Taïwan, à la Corée du Sud et à l’ Australie, le recul de ses ventes à Hong Kong et à Macao se confirme, tout comme le repli de la Chine où ses revenus ont chuté de 4% après une perte de 10% lors des six mois précédents. Les manifestations à Hong Kong ont bloqué pendant plusieurs jours l’activité commerciale dans l’ancien protectorat britannique qui est le premier marché de Richemont. Mais c’est surtout la campagne de lutte contre la corruption lancée par le nouveau secrétaire général du Parti communiste chinois, Xi Jinping, qui porte un rude coup aux grandes marques de luxe horlogères.
L’inculpation souvent suivie de peine d’emprisonnement de 20.000 fonctionnaires en un an a réduit du jour au lendemain le nombre de « cadeaux » offerts aux officiels pour leur rôle d’intermédiaire lors de négociations commerciales. Les analystes estiment qu’une montre sur deux dans le monde est vendue à un chinois. La valeur des exportations des montres helvétiques vers la république populaire est ainsi passée de 45 millions de francs suisses (37 millions d’euros) en 2000 à 1,65… milliard de francs (1,37 milliard d’euros) en 2012, selon la Fédération de l’industrie horlogère suisse. Mais l’an dernier, ces ventes ont reculé pour atteindre 1,44 milliard de francs. Il ne fait désormais aucun doute que ce repli ne devrait pas s’arrêter de sitôt.
Pour parer au plus pressé, Richemont a mis au chômage partiel le 1er novembre les 230 employés de la manufacture Cartier de Villars-sur-Glâne. D’autres réductions des horaires de travail pourraient être prochainement annoncées dans certaines marques d’horlogerie du groupe, a révélé le directeur financier Gary Saage. Le recrutement de nouveaux employés a également été ralenti.
Frédéric Thérin
lesechos.fr |