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et des Hublot en guise de pigeons d’argile
Dan Bilzerian est, aux yeux des marques de montres, un « héros » des réseaux sociaux : 5,8 de millions de followers sur Instagram, ça vous pose un homme quand il pose avec vos montres ! Sauf que ce symbole du pire mauvais goût américain est aussi capable des pires mauvais coups contre les marques...
▶▶▶ BALL-TRAP TRAGIQUE
Cet homme est dangereux !
◉◉◉◉ POUR QUELQUES MARQUES SUISSES, Dan Bilzerian est une providence, sinon un effet d'aubaine. Pensez donc : une seule image sur sa page Instagram et c'est 5,8 millions de « vues », avec des centaines de milliers de ♥︎♥︎♥︎♥︎ pour une mise en scène provocatrice (tendance potache pipi-caca, version transgressive pour lycéen acnéique) de filles très déshabillées, généralement blondes à forte poitrine, de gros flingues, de bolides profilés et de montres. Le relais sur Twitter ajoutera un million d'abonnés et la moindre apparition sur son espace Facebook génèrera des centaines de milliers de « J'aime » énamourés. L'idéal pour les marques qui veulent toucher un autre public que celui des médias qui parlent de montres ou des clients traditionnels du réseau horloger. Chez Richard Mille ou chez Audemars Piguet, on frôle l'orgasme quand Dan Bilzerian « passe » une des montres de ces maisons à son poignet, dans une ambiance plus proche de Scarface – son surmoi tapageur – que du Lac des cygnes. Du coup, quelques marques en arriveraient – dit-on, avec un conditionnel de prudence néanmoins très affirmatif – à financer directement leur apparition dans les mises en scène de Dan Bilzerian (tarif annoncé : 50 000 dollars minimum, mais on ne prête qu'aux riches). De quoi fasciner les clients aspirationnels de Singapour : c'est du moins ce qu'on assure à La Chaux-de-Fonds...
◉◉◉◉ LE GARÇON EST LUI-MÊME PLUTÔT AMUSANT, avec un mélange très américain d'extrême mauvais goût – même d'exportation, les Yankees ne brillent généralement par leur raffinement décadent – et de culot à toute épreuve. Ce gosse de riche, pur produit de la bulle Internet et hyper-star auto-proclamée des réseaux sociaux, se plaît à raconter à peu près n'importe quoi sur sa biographie : les journalistes gobent toujours et en rajoutent même dans la fausse indignation admirative pour ce néo-playboy qui va plus loin que Playboy (la revue) en son temps. Aux yeux des wannabees du monde entier [plus généralement américains ou asiatiques], il incarne la « vie des vrais riches » – à peu près comme les oeufs de saumon incarnent la vie rêvée des esturgeons. À 34 ans, ce macho poseur adore encore à côté se faire tirer le portrait à côté d'un jet privé pour faire comme si. La preuve qu'il est ce qu'il dit, c'est qu'il joue au poker : on a les lettres de noblesse qu'on peut. S'il prétend avoir été dans les SEALs (forces spéciales de la Navy américaine), c'est qu'il y a passé deux jours avant de se faire jeter : les méchants disent que c'est pour immaturité mentale proche de la débilité. Ce qui est méchant pour ce grand ami des montres coûteuses, des dollars en épaisses liasses et des substances psychotropes dont il est familier, de même qu'il goûte beaucoup les explosifs et les armes de gros calibre – passions qui lui valent de temps en temps de passer quelques heures, sinon quelques jours, derrière des barreaux qui ne sont pas ces cigares qui complètent sa panoplie de star tapageuse et subrepticement bidon : les initiés affirment que les montres qu'il exhibe avec complaisance sont fausses – on sait que c'est le péché mignon des rappeurs qui furent les idoles des marques horlogères...
◉◉◉◉ ALORS, FORCÉMENT, DE TEMPS EN TEMPS, ça dérape sévèrement. Une poussée de testostérone mal controlée, et c'est l'incident. Comme dans la vidéo (ci-dessus) où ce grand ami de la Suisse bling-bling s'amuse à faire feu au fusil Barrett (l'arme préférée des tireurs d'élite, calibrée en 12,7 mm) sur quelques montres de grandes marques, avant d'en faire des pigeons d'argile pour un ball-trap qui s'impose en vrai bûcher des vanités pour la fierté horlo-helvétique. Les histoires d'amour finissent mal, en général...
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