• Formulaire de contact
• Partager

Sous le choc de la décision de la BNS, les dirigeants des marques de haute horlogerie rechignent à dévoiler leurs sentiments sur les risques qui les attendent. A l’heure où s’ouvre le Salon international de la haute horlogerie (SIHH), ils préfèrent partager leurs émotions pour les bijoux et les garde-temps sortis de leurs ateliers, qui font scintiller les yeux des distributeurs et journalistes venus du monde entier.

Il est vrai que les effets de ce «tsunami» monétaire sont plus subtils à mesurer qu’un simple calcul du change. On l’a vu ces dernières années puisque la branche a été en mesure de surmonter la crise financière de 2007, et la surenchère sur le franc qui a suivi, à un rythme fou. L’attrait pour ces produits est tel que les amateurs font du tourisme en Europe, profitant de la faiblesse de l’euro pour faire leurs emplettes, comme le prouvent les résultats du groupe Richemont, qui enregistre un bond du chiffre d’affaires dans cette région en plein marasme!

Le franc fort permet aussi aux groupes de luxe d’étendre leur empire en développant leur propre réseau de distribution. Ils n’hésitent pas à acquérir des palais à Dubaï, New York ou Shanghai comme écrins pour leurs produits.

En Suisse, «sous le régime» du taux plancher, ils ont investi massivement. Et de nombreux projets sont en vue, visant à rationaliser la production. Les salles blanches remplacent les ateliers qui sentent le bois. Elles ne poussent d’ailleurs pas seulement sur les crêtes du Jura mais aussi en périphérie des villes comme Genève, Nyon ou Bienne. L’industrie horlogère vit une vaste modernisation. Elle a certes les poignets liés par le Swiss made et ne peut pas trouver un échappatoire au franc. Certains vont profiter de la crise pour se repositionner. La grande sonnerie déclenchée par la BNS n’est pas agréable à l’oreille. Mais elle ne sonne pas le glas de l’horlogerie helvétique car la mécanique de précision – et les grandes complications – made in Switzerland ne sont pas délocalisables!

Par Jean-Marc Corset
24heures