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A l’inauguration du Salon de la haute horlogerie à Palexpo, la morosité ambiante est feutrée. Mais les produits brillent
A l’heure de couper le ruban, à l’inauguration du 25e Salon international de la haute horlogerie (SIHH), lundi soir à Palexpo, la musique de la fanfare des Vieux-Grenadiers était solennelle. Mais au cœur des luxueux stands des grandes marques horlogères, on était loin de la marche funèbre annoncée par le glas de l’euro sonné par la BNS. Les horlogers se lamentent guère, célébrant avec fastes leurs dernières créations.
Trop tôt! Telle est généralement la réponse au sujet de la fin du «taux plancher» - maintenant depuis 2011 un seuil de 1,20 franc pour un euro - décidée par l’autorité monétaire suisse.
Adaptations des prix peu évoquée
Rares étaient ceux - comme le patron de Roger Dubuis au micro de la RTS - à évoquer ouvertement une adaptation immédiate des prix. Beaucoup affirment qu’une telle politique est élaborée de manière globale et qu’il est urgent d’attendre pour voir comment vont évoluer ces prochains jours les parités du franc suisse avec l’euro et le dollar.
Ainsi en présentant ses nouvelles collections, le directeur de Baume & Mercier, Alain Zimmermann, relevait: «On parle beaucoup de prix, d’euros et de francs suisses. La marque va faire ce qu’elle doit faire. Mais nous voulons aussi mettre nos montres à portée des gens, rendre le rêve réel». Le fabricant genevois, qui fête ses 185 ans, veut toucher en effet un public jeune, de haute formation, et féminin. Sa fourchette de prix se situe entre 1500 et un peu plus de 6000 francs. «Cette stratégie paie, a-t-il dit. Nous avons eu un très bon mois de décembre».
Bonus pour les frontaliers
Chez une autre marque, une jeune horlogère qui fait une démonstration de son travail d’anglage (finition manuelle du mouvement) sur une pièce de montre haut de gamme confie son impression. Frontalière, la jeune femme est naturellement très contente, à titre personnel, de ce soudain renforcement de son salaire au-delà de ses espérances. Mais elle est parfaitement consciente que l’entreprise en paiera le prix, et peut-être les collaborateurs.
Va-t-on entendre, comme dans les années 90, où les délocalisations n’étaient pas rares, certains patrons menacer de payer leurs employés en euros? Certains rappellent que l’industrie horlogère a beaucoup investi ces dernières années pour renforcer le Swiss made et se prémunir grâce à un outil de production très compétitif.
Début d'année brutal
Le conseiller d’Etat Luc Barthassat s’est inquiété pour sa part, lors de l’inauguration, des retombées de «ce début d’année 2015 qui a démarré de manière brutale». Il a rappelé que le canton de Genève emploie plus de 9500 personnes dans ce secteur et qu’il exporte pour près de 7 milliards de francs en produits horlogers par an. Un chiffre qui était toujours en croissance en 2014.
Il n’empêche, les nombreux professionnels et les journalistes spécialisés venus à Genève de toute la planète, ne semblent, eux, pas très soucieux de l’avenir de l’horlogerie suisse. Ils préfèrent s’émerveiller pour la haute joaillerie ou le tintement, toujours plus subtile, des sonneries des montres à grandes complications. (24 heures)
24heures
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