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De nombreuses marques profitent de l’appel d’air créé par le SIHH
En marge du SIHH, qui a débuté lundi, elles seront plusieurs dizaines, les autres marques, à vouloir profiter de l’appel d’air créé par le Salon de la haute horlogerie. Les indépendants De Bethune, Christophe Claret, Romain Jérôme, HYT, Uhrwerk, MB&F, et bien d’autres encore, exposent leurs nouveautés dans les hôtels genevois entre le 19 et le 23 janvier. Un nouveau salon des indépendants, le SIWP, qui regroupe une douzaine de marques comme Rebellion ou Voutilainen, est même organisé au Casino du Lac, cette année. Deux ans après la disparition du Geneva Time Exhibition (GTE), qui avait rassemblé jusqu’à 60 exposants au Bâtiments des forces motrices, les initiatives parallèles ne diminuent pas. Elles sont même en augmentation.
A l’époque pourtant, le GTE a régulièrement été pointé du doigt, parce qu’il visait clairement à profiter de la présence des milliers de professionnels et de journalistes à Palexpo. «Nous avions le mérite de tenir un salon officiel et déclaré, nos relations étaient cordiales avec les organisateurs du SIHH. Et nous n’avions pas la prétention de leur faire de l’ombre», répond Fabien Hauret, l’organisateur du défunt événement.
Fabienne Lupo, la présidente de la Fédération de la haute horlogerie (FHH), qui organise le salon, déclare s’accommoder de cette concentration de présentations horlogères. «De tels phénomènes existent ailleurs et dans d’autres domaines. C’est assez logique. Ces petites marques ont besoin d’exister, c’est la rançon de notre succès.»
Les grandes marques aussi
Dans le milieu, il se dit que l’agacement du groupe Richemont et des quelques autres exposants du SIHH provient en fait surtout de la présence de marques à grands volumes. Ou des marques appartenant à de grands groupes concurrents.
Hublot, propriété de LVMH, organise par exemple une vente aux enchères à l’hôtel Kempinsky, le mercredi 21 janvier. Ulysse Nardin, en mains du groupe Kering depuis l’été dernier, accueille elle aussi ses clients pendant la semaine à Genève.
Dans ces cas, la pilule est un peu plus amère. «Ce n’est pas très agréable. C’est nous qui avons pris des risques à l’origine, reprend Fabienne Lupo. Nous n’agirions en tout cas pas de la sorte. On ne le fait d’ailleurs pas à Bâle.» La présidente de la FHH y voit néanmoins un signe positif: «C’est une preuve que nous attirons les bonnes personnes à Genève, celles qui comptent dans le milieu.»
Ulysse Nardin, de son côté, n’est pas embarrassé par ce que certains considèrent comme de l’opportunisme. «Ce sont les clients et les journalistes étrangers qui profitent d’être à Genève pour demander à nous voir», justifie Susanne Hurni, sa porte-parole. Ulysse Nardin reçoit donc dans sa boutique du quai des Bergues. Un lieu de rendez-vous restreint, de 50 m2, mais indiscutablement plus central que la ville du Locle, où est basée l’entreprise. Si le GTE n’est plus, c’est parce qu’il s’est un peu trop dispersé, considère un horloger indépendant qui en faisait partie. Trop inconstant, pas assez cohérent dans son positionnement, regrette-t-il. Fabien Hauret réfute, concédant toutefois qu’au fil des ans, «le succès du salon nous a conduits à faire entrer d’autres marques que celles des débuts, qui produisaient des hautes complications».
L’organisateur du SIWP semble avoir été attentif à cette critique. Dans L’Agefi , en décembre, il affirmait sa volonté de rester confiné aux segments supérieurs. En somme, de s’aligner sur le niveau des marques du SIHH.
Servan Peca
LE TEMPS
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