Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

Souhait récurrent d’un going private
 
Le 02-02-2015

Swatch Group. La famille Hayek a exprimé maintes fois sa tentation de sortir de la bourse. Berkshire Hathaway serait le partenaire idéal.


L’abandon abrupt du cours-plancher de 1,20 franc pour un euro par la Banque Nationale Suisse (BNS) et la chute subséquente d’environ 20% des actions Swatch Group ont de nouveau suscité les envies d’un retrait de la bourse (going private) de la part de Nick Hayek. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière sans doute, qu’un tel souhait est exprimé par le président de la direction générale (CEO) de Swatch Group. Son père, Nicolas G. Hayek, l’avait déjà évoqué à diverses reprises, tout en parlant de la mentalité de casino qui domine le marché boursier avec une majorité de spéculateurs orientée vers le court terme.

Une sortie de SIX Swiss Exchange et de BX Swiss comporterait beaucoup d’avantages, dont celui de pouvoir travailler à long terme, sans être soumis aux pressions à court terme du marché et à la bureaucratie qu’entraîne une cotation. Swatch Group pourrait ainsi se consacrer au but d’innover, créer et vendre au monde entier des produits fabriqués en Suisse. Il pourrait se concentrer presque exclusivement sur les produits et les clients. Sans être distrait et être contraint à trop de publicité financière et transparence bénéficiant aux concurrents.

En l’état actuel, et malgré un recul d’environ 30% de la capitalisation boursière de Swatch Group en un an, une offre publique d’acquisition (OPA) sur les actions se trouvant dans le public ne pourrait probablement pas avoir lieu sur une base inférieure à 25 milliards de francs (valeur nette totale du groupe), compte tenu d’une prime d’au moins 20% par rapport à la valeur boursière actuelle (près de 20 milliards de francs, dont 4,3 milliards environ pour le pool Hayek, en particulier 3,8 milliards pour la communauté héréditaire de N.G. Hayek représentée par Marianne Hayek).

La famille Hayek ne peut pas effectuer seule un going private. Elle a besoin d’un ou de plusieurs partenaires pour franchir ce pas. Pour autant qu’elle le veuille réellement et en sachant qu’elle n’est pas confrontée à un problème de succession. Difficile, en l’occurrence, d’imaginer un rachat par endettement (leverage buyout) et une firme de private equity, qui est dirigée par des financiers et a un horizon de temps à cinq ans, voire un peu plus, avant de revendre une participation. En cherchant bien, on observe qu’il n’y a qu’une seule entreprise qui peut aujourd’hui financer une acquisition de cette envergure par du capital propre et a une culture similaire à celle de la famille Hayek et Swatch Group: Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett.

Berkshire Hathaway disposait de liquidités et équivalents supérieurs à 55 milliards de dollars au 30 septembre 2014, dont un niveau minimal et constant de 20 milliards pour les activités d’assurance et réassurance. Warren Buffett peut conclure une transaction en quelques jours lorsque l’autre partie le sollicite et qu’il est convaincu par celle-ci. Même après le décès de Warren Buffett, la culture de Berkshire Hathaway subsistera. Ses descendants et quelqu’un comme Bill Gates, qui est administrateur et actionnaire de Berkshire Hathaway, s’en portent en effet garants.

A l’évidence, une entreprise comme Swatch Group est susceptible d’intéresser Berkshire Hathaway. Quand Berkshire Hathaway reprend tout ou partie d’une entreprise, le souhait est de laisser les dirigeants actuels en place, généralement des gens passionnés par cette tâche, même après avoir vendu leur société. Les familles dirigeantes peuvent ou ont pu conserver une participation dans la société reprise par Berkshire Hathaway (la famille Wertheimer dans le cas d’ISCAR/IMC ou la famille Pritzker dans celui de Marmon Holdings, Inc, respectivement deux transactions de 5 et 7,5 milliards de dollars au total). En leur laissant un droit d’option de vente après un certain nombre d’années.

Berkshire a également testé une autre forme de partenariat, en s’alliant avec 3G Capital, la firme de private equity brésilienne dirigée par le milliardaire Jorge Paulo Lemann, pour acquérir en 2013 H.J. Heinz Company. Une transaction de 12 milliards de dollars pour chacun, financée par une combinaison de cash fourni par Berkshire Hathaway et des filiales de 3G, de rollover de dettes existantes et de financement par de la dette. Avec une part de 50% pour Berkshire, Heinz n’est pas une filiale contrôlée de manière typique, ni un investissement conventionnel dans une société cotée. C’est une structure de participation qui se situe entre les deux. On peut toujours imaginer une structure de participation analogue avec Swatch Group.

La balance à long terme
A court terme, le marché d’actions est une machine à voter mais à long terme, c’est une balance, disait Benjamin Graham. En d’autres mots, il peut connaître des mouvements erratiques et irrationnels à court terme, ce qui crée des prix inefficients, c’est-à-dire qui ne représentent pas la vraie valeur d’une entreprise. A long terme, le marché a tendance à mesurer le juste poids des choses. C’est-à-dire que le cours de l’action suivra la tendance haussière à long terme de la valeur intrinsèque d’une entreprise. Cela ne se passe cependant pas sans grandes fluctuations autour de cette valeur estimée! On le voit en particulier avec les actions nominatives et au porteur Swatch Group. Depuis 1988 à tout le moins, celles-ci battent très largement les indices SMI et SPI. Pourquoi? Parce que Swatch Group est très rentable, notamment avec un rendement des capitaux propres moyens (ROE) de l’ordre de 20% par an, alors que le ratio de fonds propres (equity ratio) dépasse constamment 80%. Le ratio de couverture des dettes courantes par l’actif courant est supérieur à 6,5 ce qui est une autre façon de démontrer une structure de bilan très solide. Le retour sur capitaux employés (ROCE) avoisine également 20%. Les flux de trésorerie liés aux activités opérationnelles ont atteint 1,3 milliard de francs en 2013, au regard d’investissements corporels et incorporels de 622 millions. Au premier semestre 2014, ils se sont élevés à 1,01 milliard (675 millions au 1er semestre 2013). Swatch Group a investi durant cette période près de 350 (272) millions en immobilisations corporelles et incorporelles.

(PR)
AGEFI

 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time