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Christophe Hoppé à l’heure australienne
 
Le 17-03-2015

Créateur de la première marque de montres haut de gamme en Australie, le Mulhousien Christophe Hoppé vient, pour la première fois, présenter sa marque à Baselworld, le salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie de Bâle, qui ouvre ses portes ce jeudi. Ce toqué des tocantes à l’habitude d’être à l’heure H… comme Hoppé.

Quelle heure est-il à Sydney quand on arrive, enfin, à joindre Christophe Hoppé au téléphone ? « Là, il est un peu plus de 20 heures et il fait encore 25 degrés. Chez nous c’est l’été… On est sur la terrasse et je vois un possum passer sur la barrière de la maison. » Un lundi matin pluvieux et froid à Mulhouse, on ne devrait pas avoir le droit d’interviewer un résidant australien qui profite de 300 jours de soleil par an. Trop déprimant, sauf quand on a Christophe Hoppé au bout du fil. Le jeune entrepreneur – même à des milliers de kilomètres – dégage une énergie communicative incroyable. Remonté comme un coucou suisse, rien ne semble l’arrêter. « Depuis le mois de mai 2014, je suis à 100 % sur Bausele, et ça n’arrête pas. Actuellement les bonnes nouvelles s’enchaînent. Et puis on est invité à la foire de Bâle. Jamais je n’aurais imaginé. Même si c’est beaucoup d’argent en jeu, on a une incroyable opportunité. »

Baselworld est à la montre ce que le marché de Richerenches est à la truffe, et Christophe Hoppé a bien l’intention d’être à l’heure pour la grand-messe de l’horlogerie mondiale, histoire de boucler une boucle commencée à Mulhouse puis Genève, poursuivie à La Chaux-de-Fonds et prolongée dans la baie de Sydney.

Allez, on remonte le temps. Ce Mulhousien passé par le lycée Montaigne, une prépa HEC, l’Inseec à Paris et une école au Luxembourg apprend la finance avant d’être consultant pour Pricewaterhouse-Coopers, au Luxembourg et en Suisse. « J’ai travaillé à Genève et découvert le monde de l’horlogerie, en 2003. Ça a été une révélation. » À 28 ans, Christophe Hoppé devient alors directeur financier chez TechnoMarine avant de travailler pour Universo, une branche du groupe Swatch, qui produit, depuis près d’un siècle, des aiguilles de montres et pendulettes pour l’ensemble de l’industrie horlogère. « Travailler pour le Swatch Group, le numéro un mondial de l’horlogerie m’a tout appris en matière de composants. C’est vraiment là que j’ai posé les bases de la création de Bausele. »

Fringues et galère

Le jeune homme est pressé – trop peut-être pour un groupe aussi vaste que Swatch. Surtout, en Suisse, il rencontre Alexandra, une danseuse contemporaine professionnelle australienne qui va devenir son épouse. « Chez Universo, comme directeur financier, j’avais tout. Le bon poste, la place de parking réservée, la secrétaire… À La Chaux-de-Fonds, j’étais au cœur de l’industrie horlogère. Quand t’es là-bas, tu sais tout. » Il sait beaucoup de choses, mais le jeune homme – attaché au secteur financier – a l’impression de ne pas pouvoir s’exprimer. « Avec Alex, on a décidé de partir en Australie, sans point de chute professionnel. J’ai mis sept mois pour trouver du travail. Mon CV ? Ils n’en avaient rien à faire. L’Australie, ce n’est pas aussi simple que le laissent parfois penser les médias français. Et encore, nous, nous avions la famille d’Alexandra et ses amis pour nous accueillir. » Avant de nager dans la baie de Sydney, l’ancien basketteur d’Illfurth et du MBC – il mesure plus de 2 mètres – rame copieusement pour surnager, dans un pays ou de plus en plus d’immigrés cherchent à se faire une place au soleil.

Christophe Hoppé arrive finalement à décrocher un poste de directeur financier chez Hurley, une marque de fringues de skateurs-surfeurs, contrôlée par Nike. En parallèle, il décide de créer une marque de montres australiennes « swiss made » – c’est-à-dire avec un mouvement et un assemblage réalisés en Suisse. Il s’associe avec un autre Français, Dominique Portier, et crée de toutes pièces, en 2011, Bausele (pour « Beyond Australian Elements »). Les mouvements viennent de chez Isaswiss, l’assemblage est réalisé à Mendrision (canton du Tessin), mais le design et la conception sont l’œuvre du Mulhousien exilé. « Là-bas, il n’y a pas encore cette culture de la montre haut de gamme. En Australie, quand tu fabriques quelque chose, il faut juste que ce soit robuste. C’est pourquoi on a débuté nos premiers modèles avec un mouvement quartz pour rester dans des tarifs abordables. »

4000 montres déjà vendues
Dans un premier temps, Christophe fait de la vente exclusivement en ligne et joue magistralement le buzz en associant le nom de sa marque avec des sportifs australiens connus. Adrian « Ace » Buchan (surf), Rachel Neylan (cyclisme), Grant Aris (danse), Élisabeth Wise (sauvetage en mer), Nicolas Lunven, Julien Villonet et Jean-Pierre Nicol (yachting) portent tous une montre Bausele. Le filon est porteur, et Christophe le creuse inlassablement en « signant », en 2014, Andrew Bogut, le basketteur vedette australien qui joue en NBA, mais aussi la navigatrice Lisa Blair, Matt Abood le nageur, ou le golfeur Jason Hatton. « Ici, le sport, c’est comme une religion. Tout le monde en fait tous les jours, explique un entrepreneur qui se fait aussi remarquer en intégrant un élément du sol australien dans chaque montre. La couronne contient soit du spinelle noir, du sable blanc, de l’opale bleu ou la fameuse terre rouge du bush australien, « et puis j’ai rajouté du cuir de kangourou dans les bracelets pour résister à l’eau salée. Aujourd’hui, on arrête la distribution via internet pour se concentrer sur les distributeurs. C’est une évolution logique. Au début, tu n’as pas le choix, il faut vendre, se faire connaître, car aucun détaillant ne veut de tes montres. Maintenant, on est dans deux magasins à Sydney, quatre boutiques en Australie, un distributeur à Singapour. Depuis 2012, on a 4000 personnes qui portent nos montres. »

La gamme se compose actuellement de huit modèles dont une toute nouvelle et magnifique Terra Australis à près de 3500 $. « On monte clairement en gamme, avec une offre de 500 à 3900 $ US. C’est un passage obligé pour donner de la marge aux détaillants. Et puis il y a la hausse du franc suisse. Il faut acheter les mouvements dans cette monnaie, puis répercuter au client… » Durant quatre jours, du 16 au 26 mars, Christophe Hoppé va jouer gros. Il sait qu’avec son stand de 14 m² (stand F38, hall 2.2) payé un bras garni de montres de luxe, il va devoir convaincre les spécialistes de l’art du décompte du temps, accrocher des journalistes du monde entier pas forcément enclins à promouvoir l’exotisme horloger, signer des bons de commandes avec des revendeurs curieux de proposer à leurs clients un bout d’Australie à accrocher au poignet.

« On vient à Bâle pour raconter des histoires, vendre aussi le rêve australien. C’est une chance incroyable d’être ici, mais aussi un sacré pari financier. On ne peut pas se rater. J’espère arriver à vendre pour 500 000 $ de montres. On a maintenant un distributeur français et on proposera prochainement un modèle pour le marché américain. »

Australian way of life
À Baselworld, le stand Bausele sera aux couleurs de l’« australian way of life » et à l’heure suisse. Pile au rendez-vous où cet étonnant Mulhousien s’était promis d’exposer, quand il a quitté l’Europe pour l’Océanie. Jeudi, pour Christophe Hoppé, ce sera doublement l’heure H.

lalsace.fr

 



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