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Baselworld, le salon international de l'horlogerie et de la joaillerie, se tient à Bâle du 19 au 26 mars. Sa nouvelle star : la smartwatch.
Cette année encore, Baselworld accueillera durant une semaine les plus grands noms de l'horlogerie suisse, mais aussi plus largement du monde entier. Un nouvel arrivant devrait cette fois venir perturber le ballet bien réglé de ce grand rendez-vous annuel : la montre connectée. Alors que ce salon incontournable dans le secteur du luxe attend 150 000 visiteurs, selon les organisateurs, leurs regards ne se porteront pas seulement vers Rolex, Patek Philippe, Omega et Breguet, deux marques de prestige de Swatch Group, le numéro un mondial de l'horlogerie, ou bien Zenith, propriété du français LVMH. En effet, malgré les pluies de diamants et les trésors de précision qui y seront présentés, les montres connectées devraient au moins en partie leur voler la vedette, à quelques semaines seulement du lancement de l'Apple Watch.
Le Swiss Made prêt à répliquer à Apple
Il faut dire que le géant californien de la technologie, qui a déjà bouleversé le monde de la musique et des télécoms, affiche de solides ambitions pour ce produit "révolutionnaire", selon Tim Cook, son directeur général, qui entend ouvrir "un nouveau chapitre" dans l'histoire de la marque à la pomme. D'autres groupes technologiques sont également sur les rangs, à l'instar notamment de son rival sud-coréen, Samsung. Récemment, les horlogers suisses ont cependant multiplié les annonces de produits à fort contenu technologique. La marque genevoise Frédérique Constant va ainsi lancer une montre qui se veut "une passerelle entre la Silicon Valley et la Suisse". Mondaine, le fournisseur officiel des chemins de fer suisses, va également présenter sa montre intelligente tandis que Breitling lèvera le voile sur un chronographe connecté, conçu pour les pilotes d'avion.
Même le patron de Swatch Group, qui s'était longtemps montré très réservé, a franchi le pas, en annonçant la semaine dernière que ses montres seraient prochainement équipées de la technologie NFC, permettant notamment de réaliser des paiements sans contact. Une technologie qui présente le triple avantage de ne pas réduire l'autonomie des montres, de ne rien changer à leur apparence et... d'être très peu onéreuse à intégrer. "Le fait que les horlogers s'intéressent à la technologie prouve bien qu'ils peuvent y perdre des parts de marché", a estimé pour l'AFP Dinah Sultan, responsable des accessoires au sein du bureau de style parisien Peclers. Bien que le modèle de base, à 349 dollars, se situe bien en dessous de la gamme des prix pratiqués par les horlogers suisses, Apple vient empiéter sur leurs plates-bandes avec son modèle du luxe qui sera vendu au-delà de 10 000 dollars. "À ce prix, il y a une barrière psychologique. Mais avec Apple tout est possible", estime Dinah Sultan.
Entre ralentissement en Chine et hausse du franc suisse
La concurrence des montres connectées n'est pourtant qu'un des défis que doivent relever les horlogers. Déjà fortement touché par les mesures de lutte contre la corruption en Chine, ce secteur très sensible aux fluctuations de change doit composer avec les secousses sur le rouble, qui grignote le pouvoir d'achat de la clientèle russe, mais aussi avec la flambée du franc suisse depuis que la Banque nationale suisse (BNS) a abandonné, mi-janvier, l'instrument qui limitait sa hausse face à l'euro. Plusieurs marques suisses ont d'ailleurs rapidement annoncé qu'elles allaient augmenter leurs tarifs afin de protéger leurs marges face à l'explosion de leurs coûts de production en Suisse. "Leur pouvoir sur les prix reste cependant bien meilleur que dans d'autres industries", souligne Scilla Huang Sun, gérante du fonds JB Luxury Brands. Baselworld est suivi de près par les investisseurs dans la mesure où les détaillants viennent y passer le plus gros de leurs commandes annuelles. "Pour 2015, la question principale sera de savoir si l'Europe va se redresser", estime la gérante, qui s'intéressera à la fois au sentiment des horlogers sur les achats touristiques mais aussi de ceux des consommateurs locaux. "L'autre question clé sera les États-Unis, qui devraient continuer de bien se porter." L'an passé, les exportations de montres suisses y ont progressé de 6,2 %, offrant un relais de croissance face à la stagnation à Hong Kong et à leur repli en Chine.
Par JUDIKAEL HIREL (AVEC AFP)
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