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La course à la montre connectée prend les horlogers suisses à rebours
 
Le 23-03-2015

Craignant d’être en retard sur ce marché pressenti comme immense, plusieurs marques font des annonces... sans rien montrer!

Au salon international de l’horlogerie, à Bâle, on s’agite beaucoup cette année. C’est sûr, les capteurs d’activité cardiaque des managers de l’horlogerie suisse enregistreraient pour la plupart des pics alarmants pour leur santé. Seulement voilà: si l’effervescence est à son comble dans la course à la montre connectée, il n’y en a pratiquement aucun qui porte un de ces appareils, en état de marche. Donc, pas d’alarme digitale à craindre! Jeudi, Jean-Claude Biver, pdg de Tag Heuer (groupe LVMH), a annoncé la couleur: «nous n’allons pas dévoiler ici une smartwatch, mais un partenariat». Avec Google et Intel, certes. Mais il faudra peut-être attendre la prochaine édition de Baselworld pour pouvoir la tester.

Ne pas rater le train

Cela dénote surtout l’urgence de montrer que l’on ne va pas rater le train de ce nouveau marché, qualifié de vital pour l’industrie horlogère, et que l’on ne le snobe pas. Au risque d’être considéré comme aussi dépassé que les anciens horlogers face à l’arrivée du quartz dans les années 70. Les analystes n’ont-il pas annoncé un marché qui pourrait représenter jusqu’à 28 millions d’appareils vendus cette année déjà? Si d’aucun, à l’image d’Alain-Dominique Perrin, dirigeant du groupe de luxe Richemont, voit dans la montre connectée «un phénomène de mode», d’autres, tel Ronald Bernheim, un des copropriétaires de Mondaine, ou Manuel Emch à la tête de la petite entreprise horlogère genevoise Romain Jerome, - qui observe cette évolution techno mais dont «ce n’est pas le métier» - estiment que cette nouvelle concurrence doit être prise au sérieux. «Je me situe dans le camp des inquiets, affirme ce dernier, qui a oeuvré 10 ans dans le groupe Swatch. Principalement dans le segment de montres entre 300 et 1000 dollars. Le poignet est le seul endroit périphérique pour mettre cet objet connecté. C’est un endroit stratégique dans l’évolution de la technologie portative».

Firme venue du domaine de la santé

Chez les fabricants de montres suisses, plusieurs ont donc choisi de mettre les bouchées doubles face à l’arrivée en force de smartwatch lancées l’an dernier par les sociétés électroniques. A Baselworld, on découvre notamment la marque parisienne Withings dont les montres analogiques - produites en Suisse - intègrent un suivi d’activité physique (pas quotidiens, sommeil, pression, etc). La société vient du domaine de la santé. Connectées au smartphone via IOS ou Androïd, certaines sont déjà en vente en Suisse.

Chez les marques traditionnelles helvétiques, une dizaine au moins ont annoncé leurs projets cette semaine à Bâle. Mais c’est le Genevois Frédérique Constant - et la marque Alpina qui lui appartient - qui est le plus avancé. Il a lancé son premier prototype il y a un an et demi. Après une présentation du produit à Genève, San Francisco et Tokyo, fin février, l’entreprise est en pleine production et livrera ses premiers modèles en avril. «Avant Baselworld, nous avions déjà 10'000 pré-commandes, indique Peter Stas, fondateur et dirigeant de la marque. Grâce à son alliance avec la société de la Silicon Valley, Fullpower, pour la connectivité et les applications, son «Horological Smartwatch» permet aussi à l’utilisateur d’avoir son «coaching intelligent» via le smartphone. Mais la montre garde ses dorures et son habillage de luxe habituel.

Un autre fabricant a déjà adopté la nouvelle plateforme créée par la joint-venture entre Fullpower et Frédérique Constant, MMT, que Peter Stas voulait ouverte: Mondaine Watch. Sa montre à aiguille connectée - fonctionnant sous Androïd et IOS via Bluetooth - sera lancée d’ici la fin de l’année. A noter que Mondaine a lancé une nouvelle ligne de montres avec un symbole helvétique, autour dela typographie Helvetica. Mais la célèbre gamme des CFF, munie d’une aiguille des secondes, devrait aussi se décliner sous forme de smartwatch.

Société valaisanne

Parmi les autres marques qui vont se lancer sur ce marché des montres connectées, Gucci est associé à will.i.am, pour un instrument-bracelet très branché musique ou Bulgari, qui a adopté la même technologie que le groupe Swatch, basé sur la technologie NFC (à contact rapproché), indépendante du smartphone mais gérée par l’ordinateur, permettant les paiements, l’ouverture de portes ou le démarrage de sa voiture. Breitling est également présent avec la B55 connected, qui n’est «pas une extension du smartphone» mais travaille «en couple» avec la montre, celle-ci enregistrant diverses mesures.

A relever que les Frédérique Constant, Alpina et Mondaine, contiennent des composants de mouvements Soprod, filiale du groupe international Festina, dont on attend de savoir lesquelles de ses marques - Festina, Candino, Jaguar, Lotus Calypso - auront leur modèle connecté. Toujours est-il que le groupe Festina a investi pas loin de 10 millions de francs depuis 18 mois chez Soprod en R&D - notamment en Valais - pour fournir sa solution de technologie connectée, nous indique Gérald Roden, vice-président. L’entreprise, qui est en contact avec de grands groupes, nous dit-il, est en mesure de fournir des centaines de milliers de mouvements connectés, équipés d’un dispositif de contrôle à distance.

24heures

 



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