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Dans un Grand Théâtre de Genève bondé, Richard Mille associé à Guenat SA-Montres Valgine aux Breuleux a décroché mercredi soir l'Aiguille d'Or, la récompense la plus élevée dans le monde de l'horlogerie helvétique. La montre primée a joué des coudes parmi 400 modèles. Formule 1 tant au niveau technique qu'esthétique, la RM 012 est le fruit d'une rencontre et d'une passion. Ce succès projette, si besoin était, la firme Valgine aux Breuleux, sur les devants de la scène.
C'était la foule des grands jours mercredi soir au Grand Théâtre de Genève pour la remise du Grand Prix de l'Horlogerie, septième du nom. Horlogers bien sûr, collectionneurs, acteurs de la branche, étaient bien là pour assister au sacre des plus belles montres de la planète. C'est Lolita Morena et Christian Luscher qui ont procédé à la cérémonie devant un jury formé de professionnels de la branche provenant du monde entier.
Une rencontre, une passion...
En plus des neuf catégories en compétition, il y a l'Aiguille d'Or, la récompense la plus prestigieuse. Elle est revenue à Richard Mille qui est associé à Valgine SA aux Breuleux.
C'est l'histoire d'une rencontre qui s'est produite en 1988 entre Dominique Guenat, le boss de Guenat SA- montres Valgine, et Richard Mille, le créateur français qui travaillait à l'époque pour CGH (Compagnie Générale Horlogère) à Besançon et Paris. Ce sont d'abord quelques pièces ciselées pour le joaillier Mauboussin à Paris, du haut de gamme. Puis, de fil en aiguille, l'association va prendre corps. Après analyse du marché, le duo mise sur un concept résolument novateur, une montre moderne avec des moyens modernes. Cela va se traduire par des années de recherches, la création de la société Horométrie et la sortie en 2001 du premier produit, une montre à tourbillon réalisée en 17 exemplaires... «Si nous fabriquons des séries limitées, c'est que c'est déjà un casse-tête pour en fabriquer une», commente Dominique Guenat. Par la suite, certaines trouvailles, certains produits pourront bien sûr servir à des plus grandes séries.
Bijou technologique
La RM 012 qui a décroché le pompon est révolutionnaire à plus d'un titre, aussi bien esthétique que technique. Sur le plan esthétique, cette montre se veut un ensemble architectural en trois dimensions sur une structure tubulaire posée au micron près! A l'image des voitures de Formule 1. Sur le plan technique, les deux compères ont misé dans leurs différents développements sur des matériaux nouveaux comme le titane, plus rigide, et le carbone (pour les platines). Sans parler de prouesses technologiques comme la réserve de marche nantie d'un capteur de couple, indicateur du parfait fonctionnement du produit. Sans oublier un sélecteur de fonctions - à l'image d'une boîte à vitesse - qui permet le remontage, la mise à l'heure dans une position neutre. Le jury de Genève a non seulement sacré une montre mais tout un processus de développement.
Produite à 30 exemplaires, la RM 012 coûte... 512'000 francs. Et voici déjà la RM 016 qui pointe le nez pour cette fin d'année, une montre rectangulaire extra-plate.
Pour parvenir à de tels chefs-d'œuvre, Richard Mille et Dominique Guenat s'appuient sur un bureau technique et de développement de quatre personnes. Ce dernier sera bientôt renforcé par l'arrivée d'un constructeur horloger. Pour de nouveaux défis et des exploits qui font la renommée de toute une région.
Le Quotidien Jurassien / Michel Gogniat |