La marque IWC ne se contente pas de collectionner les succès horlogers. Désormais, elle place l’écologie au cœur de ses préoccupations. Et en retire un bénéfice certain. Eclairage.

Méfions-nous des apparences. Le dicton s’applique à la manufacture horlogère IWC. Et pourtant, on pourrait en douter: ses publicités n’hésitaient pas à jouer la carte macho, rappelant que ses montres sont presque aussi compliquées que les femmes, mais avec la ponctualité en plus.

Alors Georges Kern, le patron de la marque de Schaffhouse, est-il un dur de dur qui manque de délicatesse et de savoir-vivre? C’est à peu près tout le contraire. Prévenant en toutes choses, ce manager pense juste et, de surcroît, il pense vert. Ou plus précisément écologique.

C’est ainsi que la société s’est lancée dans un grand programme de rénovation pour que ses usines le long du Rhin arrivent à un bilan environnmental positif. «Au départ, c’était une motivation personnelle. Mais qui va de pair avec une stratégie d’entreprise. »

Depuis son arrivée à la tête de la marque, en 2002, Georges Kern, expert en marketing, table sur une communication qui produit du sens. Son postulat de base: miser sur l’intelligence de l’amateur de belles montres.

Pour y parvenir, la marque fait évoluer sa publicité, tisse des liens forts avec le monde associatif (notamment avec la Fondation Saint-Exupéry, l’Equipe Cousteau ou la Fondation Laureus Sport for Good) et pousse le service des relations publiques à travailler sur le front de personnalités ambassadrices lors de soirées aussi chics que prisées. Puis, IWC s’est donné un nouvel objectif, celui de rendre sa production «carbon neutral». Dans la branche horlogère, la manufacture est la première à sauter le pas. «Nous avons divisé par trois notre impact sur l’environnement, tandis que le nombre de pièces quintuplait. » Même si la fabrication de garde-temps reste une activité peu polluante, il fallait s’inscrire dans une logique d’«action à notre niveau».

Créer un cercle vertueux

Résultat? «Un engouement fantastique à l’interne, relate Georges Kern. Nous n’avons jamais eu autant de témoignages de gratitude venant de nos collaborateurs, bien au-delà de ce qu’ils expriment après une augmentation de salaire, par exemple. » Il faut dire qu’IWC a vu grand: l’appareil industriel a certes été repensé, mais les employés peuvent également percevoir des incitations à vivre de manière plus écologique. Parmi les mesures qui se mettent en place cet automne, une prime de 5000 francs aux collaborateurs qui installent une pompe à chaleur chez eux. Ou une offre nouvelle de transport en commun pour pallier l’augmentation des prix du parking situé devant la manufacture. Globalement, IWC a ainsi pré- vu d’allouer 250 000 francs par an au fonds vert qui est destiné aux 450 collaborateurs travaillant sur le site de Schaffhouse. Un bilan sera établi dans les douze mois pour évaluer les mesures qui fonctionnent, celles qui produisent des effets intéressants et ajuster le tir si besoin est.

«Je suis tout sauf un fondamentaliste de la cause. Pourtant, il faut bien reconnaître qu’en devenant plus écologique, nous économisons de l’argent, surtout lorsque le baril de pétrole atteint les 100 dollars. Par ailleurs, des études menées en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis démontrent que 85% des consommateurs préfèrent acheter des produits émanant d’entreprises adoptant un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement. »

Autant dire que l’approche d’IWC vise à créer un cercle vertueux qui profite à tous, de l'horloger à son client en passant par l’ensemble de la communauté. «Nous devons prendre de la distance avec l’écologie telle qu’elle était pensée dans les années 1970. Aujourd’hui, tout le monde souhaite s’impliquer dans l’avenir de la planète, alors autant inciter les bonnes volontés plutôt que de les contraindre», conclut le patron.

Bilan / Par Stéphane Benoit-Godet