Genève privée de son Musée de l'horlogerie? Impensable pour les radicaux, qui entendent forcer la mairie à accélérer le tempo. Début novembre, le Conseil administratif gelait le projet de rénovation dudit musée, cambriolé en 2002 et fermé depuis. Trop cher, arguait-il. Mais le grand vieux parti souhaite battre le fer pendant qu'il est chaud. Ni une, ni deux, voilà qu'il dépose une motion réclamant non plus une rénovation, mais la construction d'un nouveau bâtiment à la place Sturm, derrière l'église russe, dans le quartier des Tranchées.

«Plus tôt on le fait, moins cher cela coûtera», estime le conseiller municipal Simon Brandt. Car, explique-t-il, le musée actuel tourne à vide. Une conservatrice y travaille, les activités administratives et scientifiques se poursuivent, «et chaque année, la Ville acquiert de nouvelles pièces». Le public, lui, n'en profite qu'avec parcimonie, lorsque les collections sont montrées au Musée d'art et d'histoire.

Cette situation d'hibernation déplaît à Simon Brandt. «Voilà cinq ans que rien n'est fait. Soit la Ville vend tout et se désengage, soit elle participe pleinement à la renaissance du musée.»

Patrice Mugny sans avis
En déposant cette motion, les radicaux espèrent aussi pousser Patrice Mugny à sortir du bois. «L'un de nos buts est de lui faire dire quelle est sa politique en matière de musées.» -Contacté, le magistrat Vert en charge de la Culture temporise. Il attend le débat du Conseil municipal pour se prononcer.

Le Parti radical évalue le prix d'un nouveau musée à une quinzaine de millions de francs, soit deux millions de plus que le coût d'une hypothétique rénovation du bâtiment existant, -indispensable pour des raisons de sécurité et d'assurances.

Une annexe du Musée d'art et d'histoire
La place Sturm semble tout indiquée à Simon Brandt pour accueillir ce nouveau musée. «A cet endroit, il pourrait fonctionner comme une annexe du -Musée d'art et d'histoire.» L'élu pense en outre que faire participer les manufactures horlogères à la réalisation de ce nouvel écrin serait envisageable.

C'est la seconde fois en quelques années qu'il est question d'implanter un musée sur cette large esplanade. En 2001, il était prévu d'y réaliser un nouveau Musée d'ethnographie. Devisé à plus de 100 millions de francs, le projet avait été balayé en votation populaire.

Du chemin à parcourir
D'ici à ce que l'idée radicale parvienne à ce stade, de l'eau aura coulé sous les ponts. La motion doit tout d'abord séduire une majorité du Conseil municipal. Si tel est le cas, le Conseil administratif sera chargé d'élaborer un projet, qui repassera devant l'hémicycle. Alors seulement, s'il l'accepte, le peuple pourrait être appelé à se prononcer en cas de référendum. Le public n'est donc pas prêt d'admirer en tout temps la collection de montres de la Ville de Genève.

Tribune de Genève / Jérôme Faas