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Avec Vaucher, La Montre Hermès veut passer à la vitesse supérieure Le pôle horloger d'Hermès a acquis une nouvelle dimension ces derniers mois. La marque, active à 95% dans le quartz, a franchi une étape fondamentale dans sa quête de légitimité sur le créneau de l'horlogerie mécanique. Grâce au rachat de 25% de la manufacture horlogère Vaucher à Fleurier (NE), La Montre Hermès va progressivement pouvoir monter en gamme et augmenter sa part de montres de haute complication. Cette transaction, devisée à 25 millions de francs, sera une nouvelle rampe de lancement pour la filiale du groupe de luxe français, qui fête cette année ses 170 ans. Il n'est pas prévu qu'Hermès augmente ses parts dans Vaucher, avec qui le groupe collabore depuis 2003.
«Les montres Hermès ont maintenant près de 30 ans. Nous entrons dans l'âge de la maturité», confie Emmanuel Raffner, directeur général de La Montre Hermès. Il n'est pas exclu à terme que la marque participe avec Vaucher, en mains de la Fondation de famille Sandoz, à l'élaboration de nouveaux mouvements. Cette transaction permet aussi à Hermès de s'assurer l'approvisionnement des mouvements dont elle a besoin dans un environnement où les goulots d'étranglement se multiplient à tous les niveaux. ETA et Valjoux continueront toutefois d'assurer la livraison des mouvements à quartz et mécaniques de base.
Près de 100 employés
Une évolution qui vise également à gagner davantage de clientèle masculine, alors que les femmes représentent la part du lion avec 90% des ventes. «Au niveau du groupe, les hommes comptent pour 35% de la clientèle. Nous avons encore un fort potentiel de progression», selon Emmanuel Raffner. Si Hermès, dont l'actionnariat est à plus de 70% en mains des descendants du fondateur, veut monter en gamme, ce n'est pas uniquement pour la beauté du geste mais parce que ce créneau est des plus porteurs.
Etablis à Brügg (BE) depuis 1999 dans un bâtiment particulièrement spacieux et lumineux alors que la création du pôle horloger en Suisse remonte à 1978, les ateliers horlogers comptent désormais 91 collaborateurs. La production 2006 de montres s'est élevée à 127.000 unités. Soit un chiffre en progression de 5,8% par rapport aux 120.000 pièces de l'année précédente. En valeur, les ventes des produits horlogers d'Hermès ont progressé de 8%. Le prix public moyen atteint 2700 francs.
Ces dernières années, la progression des ventes horlogères d'Hermès n'a pas entièrement suivi la courbe ascendante que connaît le secteur. Alors que l'horlogerie suisse a affiché des taux de croissance de 10% ces dernières années, Hermès Montres a par exemple affiché une progression de 4% en 2005.
En 2006, l'expansion a été plus prononcée, selon Emmanuel Raffner. Le directeur évoque un chiffre d'affaires sortie d'usine de 120 millions de francs, soit une hausse de près de 8% par rapport à l'exercice précédent. En 2005, le groupe faisait part de ventes horlogères de 104 millions d'euros (167 millions de francs). Pour mémoire, les exportations horlogères suisses sont attendues au moins à +12% pour la même période.
Résistance aux cycles
Comment expliquer qu'Hermès, pourtant le groupe le plus rentable de l'industrie du luxe avec une marge opérationnelle attendue pour 2006 à 27,1%, sous-performe le marché? Le directeur explique que la production d'Hermès se situe essentiellement dans le quartz, un secteur où la croissance de la branche est nettement inférieure au haut de gamme et aux métaux précieux comme l'or. De plus, dans les périodes de surchauffe, le groupe réalise souvent des résultats légèrement en dessous du secteur tandis qu'en période de crise économique, Hermès affiche de meilleurs chiffres que ses concurrents, renchérit Emmanuel Raffner.
La tendance commencerait toutefois à s'infléchir. «Dans les montres mécaniques, nos ventes ont crû de 46%.» Des objectifs ambitieux ont été assignés à ce pôle, qui représente 8% du groupe. A savoir une croissance d'un peu moins de 10% par an ces dix prochaines années. Un moyen de tordre le cou aux reproches répétés de prudence du groupe, énoncés par la communauté des analystes financiers.
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