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Le premier modèle de Swatch, noir et blanc, avait été présenté à Zurich le 1er mars 1983. Depuis, il s’en est vendu plus de 333 millions.
La présence de Mélanie Winiger, ex-miss Suisse et accessoirement future épouse du rappeur vaudois Stress, n'y change rien: hier, sur la scène où se déroule la conférence de presse, tous les yeux sont rivés sur le one-man-show de Nicolas G. Hayek. Le président du groupe Swatch, qui a fêté cette semaine ses 80 ans, signe des autographes à quelques «fans», munis pour l'occasion d'un des ouvrages biographiques consacrés au grand homme.
Rares sont les figures de l'économie à jouir d'une telle popularité. Sa personnalité, haute en couleur, y a certes contribué. Mais elle est associée, dans l'inconscient collectif, aux montres en plastique qui passent elles aussi un cap cette année; celui de leurs vingt-cinq ans d'existence. Le bilan du groupe biennois sera détaillé le 19 mars. Mais on sait d'ores et déjà que Swatch, après avoir connu un creux au début des années 2000, a retrouvé toutes ses couleurs.
«Avec 17% l'an dernier, Swatch s'est offert le luxe de surpasser la croissance de marques comme Rolex ou Patek Philippe. Swatch est la deuxième compagnie du groupe en termes de chiffres d'affaires, et la première à faire tourner nos 160 usines», nous confie-t-il. Le premier modèle, noir et blanc, avait été présenté à Zurich le 1er mars 1983. Une cinquantaine de composants au lieu des 100, 200, voire 350 que comprend une montre compliquée , un boîtier et un bracelet en plastique, le tout pour un coût de revient de 8 francs.
Les têtes couronnées en sont toquées
Une «révolution», c'est le terme qu'il emploie, est en marche. La montre devient populaire, créative et accessoire de mode, avec des collections saisonnières, comme en haute couture. Des 3 millions d'exemplaires vendus en 1984, Swatch a dépassé les 333 millions. Mais pour Nicolas Hayek, la révolution dépasse le seul produit, dont l'origine du nom est une contraction de swiss et watch.
«Peu de gens l'ont compris, notamment parmi la population suisse. Mais l'innovation ne s'est pas cantonnée au quartz ou à la batterie. C'est l'image de la Suisse qui est vendue à travers Swatch à l'étranger. Swatch, c'est une icône de la Suisse», estime celui que l'on appelle le sauveur de l'horlogerie helvétique, patriote à ses heures puisqu'il a «sauvé» l'an dernier la fête du 1er août dans la prairie mythique du Grütli en finançant une partie des frais de sécurité.
Et pour illustrer l'apport révolutionnaire de la Swatch, une anecdote, pêchée... parmi les têtes couronnées. «Lors de l'inauguration du siège du CIO, à Lausanne, Juan Antonio Samaranch, son président, m'a demandé de fournir les cadeaux pour le roi et la reine d'Espagne. J'ai donc offert une Blancpain sertie de diamants. En ouvrant la boîte, j'ai vu la déception de la reine. Elle aurait voulu une Swatch, m'a-t-elle dit!»
Poignets royaux, donc la reine d'Angleterre adore, ajoute-t-il. Mais la Swatch, c'est aussi et surtout la montre de tout le monde. La collection printemps-été 2008 se veut une célébration de la famille, une notion de plus en plus négligée aux yeux de Nicolas Hayek, accompagné de son épouse depuis leur rencontre à l'âge de 21 ans.
Y aura-t-il d'autres révolutions à l'avenir? «Swatch est capable de tout. Mais nous travaillons principalement sur quatre axes: artistique, sportif, technologique et... musical. Mais je n'en dirais pas plus.»
24 Heures / Élisabeth Nicoud |