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Après avoir pulvérisé le 2 janvier un record historique qui remontait au second choc pétrolier (850 dollars en janvier 1980), le cours au comptant du précieux métal a atteint jeudi 1.000,45 dollars l'once vers 14H45 GMT sur le marché londonien London Bullion Exchange.
Ce seuil avait été franchi quelques heures avant sur le marché à terme à New York.
Depuis le début de l'année, les cours ont gagné plus de 15%.
En 2007, ils s'étaient envolés déjà de plus de 30%.
Ce qu'en 1923 l'économiste John Keynes appelait "la relique barbare", pour stigmatiser le système de l'étalon-or, trouve particulièrement grâce aux yeux des investisseurs en cette période de fortes incertitudes économiques.
Les raisons de l'engouement pour l'or ne manquent pas, en tête desquelles la faiblesse du billet vert.
Il existe en effet une forte corrélation inverse entre le cours du billet vert et celui de l'or: quand le dollar s'effondre, l'or s'envole. Car pour les investisseurs hors zone dollar, la chute du billet vert est l'occasion idéale d'acheter à bon prix le métal jaune, une matière première vendue en dollars.
Or la monnaie américaine a atteint jeudi un nouveau plus bas historique à 1,5625 dollar pour un euro.
Ensuite, la montée des incertitudes économiques fait jouer au métal jaune son rôle de valeur défensive. Une récession économique aux Etats-Unis pourrait ralentir l'ensemble de l'économie mondiale. Ce scénario se renforce avec la série d'indicateurs économiques négatifs qui s'abat sur l'économie américaine.
Pour le très écouté milliardaire Warren Buffett, si "on prend une définition basée sur le bon sens", les Etats-Unis sont désormais "en récession".
Traditionnel bouclier anti-inflation, l'or profite également de la hausse des prix du pétrole et des tensions inflationnistes qui en découlent. Le baril a frôlé jeudi les 111 dollars à New York et approché les 108 dollars à Londres. L'inflation était en février à un plus haut depuis dix ans en zone euro, à 3,2%.
Pour les économistes de Barclays Capital, "l'environnement continue à être positif pour l'or, avec l'attente de nouvelles baisses des taux d'intérêt de la Fed (qui affaiblissent le dollar, ndlr) et les inquiétudes sur l'inflation poussant les achats de valeurs-refuge".
De plus, des tensions sur l'offre physique d'or ont encore accéléré le mouvement. La crise énergétique qui affecte depuis le début de l'année la production des mines en Afrique du Sud, premier producteur de ce métal, a amputé la production. Les analystes estiment qu'il faudra plusieurs années pour que celle-ci revienne à un niveau satisfaisant.
Enfin la demande est stimulée par des achats massifs de fonds spécialisés ETF (exchange traded funds) spéculant sur la hausse des prix.
Perrine Faye, analyste au Bullion Desk, souligne la valeur symbolique des 1.000 dollars. "C'est un seuil emblématique que beaucoup (voulaient) voir franchi, comme pour les 100 dollars du pétrole, les 20 dollars de l'argent ou l'euro à 1,50 dollar: les investisseurs aiment voir la ligne d'arrivée très nette que représente un chiffre rond".
Angus Campbell, du cabinet Smithfield, a remarqué pour sa part que le marché avait piétiné ces dernières semaines devant le seuil fatidique de 1.000 dollars, un peu comme les acheteurs de pétrole devant les 100 dollars: "Peut-être que beaucoup de gens se sont rappelés que juste après le record de 1980, le prix de l'or avait baissé en huit semaines de 34%", a-t-il rappelé.
Edicom
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