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S’il est assez rare de croiser des horlogers qui ne revendiquent pas d’origine helvétique, il s’avère également surprenant de voir une manufacture s’établir en terre alémanique.
Apanage de la Suisse romande, l’industrie horlogère se plaît en général à perpétuer ses traditions sur son sol. Tel n’est pas le cas d’ IWC. D’origine américaine, cette manufacture choisit il y a 140 ans de s’implanter à Schaffhouse, les centres horlogers de Suisse romande ayant à l’époque traité ses dirigeants étrangers avec une certaine condescendance.
Aujourd’hui en mains du géant du luxe Richemont, IWC marque le secteur horloger par la qualité de ses garde-temps au classicisme masculin élégant, très apprécié des stars telles que Zinédine Zidane ou encore Kevin Spacey. Aujourd’hui en forte expansion, à l’instar de l’ensemble de la branche de la haute horlogerie, l’entreprise se distingue par la connotation environnementale et sociale que s’applique à lui donner son patron, Georges Kern. Interview.
Depuis 2001, IWC affiche une croissance constante de ses affaires. Affichez-vous le même optimisme pour les prochaines années alors que les Etats-Unis parlent de récession?
Eh bien, étant donné les chiffres depuis le début de 2008, la confiance et l’optimisme restent à l’ordre du jour. De façon générale, l’industrie horlogère profite de la forte demande émanant des pays émergents. D’un autre côté, nous ne pouvons pas ignorer non plus les nuages qui assombrissent le firmament occidental. Nous savons tous que l’économie est assujettie à des fluctuations de la conjoncture. Pour l’instant, nous avons bon espoir que le secteur de l’horlogerie peut s’attendre à une année supplémentaire supérieure à la moyenne et, conformément à ces pronostics, nous continuons d’élargir notre production.
Quelle est l’estimation de vos affaires pour 2007?
2007 a été une excellente année pour IWC avec, de nouveau, des taux de croissance à deux chiffres. Le marché asiatique s’est distingué par une augmentation particulièrement forte tandis que l’ Europe et les EtatsUnis se sont développés avec constance. Le lancement de la nouvelle Da Vinci avec boîtier en forme de tonneau a été un grand succès, ce qui est donc aussi vrai pour le premier mouvement de chronographe fabrication maison de la manufacture IWC.
Votre croissance a forcément nécessité une augmentation de l’outil de production…
En 2005, avec notre nouveau bâtiment de production, nous avons inauguré la plus grande extension architecturale dans l’histoire vieille de 140 ans de notre manufacture. Certains secteurs de production ont été regroupés dans ce bâtiment vitré moderne. Environ 80 collaborateurs bénéficient d’un environnement de travail attractif sur les 3000 m2 de surface utile que nous avons gagnée à cette occasion. Mais la construction ne s’arrête pas pour autant.
Que prévoyez-vous?
En juin prochain, nous allons prendre possession de la nouvelle aile Ouest, qui va nous permettre une extension de l’horlogerie nous offrant de la place pour le service aprèsvente et qui représentera un gain supplémentaire de superfi- cie de 3000 m2. Avec ces deux bâtiments, IWC aura réalisé un volume d’investissements total d’environ 40 millions de francs suisses
En quelles proportions avez-vous augmenté votre production?
Pour répondre à la croissante demande de nos montres, nous avons augmenté notre production de 50 000 à 70 000 pièces depuis 2001. Naturellement cette croissance comprend en même temps une augmentation importante du nombre d’employés spécialisés, ainsi que les mesures d’extension architecturale déjà mentionnées.
Depuis votre arrivée à la tête d’ IWC, vous vous attelez à développer la responsabilité sociale de l’entreprise. Est-ce par altruisme?
Abstraction faite de sa responsabilité économique, toute entreprise a aussi une responsabilité sociale et écologique, un défi que nous relevons depuis longtemps déjà. Grâce aux mesures que nous avons prises il y a plusieurs années déjà, IWC a divisé par deux les émissions de dioxyde de carbone et se distingue aujourd’hui en tant qu’entreprise certifiée neutre sur le plan du CO2. Pour obtenir aussi le concours de nos collaborateurs concernant les questions de l’environnement, nous mettons, depuis cette année, un budget à disposition, qui récompense les efforts qu’ils consentent à titre privé pour ménager l’environnement. Cela vaut par exemple pour l’utilisation des moyens de transport en commun et l’acquisition de véhicules émettant moins de CO2. Mais cela permet aussi de financer des investissements dans la construction écologique et des projets de réhabilitation réduisant l’utilisation d’énergie.
Quels sont ces projets?
Nous soutenons l’activiste écologique David de Rothschild. Il est là où l’on ne perçoit pas la destruction écologique de la planète et il m’impressionne par son énergie. IWC va subventionner, cette année encore, un projet de grande importance de David de Rothschild, un projet dont on a tout lieu d’être curieux. Quant à notre implication sociale, IWC s’engage depuis 2005 pour la Fondation Laureus, une organisation qui combine à un niveau élevé le sport d’élite et l’engagement social. La fondation caritative Laureus Sport for Good utilise le sport comme instrument pour guider vers un avenir meilleur les enfants et les jeunes déshérités. Grâce à l’initiative d’ IWC, nous avons créé, en 2007, en Suisse, une Fondation Laureus qui se consacre à la promotion de projets d’aide pour les handicapés et d’intégration.
FLORENCE NOËL Tribune de Genève
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