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Je connais Vartan Sirmakes depuis plus de vingt ans, depuis l’époque où il était un sertisseur aussi doué que désargenté alors qu’aujourd’hui, grâce à son association avec Franck Muller, et surtout grâce à sa rigueur, sa capacité de travail, son flair, il est à la tête d’un groupe horloger florissant qui parvient à vendre des montres de luxe même aux Esquimaux du Groenland.
Pourtant, chaque fois que je le rencontre, il parvient à m’étonner, me subjuguer même. Il y a trois jours, il m’a ainsi fait assister à un véritable feu d’artifice au cœur de son Watchland à Genthod qu’il est en train de transformer en un luxueux et éphémère théâtre en vue du WPHH (World Presentation of Haute Horlogerie), le salon qu’il organise pour les marques de son groupe.
Ce fut d’abord avec toute une série de montres véritablement extraordinaires: des tourbillons de toute beauté au cadran merveilleusement serti de diamants baguette. Des tourbillons à triple révolution, en or ou en platine, exploits techniques dont il parvient à produire une trentaine de pièces par an, vendues d’avance car elles ont l’immense qualité d’être aussi belles que fiables. Des répétitions minutes sonnant clair au rythme des heures. Des chronographes aux mouvements sortant de ses propres ateliers. Il est vrai que, depuis toujours, les montres Franck Muller ont été des modèles de haute horlogerie mais Vartan Sirmakes parvient toujours à faire encore mieux.
Il faut dire que tous les bénéfices sont réinvestis à la fois dans la recherche et le développement des montres ainsi que dans l’agrandissement perpétuel du Watchland, de ses usines en Suisse, de ses ateliers de cabinotiers en plein cœur de Genève. Vartan Sirmakes semble transformer tout ce qu’il touche en or.
La preuve? A Genthod, il est en train de construire deux importants bâtiments destinés à ses horlogers avec, en dessous, deux étages de parkings. Par chance le terrassement est tombé sur une veine de gravier, ce qui lui a donné l’idée de louer une machine pour trier le «tout-venant». «Le gravier trié se vend trois fois plus cher que quand il ne l’est pas», m’a-t-il avoué en m’expliquant que, finalement, le terrassement lui rapportera plutôt que de lui coûter. Autre exemple? Avec sa marque Rodolphe, il a ouvert un café ultrachic au cœur de Neuchâtel qui est rapidement devenu un must. Simplement parce que le bâtiment qu’il a racheté pour installer le siège de sa marque disposait d’un espace inutilisé et bien situé.
Vartan Sirmakes, comme la nature, a horreur du vide. Il suffit de voir comme chaque recoin des bâtiments du Watchland est utilisé au maximum de sa capacité. Avec lui, rien ne se perd. Mais c’est toujours pour cette bonne cause qu’est l’investissement dans le développement de son groupe.
Son fils Sassoun, qui, de son côté, trace sa propre route avec sa marque horlogère Cvstos, suit d’ailleurs les mêmes principes. Il vient par, exemple, de louer l’ancienne arcade de Schaffner, en bas de la rue Voltaire. Des locaux immenses, sur deux étages qui lui permettront de regrouper ses ateliers tout en ouvrant un show room, le tout pour un prix hyperraisonnable. «C’est l’endroit où passe quotidiennement la moitié de la ville, je vais avoir une visibilité extraordinaire et, en plus, je perpétue la tradition des cabinotiers de Saint-Gervais», m’a-t-il expliqué.
Chez les Sirmakes l’argent ne sert pas à paraître mais bien à construire. C’est souvent cela qui fait la différence.
Confidentiel : Deux WPHH!
Vartan Sirmakes m’a glissé en confidence qu’en 2009, ce seront deux WPHH qui seront programmés, du 14 au 25 janvier, puis du 18 au 23 août. Et il faut ajouter un salon dédié aux professionnels, du 24 mars au 4 avril. Ce qui fait que le Groupe Franck Muller nous offrira, l’an prochain, une véritable année horlogère.
GABRIEL TORTELLA Worldtempus
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