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HARRY WINSTON : que devient Hamdi Chatti ?
 
Le 18-04-2008
de Business Montres & Joaillerie

On l’attendait à Bâle pour la présentation de la nouvelle Opus 8 d’Harry Winston : son président, Tom O’Neil, le remplaçait...
Où est passé Hamdi Chatti, qui avait relancé Harry Winston et qui avait initié la construction de la nouvelle manufacture de Plan-les-Ouates après le départ de Max Büsser ?

Pour un cadre dirigeant de l’horlogerie, être absent de Bâle ou de Genève est généralement mauvais signe : plus que partout ailleurs, les absents ont toujours tort dans l’horlogerie. On a pu compter cette année quelques défections inattendues à la veille des salons, camouflées derrière diverses maladies diplomatiques.

On attendait Hamdi Chatti, qu’on disait parti à New York pour y diriger plus efficacement Harry Winston Rare Timepieces, filiale basée à… Genève.
On a seulement vu débarquer Tom O’Neill, le dynamique président du groupe Harry Winston (diamants bruts, joaillerie et horlogerie), qui avait déjà fait son entrée dans le bal horloger lors du dernier Grand Prix de Genève.

Mais pas d’Hamdi Chatti, qui avait pourtant supervisé la mise au point de l’Opus 8 (construite par Frédéric Garinaud, des ateliers Audemars Piguet Renaud Papi) et même de l’Opus 9, non sans organiser la mise en place de la nouvelle manufacture de Plan-les-Ouates et le lancement du programme horloger des prochaines années…

De quoi se poser des questions, l’ancien responsable horloger d’Harry Winston (ex-directeur de la montre Montblanc, au Locle) n’ayant pas donné l’impression d’avoir démérité.
On a même vu Bilan (le Capital suisse) annoncer son départ d’Harry Winston, dont la direction aurait entrepris de « faire le ménage au sein de l’équipe de production », en Suisse…

Renseignements directement recueillis à Bâle auprès de Tom O’Neill : Hamdi Chatti « n’est plus chargé de piloter les montres Harry Winston » et, à défaut de missions horlogères, il est « à la disposition du président du groupe pour diverses missions d’intérêt stratégique et de veille opérationnelle ».
En langue de bois corporate, c’est généralement ce qu’on affirme d’un dirigeant qui vient d’être « placardisé » en attendant de pouvoir négocier avec lui un honorable contrat de départ.

Donc, à court terme, exit Hamdi Chatti, qui avait déménagé femme et enfants à New York, voici deux ans, quand il avait été appelé à intégrer la haute direction du groupe.
Comme le départ inattendu de Max Büsser avait laissé quelques souvenirs amers à cette même direction, on imagine qu’Hamdi Chatti se verra ficelé, avant son départ, par de sévères clauses de non-concurrence et de non-communication avec la presse, contraintes sans doute assorties d’un large périmètre d’interdiction professionnelle concernant le réseau des fournisseurs des montres Harry Winston.

On n’est pas toujours gagnant au jeu des chaises musicales que pratiquent les hauts cadres horlogers ! Et il fallait une certaine dose de naïveté pour penser qu’on pouvait diriger de New York une manufacture genevoise…

Ce départ annoncé d’Hamdi Chatti conduit cependant à se poser des questions sur l’actuelle stratégie horlogère du groupe.

Annoncée comme opérationnelle à plusieurs reprises, la manufacture de Plan-les-Ouates ne semble cependant pas visitable, en dépit de demandes répétées : y aurait-il quelque chose à cacher ?

A Baselworld, la présentation de l’Opus 8 a pu paraître escamotée, alors que la montre méritait sans doute une annonce à grand fracas événementiel. Serait-ce l’annonce subliminale non pas de l’abandon, mais du moins du ralentissement de la cadence des Opus ?

Les autres pièces de la collection 2008 n’ont pas non plus bénéficié de l’ovation médiatique attendue et il semblerait que plusieurs nouveautés aient été écartées à la dernière minute des présentations : pour ne pas gâcher l’effet Opus 8 ou en raison d’une logistique de production défaillante ?

De même, la présentation du partenariat-mécénat avec la Fondation Time Aeon (lancée par Philippe Dufour et une poignée d’horlogers de référence) a été comme « expédiée » et environnée d’un flou qui a troublé bon nombre de journalistes présents : faut-il mettre ces brouillages sur le compte de la relative « inexpérience » horlogère de Tom (Thomas) O’Neill, ex-président du groupe Burberry et de Louis Vuitton Etats-Unis ?
Ce partenariat – qui devrait déboucher sur le « lancement de pièces exceptionnelles par des jeunes créatifs » - ne confirme-t-il pas, implicitement, que la série des Opus vit peut-être ses derniers printemps ?

Le CEO du groupe Harry Winston semble en tout cas décidé à reprendre personnellement les choses en main dans sa branche horlogère.
On l’aura noté au Grand Prix de Genève 2007, où il recevait le prix de la Montre compliquée : il semble décidé à apprendre le métier et il fait l’effort, quand c’est nécessaire, de parler français, ce qui n’est généralement pas le cas des dirigeants américains.

Reste la question posée plus haut : peut-on piloter une maison horlogère suisse à partir d’un bureau new-yorkais ?
C’est sur le terrain, dans les watch valleys, au contact immédiat des fournisseurs, des designers, des motoristes, des artisans d’art et des maîtres-horlogers, qu’on travaille une image de marque et qu’on enrichit avec pertinence un catalogue.
Les grandes heures de cette horlogerie naissent toujours des relations personnelles de chacun et de son intégration dans le tissu industriel plus que de logiques économiques prédéterminées.

Les fondamentaux du style horloger d’Harry Winston ont bien été posés par Max Büsser et Hamdi Chatti, mais il manque à la manufacture une stratégie claire et un animateur capable de l’appliquer au jour le jour. Tom O’Neill succombera-t-il, comme d’autres avant lui, à la fascination des montres ?
De la naissance d’une passion dépend aujourd’hui la renaissance d’une grande maison…

Grégory Pons

La question posée était : que devient Hamdi Chatti ?
On n’imagine pas un instant que, à son âge, un cadre horloger de cette valeur prenne sa retraite en gérant ses stock-options.
Je veux bien prendre les paris qu’on le reverra bientôt en Europe, et même en Suisse, pas forcément tout de suite dans la montre (clauses légales obligent), mais au moins dans le luxe. En attendant un retour quasi-programmé dans l’industrie horlogère, ne serait-ce que par passion personnelle…

 



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