Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

HUBLOT : le réveil de la belle endormie
 
Le 21-04-2008

En 3 ans le patron d’Hublot a relancé la marque horlogère pour l’emmener vers des sommets, portant son chiffre d’affaires de 26 à 177 millions de francs. Ensemble nous revenons sur les étapes clés de ce succès.
MOUVEMENT Jean-Claude Biver s’avance vers nous, d’un pas dynamique. Il nous salue chaleureusement, puis nous marchons en direction du jet d’eau de Genève, le lieu qu’il a choisi dans le cadre de cette interview.

Pourquoi avoir choisi le jet d’eau de Genève pour cette interview?
C’est l’image la plus répandue de Genève à travers le monde, son plus beau symbole.

Le fait qu’il s’agisse d’un élément naturel, qu’est-ce que cela vous inspire?
Le jet d’eau aujourd’hui est plus que jamais un symbole de vie. Parce que l’eau est la vie! C’est aussi le futur, le partage, en somme un vrai trésor.

Pourquoi avoir choisi de reprendre la marque Hublot. Pourquoi précisément celle-ci? Quel lien y avait-il entre Jean-Claude Biver et Hublot?
Il y a trois bonnes raisons. La première, parce qu’Hublot a révolutionné l’horlogerie et la bijouterie en intégrant le caoutchouc à ses modèles. Avant nous, personne n’avait porté du caoutchouc autour du poignet. En amenant ce matériau dans l’horlogerie, Hublot a fait preuve d’une grande audace. Deuxièmement, la montre symbolise précisément un hublot de bateau, comme son nom l’indique, donc cette marque a un passé unique, qui lui est propre, un ADN en quelque sorte. Elle a une Histoire, avec un grand H. Troisièmement, c’est une marque qui était en sommeil. Dans le monde des affaires, les dirigeants qui dorment ne font jamais d’erreur. Or, Hublot était dans un doux sommeil et malheureusement la société n’avait plus vraiment d’activité. Je me suis dit que c’était l’entreprise parfaite, une princesse endormie avec un ADN extraordinaire.

Et, à ce moment précis, quelle était votre idée?
La fusion. Le mélange entre le caoutchouc et l’or qui n’ont jamais été réunis. La seule fois où ils l’ont été c’était au moment du Big-Bang. Pour les remettre ensemble, il fallait une fusion, c’est ce que j’ai fait en reprenant Hublot. Cette idée de fusion me permettait de sortir de Blancpain car je ne voulais surtout pas reprendre ma première passion, l’art horloger. Je ne voulais pas me répéter. Disons qu’avec Hublot je pouvais marier ma connaissance de l’art horloger avec le futur, une tradition avec une nouveauté.

Quelle stratégie avez-vous mis en oeuvre?
Il fallait faire cette fusion. Alors je me suis longuement interrogé. Fallait-il faire une montre toute en or? Non, parce qu’il n’y aurait justement pas eu de fusion. J’ai donc créé une pièce en or que j’ai marié avec de la céramique. Ensuite il a fallu définir un message et les stratégies marketing, de production et de personnel qui vont avec. Autrement dit, si mon message présentait une fusion entre l’art horloger et le futur et que je produisais des montres à quartz, ça aurait sonné faux. Sans oublier bien sûr que le produit devait correspondre à un besoin, une attente.

Est-il vrai que vous passez vos nuits à parler de votre marque sur des forums Internet?
Effectivement. Ceux qui ont encore des doutes peuvent vérifier sur le site www.timezone.com et ils verront que je dis vrai. Il s’agit de forums liés à l’horlogerie et bien évidemment à ma marque. Lorsque les participants achètent une Hublot, ils l’annoncent à la communauté et comme j’en fais partie, ils me l’annoncent aussi. Dans ce cas, je leur réponds personnellement. Ce matin il y en avait trois. J’ai répondu personnellement à leurs messages et j’ai proposé de prolonger leur garantie. Vous imaginez la surprise de l’internaute quand il converse directement avec le patron de la marque qu’il admire.

Cette forme de marketing a-t-elle fortement contribué au succès de la marque, à son lancement?
Ce qui a aussi aidé au renouveau de cette marque c’est mon passé, il ne faut pas le sous-estimer. Je suis crédible dans le métier, je connais les fournisseurs et aussi les clients, cela me donne des atouts énormes. Ajoutez-y ma participation active aux forums internet qui sont les téléphones arabes des temps modernes et vous comprendrez en quoi cela a largement contribué au succès que connaît la marque aujourd’hui.

Où trouvez-vous le temps pour cette activité?
Eh bien il faut se lever deux heures plus tôt que prévu chaque matin (rires)… Après 300 jours, cela fait 600 heures, divisées par 40 heures par semaine, cela fait 15 semaines, ce qui équivaut à 4 mois environs. Au bout de 3 ans et demi j’ai un an d’avance sur mes concurrents… C’est extraordinaire comme calcul, non? (rires)

Vous avez trois enfants dont deux travaillent à vos côtés.
Mon fils Loïc gère la vente à Hong Kong et en Chine, il vit d’ailleurs là-bas. Ma fille Delphine, elle, s’occupe du marketing. Mais travailler en famille n’est pas facile, c’est le rêve de tout père mais ce n’est pas forcément celui des enfants. Pour eux c’est déjà difficile de supporter un père, alors travailler avec lui… (rires). Mais j’ai très envie de les avoir à mes côtés, alors je fais des efforts pour qu’ils s’intègrent, pour qu’ils ne sentent pas la présence paternelle mais plutôt celle du patron.

C’est un aboutissement de travailler en famille?
C’est un rêve. J’ai toujours souhaité que mes enfants soient à mes côtés, c’est un désir profond qui fait partie de mes objectifs de vie.

Et comment fait-on pour concilier vie professionnelle et vie de famille?
Disons que j’ai une famille très compréhensive. Elle sait que je voyage beaucoup, qu’il y a un effort à faire mais que cela en vaut la peine. Cela dit, c’est un sacrifice qui s’arrêtera en juin 2008. A cette date la société aura atteint une telle envergure qu’elle pourra se permettre de ne m’avoir que 12 heures par jour, je ne travaillerai alors plus que 50, 60 heures par semaine.

Dans quelques mois débute l’Euro Foot avec pour la première fois une marque horlogère de luxe comme sponsor, je veux parler d’Hublot bien sûr. Beaucoup d’observateurs qualifient ce choix de génial.
Oui, le coup de génie a été de prendre l’Euro 2008. Parce que personne dans le monde du luxe n’avait songé à choisir le football qui est essentiellement occupé par des marques de grandes diffusions. Moi j’ai vu que dans ce sport le luxe avait sa place. J’ai dit à Michel Platini, il y a un mois de cela: «Michel j’ai déjà tellement gagné avec l’Euro 2008 qu’il n’a plus besoin d’avoir lieu». Tout ce que j’ai eu en retour de l’Euro 2008 dépasse largement mes espérances.
Je me suis alors demandé si je ne pouvais pas donner ce qui reste à une oeuvre de charité ayant un rôle éducatif. Nous avons pris la décision de faire don de nos panneaux publicitaires autour du terrain à l’association «Fight against the racism » qui lutte contre le racisme dans les stades. Il n’y aura donc pas d’affiches «Hublot» dans les stades, mais des panneaux «Fight against the racism ».

Enfin vous qui êtes si actif, comment voyez-vous l’avenir après Hublot ? Comme un patriarche avec ses enfants et petits-enfants autour de lui ou alors comme un explorateur voguant vers des destinations inconnues?
Alors là, plutôt avec mes enfants, comme un patriarche. Le patriarche est le plus grand dispensateur d’amour. Il protège, il éduque, il lègue, il n’y a rien de plus beau. Je ne me vois pas voyager d’un pays à l’autre. J’aimerais vraiment rester dans ma ferme pour m’occuper de mes enfants et de mes petits-enfants. Et j’aimerais que ça vienne vite, pendant que je suis encore en bonne forme.

Jean-Baptiste Guillet
L'Extension

 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time