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Au sommaire du N°64 - 30 avril 2008
SALONS HORLOGERS 2008
EDITORIAL
Infusion
Comment les petites audaces des petites marques ont contaminé les grandes...
Ce qui me frappe le plus, en feuilletant les catalogues de ce printemps 2008, c’est la vitesse à laquelle toute l’horlogerie, toutes gammes de prix confondues, a pu évoluer au cours de ces dernières années.
Quand on jette deux ou trois feuilles de verveine dans une tasse d’eau bouillante, il ne se passe rien dans un premier temps. Puis une très pâle nuance verte apparaît autour des feuilles. Au premier tour de petite cuillère, l’eau se colore instantanément et le parfum de verveine se répand. Magie des échanges moléculaires…
C’est un peu ce qui s’est passé depuis le début de cette décennie 2000. L’eau frémissait d’une forte demande internationale.
Des provocateurs plus hardis que les autres, mais parfois aussi les seuls vents du hasard et de la nécessité, ont lancé dans ce bouillon des simples et des plantes aromatiques d’un nouveau style. Il suffisait d’attendre.
La cuillère 2008 était la bonne : la potion horlogère s’est muée en infusion, puissante et colorée, de tous les ingrédients de la nouvelle révolution horlogère.
Qui n’a pas sa note caoutchouc noir-or rose ? Dans ce style contrasté, la collection Festina 2008 est plus avant-gardiste que les premières Big Bang. Qui n’a pas son boîtier en « carbone » plus ou moins « forgé » ? La première mondiale d’Audemars Piguet, ce n’était que l’année dernière : cette année, six marques ont suivi, et ce n’est qu’un début. Qui n’a pas son cadran asymétrique à étages, béant sur des rouages qui n’en demandaient pas tant ? Qui n’a pas ses vis ou ses compteurs cerclés ?
Même Rolex se lance dans le 43 mm : quand je pense qu’il y a encore des présidents de marque qui croient encore au retour des petits boîtiers masculins…
Les concepts audacieux ont infusé et imposé leur goût à tous les étages de la pyramide des marques. C’est toute l’offre qui a progressé d’un bond, dans le sillage des marques de niche et des jeunes constructeurs qui n’ont plus peur de rien.
Plus question de relâcher la pression pour les marques un tant soit peu installées. Le marché va trop vite. Les suiveurs vont parfois si loin qu’ils se retrouvent tendanceurs.
Les influenceurs d’hier sont dépassés par les défricheurs de nouveaux territoires. C’est quand même en 2008 qu’on aura inventé le double tourbillon sans aiguilles (Romain Jerome) !
Et je peux vous assurer que ces concepts de mouvements « inutiles » (qui ne donnent pas l’heure) sont promis à un très bel avenir : attendez-vous même à des tourbillons sans mouvement, qui n’en écriront pas moins le temps dans l’espace de façon magistrale !
Bref, la révolution horlogère triomphe. Buvons à sa grande santé. Ce n’est plus de la tisane, c’est un alcool fort !
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Grégory Pons
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