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Les petits secrets de Bernard Arnault, P-dg de LVMH
 
Le 23-04-2008

Il est l’homme le plus riche de France. Son groupe est leader mondial du luxe. Et pourtant, à 59 ans, ce patron insatiable continue le combat : envers et contre tous, il vient de rafler le journal «Les Echos».

Lâcher ne fait pas partie de son vocabulaire. Se relâcher, encore moins. Imiter Bill Gates et confier à un autre les commandes de son groupe pour entamer une autre vie ? A 59 ans, l’homme le plus riche de France n’y songe même pas. Bernard Arnault ne se lasse pas d’arriver chaque jour à 8 h 30 à son bureau de l’avenue Montaigne, à quelques pas de ses boutiques phares (Dior, Vuitton, Céline, Fendi). Un bureau dans lequel bien peu de visiteurs ont le privilège d’entrer. Réservé au point d’être glacial, le leader mondial du luxe engage rarement une conversation extra professionnelle avec un de ses collaborateurs. Et, quand il fait une pause, c’est avec Chopin, sur le piano à queue qu’il a fait installer dans un petit salon. Est-ce pour mieux contrôler ce qu’on écrit sur son groupe que le détenteur de la septième fortune mondiale (estimée à 16 milliards d’euros) s’est battu pour racheter «Les Echos» en novembre dernier ? La rédaction du quotidien économique, qui le redoutait, a tout fait pour que l’affaire capote. Mais, comme au tennis, son sport favori, Bernard Arnault n’a, cette fois encore, rien lâché. Sauf ses coups.

Son pèlerinage annuel dans le Nord Chaque année à la Toussaint, quand le Tout-CAC 40 file chercher le soleil à Marrakech, Bernard Arnault part à Roubaix. Dans sa ville natale, il a hérité d’une maison en briques rouges, inhabitée depuis vingt-cinq ans et sans charme. Mais pas question de la vendre. «Elle représente beaucoup pour moi», confie-t-il à Capital. C’est là, en effet, chez ses grands-parents maternels, que le jeune Bernard a vécu de l’âge de 10 ans jusqu’à son entrée à Polytechnique. Un foyer apparemment plus chaleureux que celui de ses parents, tout proche. «Pleine d’ambition pour lui, sa grand-mère l’a dressé pour gagner», se souvient un ami de jeunesse. Efficace.

Son âpreté au combat 1984 : Boussac. 1990 : Moët Hennessy-Louis Vuitton. 1999 : Gucci… L’histoire de l’empire Arnault est jalonnée de grandes batailles. «Plus on lui résiste, plus il a envie de gagner », résume un proche. Ainsi, en 2007, quand le groupe britannique Pearson, propriétaire des «Echos», a envisagé de vendre à un autre candidat, Marc Ladreit de Lacharrière, Bernard Arnault a dégainé toutes les armes juridiques à sa disposition pour que la clause de négociation exclusive qu’il avait obtenue soit respectée. Loin d’être un vainqueur magnanime, le patron n’oublie jamais le nom de ceux qui se sont mis en travers de son chemin. Marc Ladreit de Lacharrière a pu le constater : quand ils se croisent, Bernard Arnault lui serre la main, mais ne lui parle plus.

Ses récitals privés en Belgique Entre milliardaires, on se comprend. L’un, jovial et bon vivant, a 82 ans. L’autre, plutôt ascète, en a vingt-trois de moins. Mais c’est ainsi, l’homme d’affaires belge Albert Frère est le meilleur ami de Bernard Arnault. Le seul, affirment certains. Dans leur manoir de Gerpinnes, près de Charleroi, le baron et la baronne Frère reçoivent régulièrement les Arnault et leurs trois fils de 15, 13 et 9 ans. Là, le patron de Dior laisse tomber la cravate. «On rigole comme des fous, confie Albert Frère. Bernard raconte des blagues et fait le pitre avec ses enfants.» Les invités n’oublient jamais d’offrir à leurs hôtes un récital de piano, immuablement entamé par les garçons, poursuivi par leur mère, Hélène – concertiste de renommée internationale – et conclu par Bernard.

Son hobby après le boulot : investir Gérer un groupe de 16,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires ne suffit pas à occuper l’insatiable businessman, qui consacre 20% de son temps à investir dans d’autres activités via sa holding personnelle, Groupe Arnault. Sans exclusive aucune. Immobilier, fonds spéculatifs, sociétés cotées ou pas, grande distribution… «Il peut tout aussi bien s’intéresser à une affaire de câbles en Ukraine qu’à la promotion immobilière à Macao», affirme un collaborateur. Et même au business coquin : en juin 2007, le tycoon a ainsi investi dans Rentabiliweb, une start-up Internet qui contrôle des sites érotiques payants.

Son ami Sarkozy Bernard Arnault aussi a un jet privé, un yacht et… un ami président. Mais, quand il lui rend service, il le fait plus discrètement que Vincent Bolloré. Témoin du deuxième mariage de Nicolas Sarkozy (celui avec Cécilia), le P-DG a invité plusieurs fois le couple dans sa villa de Saint-Tropez. Et quand, en 1996, le maire de Neuilly-sur-Seine était au ban de la droite chiraquienne pour avoir rejoint Edouard Balladur, il ne l’a pas lâché. Le patron de LVMH a invité Sarkozy en guest star (rémunérée) à la convention des cadres de son groupe. «Nicolas est mon ami. Nous partageons les mêmes idées sur le travail», avait-il dit en guise de présentation. C’est vrai : Arnault a travaillé dur pour gagner plus.

Sa passion récente pour la photo Vous serez prévenu : Bernard Arnault adore tendre un piège aux invités qu’il accueille dans son hôtel particulier (2 000 mètres carrés dans le quartier des Invalides), racheté il y a trois ans à la veuve de Jean-Luc Lagardère. Cet amateur d’art moderne (qui possède des Picasso, Dubuffet, Rothko…) propose à ses hôtes d’admirer ses dernières acquisitions. Dont quelques photos très grand format de vastes paysages. «Andreas Gursky», annonce alors le maître des lieux. Ceux qui ont entendu parler de ce photographe allemand, dont les œuvres atteignent le million d’eu ros, s’extasient. C’est là que le facétieux patron, passionné depuis peu par le huitième art, révèle : «En réalité, c’est de moi.»

Sa froideur polaire De mémoire d’homme, on n’a jamais entendu le P-DG de LVMH féliciter un collaborateur. Il lui arrive pourtant d’exprimer sa satisfaction, affirme un fidèle : «Il faut juste savoir repérer un sourire d’un quart de seconde, saisir un éclair dans le regard, interpréter une poignée de main.» Soit. Mais comment l’austère homme du Nord peut-il apprécier et gérer les extravagances des grands couturiers de sa maison, John Galliano, Marc Jacobs ou Karl Lagerfeld ? Au point de sembler presque s’effacer devant eux. Réponse d’Alain Minc : «Sa passion pour la musique lui a permis de comprendre que les créatifs exceptionnels ne fonctionnaient pas comme lui.»

Ses visites anonymes chez Carrefour Dans les magasins de LVMH, le samedi est le jour de tous les dangers. Celui où le grand patron effectue de petites inspections. Et, depuis qu’il a pris 9,7% du capital de Carrefour en mars 2007 (avec le fonds Colony Capital), Bernard Arnault pousse parfois un Caddie à l’hypermarché de Rambouillet. Compte rendu d’une récente descente : «Au café situé dans le magasin, il n’y avait pas moyen d’être servi», peste-t-il. Face à l’ampleur du problème, il a immédiatement appelé Nicolas Bazire, son bras droit, à charge pour lui de prévenir le P-DG de Carrefour.

Son côté "grippe-sou" «Ma grand-mère, qui parlait le patois auvergnat, m’a appris à être économe.» D’accord, Bernard Arnault s’est offert cet été un yacht de 69 mètres, qu’il a baptisé «Amadeus», sur lequel Tony Blair et le chanteur Bono ont déjà bu une coupe. Mais le patron de Moët & Chandon se flatte d’avoir fait une affaire en acquérant pour 3 millions d’euros «seulement» ce navire de la marine allemande puis de l’avoir fait rénover à Taïwan. «Le prix et les délais étaient plus intéressants», se félicite ce consommateur avisé.

Ivan Letessier
© Capital

 



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