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David Zanetta, horloger de l’extrême
 
Le 09-06-2008
de Tribune des arts

Pour lui, c’est tout ou rien! Le fondateur des montres de Bethune n’aime ni perdre son temps, ni perdre tout court. C’est pourquoi, il s’est lancé corps et âme dans la haute horlogerie.

Ne dites surtout pas à David Zanetta que de Bethune, la marque qu’il a créée avec son partenaire Denis Flageollet, est née en 2002. «2002 ce n’est rien», s’emporte le sexagénaire, ses yeux bleu acier fixé sur son interlocuteur. «Une date, un élément comptable. Mais nous, nous ne faisons pas de la comptabilité, nous faisons de l’horlogerie!» De Bethune n’est donc pas si jeune qu’il y paraît, c’est la suite logique d’un travail et d’une passion qui ont débuté il y a une quarantaine d’années, dans les allées d’un marché aux puces londonien. Bref retour en arrière. David Zanetta est né sur les rives du lac Majeur, dans cette Italie qui reste sa patrie et où rien ne le prédestinait à l’univers horloger. Sa culture, «c’était celle des pêcheurs et des paysans», revendique- t-il fièrement. Il s’embarque néanmoins pour le nord de l’Europe et se retrouve à 20 ans à Copenhague, où il crée des décors de théâtre. Mais le carton-pâte ne lui suffit pas, il rêve de vitesse, de compétition. Il s’installe au volant d’une Formule Ford, puis d’une Formule 3. Et pour financer sa passion automobile, il «bouge à droite à gauche». Mais encore? «J’achetais des Rolls en Angleterre que je revendais en Italie, et des Ferrari en Italie que je revendais en Angleterre.» Mais c’est à Londres qu’il découvre sa vocation, devant des montres exposées dans un marché aux puces. «Ça m’a fait rêver, je me suis documenté, j’ai fréquenté des experts, et à la fin des années soixante, je suis devenu marchand de montres anciennes.» Il monte les premières ventes aux enchères de montres de poignet, voyage constamment entre Paris, Londres et New York. Il apprend sans cesse, aiguillonné aussi par le risque financier: «Les montres, avant de les revendre, il fallait les acheter, c’étaient des pièces importantes, on ne pouvait pas tellement se tromper», se souvient-il amusé.

Trouver de nouvelles réponses à d’éternelles questions

Difficile de pousser David Zanetta à parler de lui-même. Il lâche une petite information par-ci, une bribe de souvenir par-là, puis revient, comme aimanté, à sa passion profonde. Il parle d’horlogerie avec ferveur, avec souffrance presque tant il a peur que son message reste incompris. «La montre est la plus ancienne machine de l’humanité. Des ébénistes aux scientifiques, des bijoutiers aux mathématiciens, tous les hommes de génie ont travaillé sur la montre. Voltaire lui-même en était, et travaillait comme sous-traitant pour Lépine.» Il faut donc se montrer digne de cet immense héritage, et trouver de nouvelles réponses à des questions simples qui, elles, n’ont pas changé.

«La montre est une machine, pour fonctionner au mieux, il lui faut des frictions minimales et un poids minimal. La montre parfaite est une montre sans friction et qui ne pèserait rien», expose notre interlocuteur. «C’est cela, la seule chose que puisse faire un vrai horloger, recourir aux nouvelles technologies pour résoudre les problèmes historiques de la montre, le poids et la friction.» Et c’est donc à cela que s’attache la maison de Bethune, baptisée du nom d’un ministre de l’Ancien Régime, féru d’horlogerie et inventeur d’un échappement adopté par tous les grands horlogers de l’époque. Car, pour David Zanetta, il n’y a aucun doute, «les plus belles montres du monde sont toutes françaises».

L’homme est intarissable; pour lui, c’est clair, «l’horlogerie est un patrimoine de l’humanité». Le ton est sans appel, arrondi par un français chantant, qu’habille un bel accent italien. «Le français, je l’ai appris comme les autres langues, sur le champ de bataille». La bataille, il aime ça. «Mais quand on se lance dans une nouvelle aventure, il faut la bonne équipe, les connaissances, les ressources nécessaires. Sinon on perd du temps, et je déteste perdre mon temps.» Il marque une pause, allume une cigarette grecque. «D’ailleurs, je déteste perdre tout court, c’est pour ça que je ne joue pas aux cartes, à quoi bon jouer si ce n’est pas pour gagner?»

David Zanetta aime tout ce qui va vite, «mes chevaux, mes voitures hyperpuissantes, mes bateaux très speed», ce qu’il appelle ses jouets, et qui forme un contrepoint étonnant à son autre univers, celui dont les racines plongent dans l’enfance: «j’aime surtout la campagne et les tracteurs».

Installée dans le Jura, à La Chaux-L’Auberson, de Bethune ne dispose à Genève que d’un petit bureau, et l’ascenseur qui y mène n’a que deux boutons: un pour l’entrée, l’autre pour le septième étage. «Vous voyez, c’est tout ou rien!»

Marco Cattaneo



 



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