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GIRARD-PERREGAUX : PPR entame la construction d’un pôle horloger de luxe
 
Le 27-06-2008
de Business Montres & Joaillerie

Business Montres l’avait pressenti dès la signature de l’accord Boucheron-Sowind.
Business Montres l’avait même annoncé dès le 23 avril, mais c’était prématuré !

C’est désormais officiel :
PPR s’offre une des dernières manufactures indépendantes en même temps qu'un ticket d’entrée gagnant aux premiers rangs de la haute horlogerie. Beau boulot !

Luigi Macaluso n’est pas un homme pressé. Ce qui tombe bien : François-Henri Pinault non plus. Ils ont donc pris le temps de se fiancer (dans un premier temps), avec ce qu’il faut de détours, de contours et d’allers-retours pour que la fiancée n’ait pas l’air trop effrontée et le fiancée trop entreprenant.

C’est fait : PPR entre à hauteur de 23 % chez Sowind (holding de tête des manufactures Girard-Perregaux et JeanRichard), tandis que Luigi Macaluso fait son entrée à la direction du board de Gucci Group, brance luxe du groupe PPR.

Une belle histoire, commencée (et annoncée par Business Montres) avec l’accord passé par Boucheron pour se faire livrer des mouvements exclusifs Girard-Perregaux.
Histoire qui n’est sans doute pas terminée : la participation de PPR chez Sowind devrait s’accroître, sans doute dès que les problèmes de succession de Luigi Macaluso auront été réglés.
Histoire qui devrait même se prolonger par le rachat d’autres marques (beaucoup sont à vendre, quoiqu’elles en disent) et de fournisseurs stratégiques (les bons sont plus rares que les bonnes marques).

Pour le rusé et patient « Gino » Macaluso, la solution PPR était idéale : entre groupes familiaux, on se comprend mieux qu’entre gros joueurs capitalistes. Ainsi adossé à un groupe qui ne cache pas ses ambitions dans la montre de luxe, il pérennise sa manufacture et il en accélère le développement, freiné ces dernières années par une trésorerie plus que prudemment gérée.

Pour le grand amateur de montres qu’est François-Henri Pinault (ci-dessus), le coup est bien joué. Il achète au moment où le marché fléchit un peu, donc moins cher qu’il y a un ou deux ans. Il s’offre, d’un seul coup, deux manufactures de qualité : Girard-Perregaux et son potentiel dans la très haute horlogerie (tourbillons compris), JeanRichard et la dynamique d’une marque qui dispose déjà de ses propres mouvements.
Le groupe Sowind est aussi un « balcon » sur la concurrence, puisqu’il fournit des marques tierces, au sein du groupe Richemont comme chez Bulgari ou des indépendants comme Max Büsser (MB&F).

Pour peu qu’un effort industriel comparable à celui que LVMH a mené pour « réarmer » Zenith soit conduit à La Chaux-de-Fonds, Girard-Perregaux et JeanRichard peuvent redevenir des challengers de premier rang pour les marques actuellement au sommet de l’affiche. Avec ce qu’il faut de communication pour pimenter le tout et une gestion moins patrimoniale, une nouvelle aventure se dessine…

François-Henri Pinault, qui se plaignait de ne pas avoir de « vraies marques de montres » dans son portefeuille, se paye en même temps le luxe d’accéder par la grande porte au SIHH, où il devrait, grâce à Luigi Macaluso, faire entendre la voix de ses autres marques de haute horlogerie (Boucheron, Bédat & Co).
Enfin, Girard-Perregaux lui offre une place à bord de BMW Oracle, aux premières loges de la prochaine America’s Cup, au coude à coude avec Audemars Piguet, Omega, Hublot ou TAG Heuer.

De quoi donner d’emblée à PPR un statut de puissance émergente dans le champ horloger, capable de concurrencer demain non seulement son rival LVMH, mais aussi Richemont ou le Swatch Group.

BUSINESS MONTRES & JOAILLERIE

Je ne peux pas cacher que cette nouvelle (que je pressentais depuis plusieurs semaines, au point de l’avoir « lâchée » un peu tôt, dès le 23 avril) me fait extrêmement plaisir.

Tout d’abord pour Girard-Perregaux et « Gino » Macaluso, qui assure ainsi l’avenir d’une marque à laquelle il aura consacré de longues années de sa vie et qu’il souhaitait maintenir dans le giron d’un groupe familial. Pour lui, PPR était le meilleur partenaire possible, à défaut sans doute d’être le mieux disant financièrement.

Ensuite pour François-Henri Pinault, qui rêvait de s’offrir une « vraie manufacture » pour faire des « vraies montres » : Girard-Perregaux est un choix intelligent, raisonné et raisonnable, idéal pour « apprendre le métier ». C’est aussi un pari, tout aussi raisonné et raisonnable, pour redonner à une marque qui s’essoufflait un peu le rang qu’elle mérite, par la capacité de ses hommes comme par l’inspiration de son patrimoine.

Enfin, cela me fait plaisir pour l’industrie horlogère en général, qui voit là un nouveau combattant s’échauffer avant de s’installer sur la piste. Même sentiment pour les détaillants, qui seront moins soumis à l'oligopole des grandes puissances horlogères et à qui ce nouveau pôle horloger donne un ballon d'oxygène
Plus on est de fous, plus on rit...

 



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