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En 2008, durabilité des nouvelles marques, lecture du temps, personnalisation des montres, échappement et service après-vente suscitent le plus d'intérêt.
Si les appréciations relatives à ce printemps horloger ne sont pas homogènes, chacun aura cependant reconnu une vigueur certaine à la branche. Innovations, concepts inédits, nouvelles marques, au-tant d'éléments qui sont venus animer les Salons horlogers de Bâle et de Genève.
Et si l'on peut estimer que les nouveautés ébouriffantes étaient moins nombreuses cette année, les horlogers de renom ont souvent présenté le fruit d'un travail plus en profondeur. Ainsi, des avancées spectaculaires ont été annoncées dans le domaine de l'échappement (lire encadré), l'un des éléments stratégiques de la montre mécanique.
Dans un climat économique toujours euphorique pour la branche, les horlogers ont abordé ces salons en toute sérénité. Alors qu'ils n'arrivaient plus depuis de longs mois à répondre à la demande, confrontés pour beaucoup à des problèmes de livraison et de qualité pour des composants sous-traités, certains patrons en venaient même à espérer un ralentissement, histoire de retrouver une situation plus saine et moins tendue. Ils devront sans doute encore attendre? Si les discours officiels de la majorité des exposants évoquent des prises de commandes records, les premiers signes de fléchissement sont tout de même venus des marchés les plus exposés, Etats-Unis en tête. Les plus importants gérants de magasins américains ont fait état d'un ralentissement de l'activité au premier trimestre dans le moyen de gamme. Il en serait de même en Suisse. En revanche, le haut de gamme continue à progresser.
NOUVELLES MARQUES
La croissance exceptionnelle que connaît l'Horlogerie depuis plusieurs années a également pour corollaire l'arrivée en masse de nouvelles marques sur un marché jugé particulièrement juteux. Ceux qui se sont amusés à faire le décompte évoquent plus de 40 nouveaux venus pour ce seul printemps 2008.
Cette avalanche a évidemment de quoi laisser perplexe, mais la situation est à ce point porteuse que n'importe qui ou presque peut entrer sur le marché horloger. De là à y faire durablement sa place?
Les années à venir feront naturellement le tri, dès lors que nouvelle marque ne rime pas nécessairement avec marque digne d'intérêt. Loin s'en faut. Car force est de constater que parmi ceux qui veulent se faire une place au soleil, seule une infime minorité tente d'apporter quelque chose de neuf au marché. Les autres cachent mal une démarche opportuniste. Laquelle devrait être balayée au premier contrecoup conjoncturel.
SERVICE APRÈS-VENTE
Parmi la foule de nouveaux venus, certains tentent de remédier à quelques faiblesses de l'offre actuelle. Il en est ainsi de Badollet, marque historique ressuscitée à Genève qui entend placer la notion de service au centre de la relation avec sa clientèle.
Livraison de la montre en mains propres à l'acheteur n'importe où dans le monde, récupération du garde-temps au domicile du propriétaire pour le service de maintenance, prêt d'une montre pendant le service, offres privilégiées et relations personnalisées sont, au-delà du produit, les plus qu'entend offrir la marque. Autant de prestations qui pourraient sembler naturelles dès lors que l'on touche à l'Horlogerie haut de gamme, mais qui ne sont cependant pas la règle dans ce secteur. Longtemps attendus et finalement dévoilés ce printemps, les premiers garde-temps Badollet répondent tant sur le plan qualitatif que sur celui du service à leur aspiration haut de gamme.
Si elle a choisi une voie diamétralement opposée, la Manufacture Contemporaine du Temps (MCT) a également parfaitement réussi sa première sortie. Fruit de la passion de Denis Giguet (ex-Harry Winston), cette marque neuchâteloise a pour ambition de trouver des modes de lecture du temps inédits. Joignant le geste à la parole, Denis Giguet a présenté, encore à l'état de prototype, la Sequential One, un garde-temps qui se distingue par l'originalité de son système d'affichage: heures séquentielles largement surdimensionnées et minutes sur disque tournant ouvert sur l'heure; seconde au dos de la montre. Les chiffres des heures apparaissent sur quatre surfaces composées chacune de 5 prismes triangulaires. Ces surfaces se découvrent successivement et, durant l'heure en cours, les prismes opposés tournent lentement pour modifier l'affichage. Pour cette première, MCT a développé son propre mouvement automatique exclusif en collaboration avec deux bureaux d'études.
NOUVEAUX AFFICHAGES
Cette volonté de proposer des affichages inédits a été l'une des tendances les plus marquantes de cette rentrée horlogère. Les montres qui ont le plus fait parler d'elles relèvent de cette quête particulière. Il en est ainsi de la Meccanico dG présentée par de Grisogono. Pour son 15e anniversaire, la société a fait un nouveau pas dans l'univers de la haute Horlogerie en dévoilant ce garde-temps doté d'un double fuseau horaire, l'un en affichage analogique, l'autre en digital, mais mû exclusivement par des systèmes mécaniques. Cette prouesse technique, sur laquelle d'autres manufactures travaillaient également, a suscité beaucoup d'intérêt.
Dans la même veine, mais exprimée différemment, l'Opus 8 de Harry Winston est également l'expression d'un nouveau type d'affichage. Conçue et imaginée par Frédéric Garinaud, ingénieur aéronautique de formation aujourd'hui responsable créations et développements chez Audemars Piguet Renaud & Papi, cette Opus 8 propose un affichage «type digital», mais entièrement mécanique, qui se joue de l'empreinte du temps qui passe, se montre à la demande durant 5 secondes puis disparaît.
PERSONNALISATION ET SÉCURITÉ
La véritable affirmation de ce que pourrait être la haute Horlogerie de demain est probablement à chercher du côté de Vacheron Constantin. Avec son modèle Quai de l'Ile, la manufacture historique genevoise ose un pari qui rajeunit clairement son image. Empreintes de nombreuses premières en Horlogerie, Quai de l'Ile fait notamment la part belle à deux principes majeurs: personnalisation et sécurité.
Evoquant volontiers le caractère exclusif de sa production, la haute Horlogerie n'a, jusqu'ici, que très peu fait valoir le caractère personnalisable d'un garde-temps. Vacheron Constantin lance ainsi la première collection de haute Horlogerie personnalisable selon les desiderata de l'acquéreur.
Outre cet argument, cette collection se singularise par un cadran en saphir faisant appel aux dernières technologies issues du security printing telles qu'utilisées dans l'impression des billets de banque. Jouant le rôle d'éléments de décoration ou d'identification (parfois invisibles à l'oeil nu), de nombreux textes et motifs animent le cadran. Grâce aux procédés utilisés, chaque exemplaire est parfaitement identifiable et demeure à l'abri des contrefacteurs.
Michel Jeannot
Luxes par Bilan
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