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ANTIQUORUM : encore un nouveau changement de propriétaire !
 
Le 10-09-2008
de Business Montres & Joaillerie

Quatrième changement d’actionnaire en un an chez Antiquorum Genève :
cette fois, la famille Chase cède la majorité de ses parts (et donc le contrôle de la maison d’enchères)
au « watch dealer » californien Robert Maron, « Bob » pour les initiés.

Ce n’est jamais très bon signe quand une entreprise change trop souvent de mains. Quatre propriétaires en un, c’est beaucoup, et c’est peut-être trop pour une maison d’enchères dont le business repose sur la confiance inspirée par l’auctioneer et pour une entreprise dont les salariés (un peu moins de trente-cinq aux dernières nouvelles) sont nettement déboussolés.

Cette fois – ce n’est pas officiel, mais Business Montres est là pour dévoiler le dessous des cartes– c’est le Californien Robert Maron, « Bob » pour ceux qui connaissent les réseaux parallèles du marché horloger, qui s’empare de l’essentiel des actions passées entre les mains de la famille Chase [officiellement Gerald, mais plus sûrement Bernie : voir nos précédentes informations à ce sujet].

Le montant de la transaction n’a pas été révélé, mais, selon une source proche du dossier, le désengagement des Chase serait progressif et le paiement gagé sur un stock de montres de grandes marques.

En arrachant la majorité aux investisseurs chinois qui avaient eux-mêmes succédé aux actionnaires japonais (Artist House), Gerald et Bernie Chase avaient deux objectifs : remettre un peu d’ordre en relançant les grandes ventes habituelles chez Antiquorum et récupérer quelques millions sur les sommes et les dédommagements réclamés à Osvaldo Patrizzi, l’ancien propriétaire, accusé de nombreux détournements.

Une fois aux commandes, la famille Chase a réalisé que la réalité n’était pas exactement celle qu’on leur avait fait miroiter. Non seulement Antiquorum avait perdu sa place de « leader mondial » des enchères, sans cesser de creuser son endettement endémique, mais les juges genevois semblaient s’acheminer vers un abandon des poursuites lancées contre Osvaldo Patrizzi, avec un classement de l’affaire qui devrait intervenir dans le courant septembre.

Adieu, veau, vache, cochon, comme disait ce bon M. de La Fontaine…

Très présent dans les récents watch shows américains, Bernie Chase ne cachait plus son intention de « sortir au plus vite » d’une situation dont il a eu le temps de sonder les gouffres financiers qu’aucune cosmétique comptable ne peut plus escamoter.
Le niveau des prétentions salariales de la direction genevoise [voir nos informations précédentes] et le niveau de la recapitalisation nécessaire pour restructurer Antiquorum auront, semble-t-il, définitivement découragé les Chase d’espérer un quelconque retour sur investissement, même à long terme. Au pays du dollar, on sait compter et Bernie Chase a préféré passer la main à Robert Maron, un de ses vieux copains, moyennant un peu de cash et beaucoup de montres…

Bob Maron est loin d’être un inconnu pour ceux qui suivent de près les évolutions du marché de la montre. Autoproclamé « largest watch dealer in the U.S. », ce Californien s’est fait une réputation dans le négoce des Rolex vintage et sur le marché gris des complications haut de gamme (Audemars Piguet, Vacheron Constantin, Patek Philippe, etc.). Il ne faut pas rater, sur son site (www.robertmaron.com) l’excellent banc d’essai sonore des montres à sonnerie disponibles sur le marché. Bob est un aventurier du business de la montre, un corsaire dont la réputation sur les marchés ne fait pas l’unanimité auprès des collectionneurs, comme on peut le constater à la lecture de certains forums américains.

Il semble également jouir d’une réputation pour le moins contrastée auprès de ses partenaires financiers, qui se demandent s’il a vraiment les capacités d’investissement nécessaires pour investir dans ce rachat d’Antiquorum et dans la relance de l’entreprise.
Doutes qui expliqueraient pourquoi une partie de la transaction s’est réglée en montres de prestige.
Questions qui conduisent à s’interroger sur les réseaux qui soutiennent discrètement Bob Maron, grand ami par ailleurs d’Evan Zimmermann, l’homme qui a très intelligemment piloté en sous-main toute l’affaire Antiquorum, organisé l’éviction de son ex-« grand ami » Osvaldo Patrizzi et pris le contrôle d'Antiquorum…

Ce quatrième changement d’actionnaire de référence accentue la reprise en main d’Antiquorum Genève par des intérêts marchands américains et par des spécialistes des franges non officielles du marché horloger. Ethiquement, il n’est jamais très sain que le marteau soit tenu par un négociant, qui certifie ainsi lui-même la cote et l’authenticité de sa marchandise.

On s’éloigne radicalement de la culture de collection qui avait assuré la réputation et la montée en puissance d’Antiquorum pour se rapprocher d’une nouvelle forme de « second marché » pour montres de deuxième main.

C’est une option commerciale d’autant plus légitime que l’explosion plus ou moins programmée de la « bulle horlogère » laisse prévoir l’arrivée sur le marché de milliers de montres de luxe précédemment surstockées et prochainement déstockées à prix écrasés. Pour des amateurs un peu naïfs (ils le sont tous), la réputation d’une « marque » comme Antiquorum sera sans doute un gage de confiance dans cette inévitable braderie planétaire.

Après l'auction marketing, voici le temps de l'auction discounting !

Après l’auction marketing imaginé par Osvaldo Patrizzi du temps de la splendeur d’Antiquorum, nous aurons l’auction discounting des beach boys californiens…

Techniquement, ce nouveau changement d’actionnaires ne change rien à la situation financière alarmante d’une maison d’enchères genevoise dont les créanciers (imprimeur, routeur, bailleurs divers) ont cessé de patienter pour passer à l’offensive judiciaire. L’annulation de la vente de septembre a repoussé à octobre (New York) et à novembre (Genève) les prochains espoirs de rentrées financières. On vérifiera à l’occasion de ces dispersions (qualifiées de « solderies » par les concurrents et par les marques qui en sont victimes) si l’option « montres d’occasion » issues du marché gris l’emporte sur l’option « montres de collection ».

Ici, en guise de conclusion provisoire, une réflexion et une question.

• Une réflexion sous forme de pensée compatissante pour les employés d’Antiquorum, pris en otages par leur direction et premières victimes d’une partie de Monopoly engagée par des actionnaires dont les visées stratégiques dépassent largement ces considérations quotidiennes.

• Et une question sans doute très naïve et restée sans réponse à ce jour : si je me souviens bien, lors des premiers épisodes de cette affaire Antiquorum, un juge zurichois avait bloqué, à titre préventif, mais par une décision qui fait normalement autorité, tout changement du capital chez Antiquorum. Un an plus tard, trois changements d’actionnaires ont été enregistrés en toute impunité et en dépit de cette décision de justice. Qui vérifie que les juges sont respectés ? Quand les gendarmes ne font plus peur aux voleurs, on sort de l’Etat de droit – ce qui est pour le moins surprenant en terre genevoise…

••••• Bob Maron n’y est pour rien, mais son patronyme n’est pas forcément rassurant pour un public francophone. « Marron » est un adjectif issu de l’argot pour traduire une idée de malhonnêteté (« avocat marron »), de clandestinité (« esclave marron ») et de duperie (« taxi marron »).
Citation littéraire, purement linguistique et bien entendu sans rapport avec ce qui précède : « Sûrement qu’il était marron avec des gangsters semblables ! ». C'est de Louis-Ferdinand Céline, dans Mort à crédit.
Le nouveau propriétaire devrait
confirmer l'orientation d'Antiquorum
vers un nouvel « auction discounting »...


 



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