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Les lentilles de contact Sparkle viennent de gagner la seconde place au concours Crystal Vision parrainé par Swarovski.
Le bling est maintenant au fond des yeux.
Nouvelle extension du territoire pour le luxe ou stupidité biomédicale ?
Le phénomène « bling » (relevé chez les rappeurs par Business Montres près de trois ans avant que la presse ne s’en empare) s’essouffle d’autant plus qu’il gagne des terrains inattendus.
Dans l’esprit du body art qui vise à transformer en « œuvre d'art » ou en « support d’expression esthétique» telle ou telle transformation du corps humain (piercing, tatouage, etc.), nous en sommes maintenant aux lentilles incrustées de diamants. Enfin, pour l’instant, au sertissage de cristaux Swarovski.
On n’arrête pas le progrès !
Evidemment, les opticiens crient, au mieux, à la supercherie (on en reste encore à la démonstration PhotoShop), au pire, à la cécité programmée.
Ou bien les cristaux ont une épaisseur suffisante pour être visibles et lancer des éclats, et ces lentilles sont importables sous peine de lacérer la cornée et de rendre le porteur aveugle en quelques heures : c’est l’histoire du grain de sable sous la paupière.
Ou bien les cristaux sont noyés dans l’épaisseur de la lentille, et ils ont une minceur qui les rend invisibles et sans éclats.
Ce qui est intéressant, c’est la démarche, sur le fond pas très différente des diamants sertis dans les dents des rappeurs américains.
Sauf qu’on est ici dans l’amovible (peur de s’engager ?) et dans le simulacre de faux « diamants » supposés donner de l’éclat à une expression visuelle qui en serait dépourvue : ces lentilles Sparkle ne sont finalement que des « béquilles » pour regards insignifiants et des prothèses pseudo-chics pour handicapés du cristallin.
Ridicule ?
Oui, dans la mesure où le ridicule ne rendrait pas aveugle...
Non, dans la mesure où cette frénésie de loger des diamants partout (on a même vu des cuvettes de WC serties de cristaux Swarovski) révèle une pathétique maladie de civilisation : l’obsession d’accrocher la lumière chez ceux qui n’ont pas vraiment l’électricité dans tous les neurones…
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