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« Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger » vient de sortir de presse et sera présenté publiquement au Musée international de l’horlogerie à La Chaux-de-Fonds. Cet ouvrage de quelque 400 pages et illustré de près de 600 images, édité en français et en anglais, a été réalisé avec la collaboration de l’Université de Neuchâtel et de l’Etat de Neuchâtel par l’Office de la protection des monuments et des sites. Avec une préface de M. Jacques Hainard, un collectif de neuf auteurs universitaires, et le soutien des musées neuchâtelois pour la recherche iconographique, en particulier le Musée international de l’horlogerie (MIH), cet ouvrage deviendra ainsi la première référence de l’histoire horlogère neuchâteloise en ce début du 21e siècle. Son financement est le fruit d’un partenariat public-privé. « Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger » sera disponible en librairie.
Depuis trois siècles, économie, société, urbanisme, culture, imaginaire n’ont pas cessé d’être façonnés par la présence dans le Pays de Neuchâtel d’une myriade d’activités reliées par un objectif commun: l’horlogerie. Aujourd’hui, la quête des origines, l’importance de la pérennité, l’attention aux faits historiques marquants concourent à asseoir le futur de l'horlogerie, par la renaissance des marques ou leur rachat, la célébration des anniversaires, la restauration de bâtiments de production ou la candidature des Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle à la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La vigueur de cette quête de l'histoire accrédite l’idée d’un mariage d’amour entre la tradition et la modernité, l’innovation et le savoir-faire, la technique et le tour de main, l’intelligence et le coup d’œil.
Mettre en valeur le patrimoine horloger du Pays de Neuchâtel
La motion "Mise en valeur du patrimoine horloger du Pays de Neuchâtel", déposée le 24 juin 2005 par M. Giovanni Spoletini et Mme Viviane Houlmann, réclamait une meilleure reconnaissance et mise en valeur du patrimoine horloger du canton de Neuchâtel et du potentiel touristique de ce dernier.
Plusieurs réponses concrètes lui ont déjà été données: groupe de travail chargé d'analyser la situation du patrimoine horloger neuchâtelois; inventaire, sous la direction du Musée international d’horlogerie (MIH), de ce patrimoine conservé par des musées, des services publics et des particuliers; soutien financier et scientifique de l'Etat de Neuchâtel à la candidature des Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle à la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco et, aujourd'hui, parution, aux Editions de La Chatière, d'un ouvrage de référence sur le patrimoine horloger du canton.
Un partenariat public-privé
Sans passé, pas de montres! Mais de quel passé s’agit-il ? Où le voir ? Où le toucher ? Où le sentir ? Où le saisir ? En préparant « Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger », une quinzaine d'auteurs ont voulu répondre à ces préoccupations et présenter le fruit des dernières recherches menées sur l'histoire de la production horlogère neuchâteloises, faisant le point sur les origines de cette production, ses succès et ses crises, ainsi que ses retombées urbanistiques et architecturales dans les villes et villages qui l'ont vu naître ou ont accompagné son extraordinaire essor du 18e au 20e siècle.
Richement illustré de pièces et documents remarquables et édité en versions française et anglaise, cet ouvrage paraît apte à participer au rayonnement de la tradition horlogère neuchâteloise en Suisse aussi bien qu'à l'étranger.
Il est le fruit d'un partenariat public-privé entre les Editions de La Chatière, à Chézard, l'Etat de Neuchâtel, l'Université de Neuchâtel, les Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, une dizaine d'entreprises horlogères, la Loterie romande, la Fondation Elysium et nombre de musées, bibliothèques et archives du canton.
Quelques renseignements sur l'ouvrage
• Ouvrage de 392 pages, format 24 x 30 cm, plus de 580 images, imprimé en quadrichromie, relié au fil textile et sous couverture cartonnée en couleurs.
• Préface de Jacques Hainard, directeur du Musée d'ethnographie de Genève.
• Auteurs: Cécile Aguillaume, Virginie Babey, Philippe Blanchard, Nicole Bosshart, Francesco Garufo, Caroline Junier, Claude-Alain Künzi, Sandra Lena, Nadja Maillard, Alain Maurissen, Hélène Pasquier, Thomas Perret, Claire Piguet et Laurence Vaucher, sous la direction scientifique de Laurent Tissot, professeur à l'Institut d'histoire de l'Université de Neuchâtel, et Jacques Bujard, conservateur cantonal des monuments et des sites.
• Recherches iconographiques: Nicole Bosshart, Musée international de l'horlogerie, et Bernard Muller, Marlyse Schmid, Editions de la Chatière, avec la collaboration des musées, bibliothèques et archives du canton.
• Mise en pages et couverture : Marlyse Schmid, Editions de La Chatière.
• Prix de lancement jusqu’au 31.12.08: 150 francs ; dès le 1.1.09: 190 francs.
Neuchâtel et son patrimoine horloger
Préface de Jacques Hainard
La perception et la représentation du temps présentent dans notre pays des caractéristiques archétypales uniques au monde : on y postule la quête de stabilité, la recherche des équilibres, on y croit à la linéarité, à la régularité, à la prévoyance, comme à la neutralité. Tout le corps social a intériorisé ce souci du temps, d’où la précision et l’organisation qui en découlent, l’excellence des performances économiques et industrielles, la tradition horlogère qui singularise notre nation, ethnologiquement parlant, au sein des nations européennes.
L’industrie mécanique, la banque, l’assurance ont prospéré sur cette vision du temps, aujourd’hui mise à mal par le changement de rythme de l’ordre du monde, par l’accélération de l’histoire. La tradition horlogère suisse, qui a consacré tant de temps à capter le temps chronométrique, qui a inventé les montres à complication, fait face, aujourd’hui, à l’imprévisible.
Elle doit s’adapter, vite!
S’il existe ainsi à coup sûr un « temps helvétique », la majorité de nos contemporains n’en sont pas conscients. Pas plus qu’ils ne connaissent, pour la plupart, l’extraordinaire richesse de l’aventure horlogère qui a focalisé, à plusieurs reprises et sous différents aspects, l’attention du monde. Retracer cette histoire en la confortant aux contingences présentes est donc un projet utile, nécessaire et enthousiasmant.
L’industrie des montres portatives a pris corps au XVIe siècle loin de nos contrées. À cette époque, les artisans de la montagne étaient agriculteurs pendant l’été et consacraient l’hiver aux travaux du fer, du bois ou de la dentelle. Aux XVIe et XVIIe siècles se produisit un phénomène essentiel dans le mouvement d’industrialisation : le « Refuge » des protestants de France et d’Italie qui affluèrent par vagues successives à Genève et en Suisse. Il y avait parmi eux des financiers avec leur capital, des négociants avec leurs réseaux commerciaux, et des artisans avec leur savoir-faire et leurs techniques de production. Pour survivre et se faire accepter, les réfugiés mirent aussitôt à profit leurs compétences particulières. C’est ainsi que Genève, la première, connut un premier essor industriel. Les horloges mécaniques dataient du XIVe siècle. Elles avaient orné jusque-là les clochers des églises, puis les maisons. Deux groupes d’artisans furent à l’origine de la production de montres : les serruriers, qui savaient réparer les horloges, et les orfèvres, qui travaillaient les métaux précieux et ne recevaient plus, dans la ville de Calvin, de commandes pour les églises. Les premiers furent des Français et quelques Flamands et Anglais. En 1601 ils étaient organisés en corporation. Ils allaient former la Fabrique, cette institution de fait au sein de laquelle naquit Jean-Jacques Rousseau (1712).
L’horlogerie apparut dans la Principauté de Neuchâtel dans les dernières décennies du XVIIe siècle. L’installation des horlogers à La Chaux-de-Fonds et au Locle fut lente. Elle ne put d’emblée concurrencer Genève, mais la main d’œuvre était de bonne qualité, bon marché et, de surcroît, pas organisée, ce qui permit aux entrepreneurs de pousser à son plus haut niveau la division rationnelle du travail développée à Genève. Avec une qualité de produit légèrement moins élevée que celle du luxe genevois, mais avec des prix de revient plus bas, l’horlogerie neuchâteloise réussit, au XIXe siècle, à imposer sur le marché international une montre solide et précise, plus populaire, qui finit par éclipser la montre lémanique. La production s’étendit au Jura vaudois, plus tard au Jura bernois, à Soleure, au Jura bâlois. À chaque récession, les inquiétudes firent naître de nouveaux projets, comme, vers 1890, la montre Roskopf, simplifiée et d’un prix abordable ou, dans les années 1980, la Swatch.
Marx et Engels prirent les manufactures horlogères comme modèles de leurs réflexions les plus avancées sur le développement du capitalisme, tandis que Kropotkine et Bakounine trouvèrent, dans l’aspiration à la liberté des travailleurs horlogers du Jura, des sources pour l’invention de l’anarchisme. Par l’importance de la population occupée à produire ou à assembler des pièces de montre, en atelier ou à domicile, par l’efficacité des manufactures, par l’importance économique du secteur horloger, dont la quasi-totalité de la production s’exporte à l’étranger, par l’étonnant niveau de technologie qu’on rencontre dans les bourgades ou dans les villages restés relativement petits et ruraux, la civilisation horlogère des montagnes jurassiennes n’a pas fini d’étonner. Dans le temps présent, soumis à tous les doutes, une relecture de cette histoire s’impose !
Elle devra viser à l’exhaustivité, en relisant dans le détail les conceptions des horlogers du Pays de Neuchâtel, sans négliger d’examiner les outils, les ateliers, l’architecture des lieux de fabrication de nos montres.
Mieux encore, il faudra ouvrir le débat sur le rôle de l’horlogerie dans la société où la montre est devenue un signe de reconnaissance sociale. Un regard particulier permettra de suivre les stratégies de notre horlogerie face à la mode, la voiture, le sport, la recherche scientifique et la culture, sans oublier les vedettes, les stars qui prêtent leurs noms aux marques prestigieuses en permettant le développement d’une nouvelle croyance par le grand public sans pour autant omettre les initiés.
Cet ouvrage deviendra ainsi la première référence de l’histoire horlogère neuchâteloise en ce début du XXIe siècle.
Jacques Hainard
Directeur du Musée d’ethnographie de Genève
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