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Watchland, l’outsider genevois qui agace les salons horlogers
 
Le 03-04-2007

Poussée hors du SIHH en 1997, la manufacture s’expose chaque année au grand public sur ses propres terres, à Genthod. Son succès fait aujourd’hui boule de neige.

Un symbole de réussite. Voilà ce que représente aujourd’hui à Genève le groupe Franck Mul­ler. Il faut dire que l’entreprise a de quoi surprendre: la manu­facture s’affiche comme l’un des plus gros employeurs du canton et ne cesse de se développer en rachetant des marques et en agrandissant Watchland. Une prospérité qui a le don d’irriter bon nombre de concurrents. Sans parler des salons horlo­gers. Poussée hors du SIHH, l’entreprise a pris le parti en 1998 de s’exposer – au grand public – chaque année sur ses propres terres de Genthod. Ré­sultat: un succès immédiat qui fait aujourd’hui boule-de-neige parmi les horlogers indépen­dants.

Et pourtant. A l’époque, rien n’aurait pu laisser penser que la petite manufacture gene­voise aurait pu faire de l’ombre aux grands salons horlogers. «A Genève, le SIHH commen­çait à prendre de l’importance face à la Foire de Bâle mais la profession voyait alors ce salon comme une exhibition des marques appartenant au groupe Richemont», souligne Didier Decker, directeur opéra­tionnel du groupe Franck Mul­ler. Très vite, le numéro deux mondial du luxe décide d’ouvrir son espace d’exposi­tion à d’autres manufactures. «Le concept haut de gamme de ce salon correspondait parfai­tement à notre image», note le directeur.

La participation de Franck Muller au SIHH suscite un en­thousiasme qui bientôt fait de l’ombre à la concurrence. Di­dier Decker se souvient: «De­puis 1992, nous y avons fait d’excellentes affaires. Mais bientôt, les marques filiales de Richemont ont pris de plus en plus de place, à notre détri­ment. Ceci a posé un conflit d’intérêts clair avec les respon­sables du groupe. A la fin 1997, nous nous sommes fait littérale­ment éjecter du SIHH, à six mois des foires horlogères.»

Moins cher

Alter ego du maître horloger Franck Muller, Vartan Sirmakes trouve alors une solution dans l’urgence: faire son propre sa­lon et l’installer sur son site. Une idée révolutionnaire, qui déchaîne les critiques les plus acerbes. «Certains ont dit qu’on était mort», lance le directeur opérationnel qui ne peut s’em­pêcher d’esquisser un sourire. Et pour cause: poussant les meubles, engageant un petit or­chestre, les collaborateurs de Franck Muller dressent des ten­tes dans les jardins de Wat­chland et prennent l’initiative d’ouvrir leur exhibition bapti­sée WPHH ( ndlr. Word Presen­tation of Haute Horlogerie) pen­dant quelques jours au grand public. Des milliers de person­nes répondent à l’invitation: l’engouement est instantané.

Et les coûts organisationnels bien moins importants. Au to­tal, la manufacture genevoise investit entre 1,2 et 1,5 million de francs dans ses sept jours de manifestation. Soit autant qu’un stand à Baselworld ou au SIHH. «Mais pour ce prix, nous avons 5 à 6 fois plus d’espace, un environnement haut de gamme et offrons surtout à no­tre clientèle la possibilité de venir au sein de notre site de production. C’est plus authenti­que et très apprécié», ponctue Didier Decker.

Brèche ouverte

Autant dire que le groupe Franck Muller ne regrette pas son choix. Aujourd’hui, dix ans après sa première édition, le concept du WPHH a d’ailleurs fait de nombreuses émules. A commencer par François-Paul Journe, qui organise également sa propre exhibition dans sa manufacture, en passant par les marques Urwerk, Bovet ou en­core Michel Jordi. Des salons privés qui se déroulent tous la semaine du 16 avril, soit en même temps que le SIHH. Nor­mal: tous les acteurs de l’indus­trie horlogère sont présents. «Nous sommes très fiers d’avoir ouvert la voie. On a montré que les sociétés horlogères indépen­dantes pouvaient se passer de ces grosses structures, auxquel­les elles ne sont pas forcément adaptées», note encore le res­ponsable.

Pour son édition 2007, le WPHH attend donc plus de 5000 visiteurs et 450 journalis­tes spécialisés. Au total, les sept marques du groupe - Franck Muller, Pierre Kunz, ECW, Bar­thelay, Rodolphe, Martin Braun et Backes & Strauss London, la dernière acquisition en date ­exposeront leur histoire et leurs nouveautés dans ce village de tentes de plus de 4200 m2. Au programme: des garde-temps à très haute complication - tels que le modèle Aeternitas Mega auquel Franck Muller Wat­chland a ajouté cette année la Grande et Petite Sonnerie Répé­tition Minutes Carillon West­minster, ainsi que plusieurs montres confectionnées avec des matériaux d’avant-garde.

Les affaires se mêlent àla fête

Si les foires horlogères servent à faire des affaires - 60 à 80% des commandes du groupe Franck Muller sont passées lors du WPHH - , les marques n’en savent pas moins faire la fête! Réputé pour le faste de sa soirée de gala, le groupe gene­vois se fait un point d’honneur à inviter un artiste renommé à chaque édition de son salon.
«Une façon de remercier les personnes avec qui nous tra­vaillons toute l’année», expli­que Didier Decker. Après avoir commencé modestement il y a dix ans avec le groupe Boney M, Franck Muller a successive­ment invité Charles Aznavour, Paul Anka, Jerry Lee Lewis ou encore le grand Ray Charles à venir chanter lors de sa soirée réservée à plus d’un millier de privilégiés.
Et pour ses dix ans, le groupe frappe encore un grand coup en faisant venir le chan­teur américain Tom Jones. «Un vieux rêve», note le directeur opérationnel du groupe. Qui souligne que le groupe Franck Muller n’a jamais rémunéré une star pour qu’elle se mêle à la foule. Didier Decker est formel: «Beaucoup de marques le font, mais ce n’est pas notre philosophie. Nous engageons le chanteur qui fait un concert lors de notre soirée, c’est tout.
Nous sommes là pour faire la fête. Pas pour le show off. »

Pour ses dix ans, Franck Muller Watchland a invité la star Tom Jones à venir chanter lors de sa soirée de gala. (DR)

WPHH, du 15 au 22 avril sur le site Watchland, à Genthod. Ouverture au public du 20 au 22 avril, de 9 heures à 18 heu­res.

Tribune de Genève

 



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