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Ils veulent tous... des montres de héros!
 
Le 02-10-2008

popularisés par des personnalités mythiques, de Lawrence d'Arabie au commandant Cousteau, de Neil Armstrong à James Bond, s'arrachent.

Impossible de ne pas ressentir un frisson lorsque l'on passe au poignet une Omega Speedmaster contemporaine de celle que Neil Armstrong porta sur la Lune en 1969, une Blancpain Fifty Fathoms similaire à celle du commandant Cousteau et son équipe dans Le Monde du silence, ou une Rolex Submariner identique à celle de Sean Connery dans James Bond contre Dr No, marquée par la fameuse scène torride sur une plage avec Ursula Andress en bikini rikiki. Jamais les montres-bracelets de collection ne se sont aussi bien portées, dans tous les sens du terme ! Et ce sont les modèles arborés à l'époque par des héros aventuriers, explorateurs, pilotes d'engins en tous genres, plongeurs des grands fonds, acteurs mythiques, commandos et militaires d'élite qui bénéficient du plus grand engouement. « Ne serait-ce que parce que ces garde-temps, capables de résister à toutes sortes d'intempéries et de conditions extrêmes, d'une exactitude remarquable, intégraient le summum de la technicité du moment », rappelle Olivier Fort, qui organise avec Lionel Deschamps le Salon Men's World (montres, stylos, couteaux et briquets de collection) au palais Brongniart, le 23 novembre prochain.

Il est vrai que les conditions extrêmes sont au ceur même de la popularisation de la montre-bracelet. Les soldats des tranchées de 14-18 avaient en effet remarqué que ceux qui prenaient le temps d'ouvrir leur manteau pour chercher leur oignon avaient une fâcheuse tendance à se faire canarder par l'ennemi. Exit donc les goussets, voici les montres-bracelets, bientôt irremplaçables dans un monde moderne caractérisé par le culte de la rapidité.

Mais les fabricants n'avaient pas attendu les affres de la Grande Guerre pour promouvoir leur marque lors d'événements exceptionnels. Vacheron &Constantin a ainsi conçu une montre-bracelet pour les frères Wright à l'occasion du premier vol de l'aviation (59 secondes) de l'histoire, le 17 décembre 1903. Deux ans plus tard, Cartier crée une montre-bracelet pour un autre illuminé des airs, un certain Alberto Santos-Dumont, qui effectue son premier vol public près de Paris en 1906 durant 21 secondes héroïques. Depuis, la fameuse Santos est restée un des modèles mythiques de Cartier, qui la commercialise toujours aujourd'hui.

Aucune marque, pourtant, n'évoque mieux le monde aéronautique que Breitling avec son chronographe Chronomat en 1941, puis sa Navitimer en 1952, qui intègrent une règle à calcul permettant au pilote de calculer sa vitesse moyenne ou ses taux de montée et de descente. La Old Navitimer (référence 806) se trouve encore à des prix raisonnables, de l'ordre de 2 000 à 3 000 euro pour les versions des années 50 et 60, tandis que d'innombrables rééditions jalonnent l'histoire de la firme jusqu'à nos jours.

Bien sûr, les militaires ont profité de ces avancées spectaculaires quand ils n'étaient pas les initiateurs des progrès. Du coup, les chronographes de pilotes militaires « Retour en vol » (le système de retour rapide du chrono évite une manipulation et permet à une patrouille une parfaite concordance d'évolutions dans les airs) figurent parmi les montres les plus prisées par les collectionneurs. Le chronographe type 20 (du nom du cahier des charges de la commande militaire faite dans les années 50) est ainsi le fleuron d'une collection qui intègre quelques marques ayant euvré pour l'armée de l'air française : Dodane, Airain, Vixa, Auricoste, ainsi que... Breguet.


Des chronos militaires très recherchés
Ces chronographes robustes, d'une sobriété et d'une précision exemplaires, se négocient entre 2 500 et 3 500 euro pour les marques ordinaires, tandis qu'un Breguet 2 compteurs type 20 des années 50 flirte, lui, allègrement avec les 20 000 euro. Breguet comme Dodane continuent de commercialiser des rééditions.

Les marques de montres ont aussi misé sur les explorateurs, scientifiques et spationautes. Et notamment le plus célèbre d'entre eux, Neil Armstrong, qui en 1969 foulait le sol lunaire avec au poignet le fameux chronographe Omega Speedmaster choisi par la Nasa. En cinquante ans, le modèle n'a quasiment pas changé esthétiquement (sauf pour des déclinaisons spécifiques) et représente, encore aujourd'hui, un quart des montres vendues par Omega dans le monde. Aucune surprise, donc, lorsque les collectionneurs se disputent les modèles les plus anciens pour des montants variant entre 4 000 et 80 000 euro pour la plus ancienne, aux aiguilles flèche et lunette en acier.

Autre exploration exigeant une très haute technicité de la résistance, celle des fonds marins : le nom du commandant Cousteau, qui utilisa plusieurs modèles sous-marins dont la Lip Nautic-Ski , est attaché à la Fifty Fathoms de Blancpain (de 8 000 à 15 000 euro), conçue à l'origine pour les nageurs de combat français. Dans ce domaine des « plongeuses », Rolex frappa aussi très fort en s'associant avec la Comex à la fin des années 60, un partenariat qui donna lieu à la naissance d'un modèle d'anthologie : la Sea-Dweller et sa soupape à hélium pour la décompression. Sa cote peut atteindre des sommets, de l'ordre de 100 000 euro. Autre montre mythique du grand bleu, celle de Jaeger-LeCoultre, dite Polaris (de 15 000 à 25 000 euro) : née dans les années 60, elle intègre une petite sonnerie, de type réveil Memovox, affaire peut-être de rappeler aux plongeurs distraits qu'ils vont tomber en panne d'oxygène...

D'autres marques, comme Eterna, ont préféré devenir partenaires d'expéditions scientifiques. En 1947, l'anthropologue norvégien Thor Heyerdahl quitte le port péruvien de Callao à bord d'un radeau en balsa baptisé Kon-Tiki, afin de prouver au monde que les premiers Polynésiens pouvaient descendre des Indiens d'Amérique du Sud. Durant cette traversée qui dura trois mois, l'ensemble des membres de cet équipage héroïque porte au poignet une montre Eterna. La KonTiki, qui a plus tard équipé les commandos de l'armée israélienne, est un modèle prisé par les collectionneurs, encore peu onéreux (entre 350 et 1 000 euro), que la marque réédite toujours.

La haute montagne, avec ses héros des cimes, passionne aussi les grandes marques. Rolex s'est ainsi distingué en apportant des produits spécifiques à sir Edmund Hillary qui, avec Tenzing Norgay, fut le premier homme à gravir l'Everest, le 29 mai 1953. Le modèle mythique de Rolex, l'Explorer, en est issu, et les collectionneurs se disputent les versions les plus anciennes, si possible des années 50 (10 000 à 15 000 euro).

Enfin, pour les ingénieurs de l'extrême, ces héros anonymes du monde moderne soumis notamment aux champs magnétiques, la marque prestigieuse IWC crée, dans les années 50 la IWC Ingenieur, que l'on trouve encore entre 5 000 et 8 000 euro (nettement sous-cotée). Elle résiste aux forts champs magnétiques dans les industries électriques et nucléaires notamment et s'impose comme un produit mythique de collection.

Les sportifs n'ont évidemment pas été oubliés. D'autant plus que l'emblématique Oyster (« huître ») à couronne vissée de Rolex, l'une des premières montres étanches du monde, doit son succès à l'un des plus grands coups de pub de ce début du siècle : elle figure au poignet de Mercedes Gleitze lorsqu'elle traverse, en 1927, la Manche à la nage en quinze heures. L'Oyster figure encore aujourd'hui au ceur du catalogue de Rolex après d'innombrables déclinaisons, mais les collectionneurs traquent les modèles les plus anciens, encore peu onéreux (aux environs de 1 500 euro, une bonne affaire).


Un nombre croissant de passionnés
Certains se spécialisent ainsi sur les montres de plongée de très haute qualité, et notamment les modèles qui ont fleuri dans les années 50 et 60 : Girard-Perregaux 100 Fathoms (très peu connue mais très recherchée par les connaisseurs), Omega Seamaster 300 mètres, Omega 600, dite aussi ProPlof (la première génération peut monter jusqu'à 30 000 euro), la Lip Nautic-Ski (300 euro) et autres Rolex Submariner. La plupart de ces modèles ont été déclinés pour les différentes armées occidentales et leur version militaire (caractérisée par différents marquages) est encore plus recherchée.

Si chaque marque tente bien sûr de s'imposer aux Jeux olympiques, vitrine exceptionnelle où technicité se conjugue avec exploit sportif, les chronographes d'anthologie sont plutôt nés du sport automobile. En tête de toutes les collections, la Rolex Cosmograph Daytona née en 1963 en hommage au circuit éponyme dont Paul Newman, casse-cou et fanatique de circuits, raffolait et qu'il arbore dans le film Winning. Il faut compter une fourchette de 25 000 à 140 000 euro pour avoir la joie de porter au poignet le garde-temps identique à celui du héros de Butch Cassidy et le Kid. « Le cadran seul peut atteindre jusqu'à 80 000 euro, précise l'expert Romain Réa. C'est le prix d'un tableau de maître ! » L'emballement est aussi fort, mais moins délirant, pour la Tag Heuer Monaco que portait Steve McQueen dans le film Le Mans. Heuer a d'ailleurs poursuivi sa saga automobile avec des modèles anciens comme la Heuer Carrera-Autavia, ainsi que plusieurs modèles Jackie Ickx. Le ski n'est pas en reste : Jean-Claude Killy, collectionneur patenté de montres, a donné son nom à l'un des modèles de la marque Rolex dont il raffolait, la Chronographe or référence 6036. Coût de la bête : entre 50 000 et 150 000 euro.

Reste le cas James Bond. Ce super-héros a créé un tel engouement que la Rolex Submariner est devenue un véritable mythe horloger. Il est vrai que dans chaque film des années 60, la montre du plus célèbre espion de Sa Majesté miroite de tous ses feux au point que certaines versions de la montre Submariner sont dites « James Bond », l'une d'entre elles atteignant un record récent de... 150 000 euro ! Autre héros un peu à part, outre Lawrence d'Arabie, le président John F. Kennedy, connu pour son goût des montres Omega et Cartier. « Quand on achète une montre de collection, on n'achète pas simplement le seul bijou qu'un homme peut utiliser tous les jours. On s'offre un mythe et une technologie... et en général un excellent placement, conclut Olivier Fort. Comme la palette des prix est très large, de 300 euro à plus de 1 million d'euro, le marché est ouvert, très démocratique. »


Le Figaro

 



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